1.4.3 Les désordres associés au retard mental

Le retard mental est souvent lié à un nombre important d’affections médicales ou somatiques. On trouve régulièrement l’épilepsie et les troubles moteurs ou sensoriels. Elles dépendent avant tout du degré de sévérité et de l’étiologie et varient en fonction de l’âge. Elles peuvent se manifester à tous les niveaux. Dans le cas des troubles moteurs par exemple, l’échelle s’étend de la maladresse aux problèmes graves de spasticité et de locomotion.

Contrairement à la plupart des troubles psychopathologiques de l’enfance et de l’adolescence, le retard mental n’est pas spécifiquement adjoint à certaines caractéristiques comportementales ou affectives. Il s’accompagne cependant d’autres troubles ou symptômes 197 . En règle générale, les niveaux de comorbidité sont plus élevés dans les échantillons cliniques que dans les échantillons communautaires. Ils augmentent avec la sévérité du retard mental. Celui-ci est souvent escorté par des comportements perturbateurs bien que dans de nombreux cas, ils ne satisfont pas aux critères nécessaires au diagnostic d’un trouble associé. Il en va de même des symptômes comme l’immaturité et l’insensibilité sociale, la passivité ou l’agitation extrême. Dans le retard mental grave ou profond, ces comportements sont souvent aggravés par des stéréotypies et des automutilations qui peuvent réduire les possibilités d’apprentissage.

La majorité de ces enfants et adolescents manifeste aussi des difficultés de langage et de communication 198 . Les problèmes sont liées à leur déficit intellectuel et surgissent à tous les niveaux ; articulation et prononciation, syntaxe et grammaire, compréhension et utilisation du langage. Ils peuvent certainement expliquer pour partie les comportements perturbateurs. Ces derniers devenant les seuls outils utilisés pour communiquer. Le diagnostic des troubles associés ou comorbides est souvent rendu difficile par les limitations cognitives et langagières imposées par le retard mental. Ces jeunes sont parfois incapables d’exprimer leurs émotions obligeant ainsi à diagnostiquer un trouble sur la base du comportement non-verbal.

Depuis plus d’un siècle, la recherche a mis essentiellement l’accent sur le fonctionnement intellectuel de cette population. Si cette perspective cognitiviste présente des intérêts évidents, il reste à étudier de manière plus systématique le rôle joué par les variables personnelles dans les manifestations quotidiennes.

Après avoir rappelé les premiers regards portés sur l’autre différent, les ouvertures successives de l’école et la nature des perturbations reconnues, nous allons nous attacher à caractériser plus précisément la population retenue pour notre étude.

Notes
197.

On estime que les troubles associés sont 3 à 4 fois plus élevés parmi les personnes atteintes de retard mental que dans la population en général, et que les symptômes psychopathologiques sont probablement jusqu’à 10 fois plus élevés. En terme de proportion, cela signifie que de 10 à 50% des personnes atteintes de retard mental présentent une autre forme de psychopathologie, ce chiffre dépendant des méthodes utilisées pour définir et évaluer la comorbidité, et des échantillons étudiés.

198.

Leur profil psychométrique indique qu’ils réussissent mieux aux tâches non-verbales des tests d’intelligence qu’aux tâches verbales.