Les troubles du comportement occupent une place particulièrement importante dans la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, à la fois parce qu’ils sont fréquents et « bruyants ». Ils préoccupent bon nombre de parents, d’éducateurs et d’agents sociaux, souvent davantage pour leurs répercussions sociales que pour leurs conséquences désastreuses dans le développement de l’enfant lui-même.
Comme nous l’avons mentionné plus amont, deux troubles sont le plus souvent utilisés pour classifier les problèmes de comportement chez les enfants et les adolescents. Sur le plan phénoménologique, le premier se rencontre à un degré moindre chez la plupart des enfants, alors que le second regroupe des comportements qui ne s’observent pas chez la majorité des adolescents. Les deux sont décrits séparément par le DSM-IV, alors que la CIM-10 présente une liste de symptômes qui recouvre l’ensemble des problèmes de comportements. Cette dernière propose des sous-types qui permettent de spécifier la nature des difficultés de l’enfant ou de l’adolescent.
Pour chaque classification, un diagnostic nécessite la présence d’au moins quatre comportements négativistes, hostiles ou provocateurs, pendant une période de six mois ou plus. Ils doivent être extrêmes compte tenu de l’âge et du développement de l’enfant et entraver son fonctionnement social et adaptatif. Deux composantes essentielles se recoupent : l’opposition et la provocation.
S’agissant de la première, le sujet fait preuve de résistance active aux exigences et aux limites inévitablement imposées par la vie de groupe. Il refuse le compromis, même raisonnable, comme l’acceptation de la responsabilité de ses actions. Quand il se voit contraint d’obéir ou limité dans ce qu’on l’autorise, les crises de colère sont fréquentes et souvent prolongées.
Pour la seconde, le jeune a une tendance marquée à vouloir tester les limites et contester les exigences imposées. Il semble prendre plaisir à provoquer, à ennuyer et à agacer les autres. Il accepte très mal d’être lui-même taquiné et manque de tolérance à la frustration.
Ces comportements ont des répercussions immédiates, entraînant des confrontations avec l’entourage. Ils peuvent aussi avoir des conséquences néfastes sur le long terme en évoluant vers des troubles des conduites. Ces derniers sont particulièrement graves, par leur ampleur, leur persistance, et les répercussions multiples engendrées. Bagarres, menaces et intimidations sont fréquentes au sein de la famille, à l’école ou dans le voisinage. S’ajoutent souvent la cruauté envers les animaux, la destruction délibérée, le port et l’utilisation d’armes diverses, le vol et la fraude. La famille et l’école n’ont que peu d’emprise sur de tels comportements.
Comme on l’observe dans l’ensemble de la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, les troubles du comportement sont rarement « purs ». Ils sont souvent associés et accompagnent typiquement d’autres difficultés 167 qui peuvent, soit les précéder et les aggraver, soit en être la conséquence.
Le DSM-IV rapporte que les taux de prévalence du trouble d’oppositionnel avec provocation varient de 2 à 16%, selon les échantillons étudiés et les méthodes d’évaluation utilisées. Cet écart s’explique, en partie du moins, si l’on considère que la nature sociale du trouble influence considérablement ses manifestations d’un contexte à l’autre. De plus, les critères diagnostiques ne sont pas toujours appliqués de la même manière dans chaque recherche et ont évolué au cours des deux dernières décennies. S’agissant du trouble des conduites, la fourchette annoncée à l’aide de la même classification est de l’ordre de 6 à 16% chez les garçons et de 2 à 9% chez les filles.
La plupart des chercheurs et cliniciens reconnaissent qu’il n’existe pas de facteur qui, à lui seul, puisse éclairer sur l’origine des troubles du comportement. La tâche est d’autant plus difficile que les différents modèles étiologiques disponibles intègrent mal leurs aspects multiples et n’expliquent pas certains éléments essentiels des données épidémiologiques 168 ou développementales 169 .
Des difficultés persistent pour cerner l’hétérogénéité des troubles du comportement tels qu’ils sont définis aujourd’hui.
Tout d’abord, leurs manifestations sont diverses et les études comparatives doivent s’assurer que les groupes en question sont relativement homogènes. Il serait certainement souhaitable de s’inscrire plus dans une perspective développementale caractérisant une évolution que dans des caractérisations diagnostiques.
Ensuite, on ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la pondération des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux dans le développement et l’évolution des troubles. On doit aussi expliquer les différentes contributions de ces trois éléments en fonction de leur nature mais aussi du moment où ils se manifestent dans la vie du sujet.
Enfin, comment mesurer les limites d’une approche psychopathologique de ces troubles et, plus généralement, de l’ensemble des comportements antisociaux ? Il y a un danger vers la « pathologisation » quand on cherche à différencier ce qui est normal de ce qui ne l’est pas à travers une approche diagnostique. On ne doit pas ignorer dans un travail d’intervention ou de prévention les circonstances sociales qui peuvent favoriser l’agressivité et la délinquance.
L’ADHD joue souvent un rôle primordial dans le déclenchement précoce du trouble des conduites. On trouve aussi une association avec les abus de drogues, les troubles de l’humeur, troubles anxieux, le rejet social, les difficultés scolaires.
Par exemple les taux de comorbidité très élevés et leurs conséquences pour l’évolution des troubles.
Le fait que les troubles du comportement graves qui persistent au-delà de l’adolescence apparaissent très rarement après 14 ans.