Un parti pris qui s’impose

Une fois connus le passif et l’origine supposée de certains « dysfonctionnements », ces élèves ne laissent pas d’interroger. On se demande notamment si un changement de méthode ou des entraînements supplémentaires peuvent suffire. La question se pose de savoir s’ils constituent réellement une alternative pédagogique. Reste qu’une évidence s’affirme. Il convient de prendre en compte les déficiences qui font souvent obstacles à l’acquisition de notions. Par ailleurs, si l’objectif 10 et les ambitions sont clairement définis pour les CL.I.S., rien n’est jamais précisé sur les contenus d’enseignement.

Faut-il avoir comme beaucoup le pensent, une conception béhavioriste de l’enseignement, fondée sur la répétition, l’accumulation de tâches ? Doit-on décomposer, comme certains l’imaginent, un apprentissage complexe en une multitude d’unités simples ? Sort-on, comme d’aucuns le clament, de la spirale de l’échec en utilisant des batteries d’exercices identiques ? Peut-on attendre, comme quelques uns l’affirment, des résultats satisfaisants en baissant son niveau d’exigence et en tendant vers une simplification des contenus ? Ne conviendrait-il pas mieux, comme d’autres l’envisagent de mettre en place un enseignement concret, en prise directe avec la vie quotidienne ?

Que l’on ne se méprenne pas sur l’intention. Cette cascade de questions ne prétend pas rendre compte de l’ensemble des préoccupations qui traversent le quotidien des enseignants spécialisés. En revanche, elle permet de mieux comprendre le besoin d’un éclairage sur les difficultés rencontrées. L’ambition est ici de tenter de résoudre des problèmes concrets et de transformer ce qui existe. Nous souhaitons, d’une part, contribuer à faire évoluer positivement la culture de l’École quant au handicap. Nous voulons, d’autre part, transformer les procédures d’enseignement trop souvent réservées aux enfants scolarisés en CL.I.S.1. Le pari est de passer par les sciences pour changer les images dans l’institution scolaire et les actions dans les classes. On ne dira jamais combien il est inacceptable de priver ce public de ce savoir dominant. Ces élèves manifestent comme les autres une curiosité qui demande aussi à être accompagnée. Pour y parvenir, nous nous inscrivons dans une dynamique de changement qui met en œuvre une méthodologie spécifique et se caractérise essentiellement par l’intervention.

Notes
10.

La circulaire n° 91-304 du 18 novembre 1991, dans son paragraphe 2.2 est très claire sur ce plan :

“ L’action pédagogique entreprise dans les CL.I.S. a pour objectif, comme pour tous les élèves accueillis à l’école, le développement optimal des capacités cognitives, de la sensibilité, du sens de la coopération, de la solidarité et du civisme. Comme pour tous les autres élèves, mais dans des conditions particulières créées par le handicap, cette action favorise la prise de conscience par l’enfant de ses possibilités réelles, en créant les conditions qui lui permettent de révéler et d’affirmer ses capacités dans les domaines des savoirs et des savoir-faire. Ces objectifs sont fixés par référence aux orientations pour les écoles maternelles et aux programmes et instructions pour les écoles élémentaires, ainsi qu’aux compétences à acquérir pour chacun des cycles institués par le décret n° 90-788 du 6 septembre 1990 ”.