Bref n°1

La prise en compte sociale et éducative des enfants handicapés interpelle depuis longtemps notre société. Une succession d’éveilleurs s’est d’ailleurs échinée à transformer nos manières de penser et de vivre avec l’autre « différent ». Une mobilisation internationale promeut un langage commun à travers des outils régulièrement revisités. Dès 1909, un certain nombre de textes législatifs ont accompagné les efforts de l’école. Mais l’éducation s’y définit de façon restrictive, parce qu’appuyée sur une définition négative du public concerné. On tend vers une pédagogie des rudiments, aux buts limités. Quant au modèle d’évaluation de l’intelligence, il a involontairement favorisé un processus d’exclusion. Dit autrement, et ce en dépit du renouvellement des orientations, c’est une éducation « à part » qui s’est vue légitimée. Avec la loi de 1975, on note une volonté affirmée de changement des mentalités. C’est la possibilité pour des enfants et adolescents handicapés de bénéficier d’une scolarité en milieu ordinaire chaque fois que leur état de santé le permet. La loi d’orientation de 1989 relative à l’éducation rappelle que tout doit être fait pour favoriser cet accueil. Les principes et les modalités de la mise en œuvre de cette obligation éducative ont été précisés par les circulaires des 29 janvier 1982 et 1983. Celles de 1991 et 1995 ont permis de développer les actions d’intégration individuelle et collective dans le premier et le second degré. Le début du XXIème siècle voit naître en France les nouveaux concepts « d’inclusion » et d’enfants à « besoins éducatifs particuliers ». Les textes promus en 2002 par l’Éducation nationale sont les premiers reflets de cette nouvelle approche. Ils seront suivis par la Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Elle modifie l’architecture institutionnelle au plan national, régional et départemental. Elle associe plus étroitement parents et élèves au projet de formation dont fait l’objet le parcours de scolarisation. Ce cheminement, inscrit dans un processus historique devrait conduire à une reconnaissance progressive d’un droit à la dignité de chacun, dans le respect de sa singularité. L’intégration appelle d’autres regards pour devenir effective. Il convient de s’instruire sur ce qui participe à la mise en œuvre d’un apprentissage pertinent.

La diversité des recherches dans le domaine du retard mental en fait un champ d’activité en pleine évolution. Les intérêts divers des personnes concernées, de leurs familles et des professionnels se rencontrent et parfois s’affrontent. Malgré l’importance de ce domaine, l’orientation de nombreux travaux reste limitée aux aspects cognitifs. Des variables telles que l’estime de soi, la motivation et la compréhension des difficultés sont régulièrement oubliées. Leurs rôles dans les manifestations et l’évolution des troubles demeurent très mal connus. Le défi de la recherche est de considérer l’enfant atteint de retard mental comme une personne à part entière. Elle doit le regarder à travers le développement de ses capacités dans son environnement plutôt que de l’évaluer à l’aune de ses seules limitations intellectuelles et adaptatives. Au-delà des nombreuses études génétiques et développementales, des connaissances accumulées, il s’agit de prendre enfin en compte les dimensions sociales et morales posées par l’autre différent.

Au cours des deux dernières décennies, on note des progrès considérables réalisés par l’étude des troubles envahissants du développement. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’autisme. Les avancées s’observent autant dans la classification et la description détaillée de ces troubles que dans une meilleure connaissance de leur épidémiologie et de leurs trajectoires. Cependant de nombreuses questions restent encore sans réponses. On peut évoquer notamment celle concernant la meilleure façon de décrire et de classifier. L’accent n’est pas suffisamment mis sur ce que les enfants atteints sont capables de réaliser, même lorsqu’ils ne le font pas comme leur entourage.

Si l’on connaît mieux les troubles des apprentissages aujourd’hui qu’il y a encore quelques années, leur nature demeure un sujet de débats importants. Les problèmes se situent à la croisée des regards clinique, éducatif, social et culturel posés sur l’enfance et l’adolescence. Une partie des jeunes accusent des retards considérables dans l’acquisition de la lecture, de l’écriture ou du calcul. Les conséquences dépassent bien souvent le cadre scolaire. Cependant, il est fort probable que seule une minorité d’apprenants auxquels on donne aujourd’hui un diagnostic dans ce domaine souffre d’un trouble psychopathologique. Le champ de la recherche reste donc ouvert afin d’une part de mieux reconnaître et d’aider ceux qui ont des difficultés d’ordre clinique et d’autre part pour éviter d’étiqueter ceux dont les progrès sont insuffisants, sans pour autant qu’ils aient un trouble particulier.

L’ADHD est un des troubles psychopathologiques de l’enfance et de l’adolescence les plus étudiés aujourd’hui. Les données scientifiques dont on dispose montent clairement que, contrairement à ce que de nombreux parents et cliniciens ont longtemps pensé, ce trouble est bien plus qu’une phase désagréable et passagère du développement de l’enfant. Il entraîne des perturbations de la vie familiale et sociale et entrave les progrès scolaires souvent durant de longues années. Les études à venir devraient permettre le développement de modèles étiologiques qui reflètent la nature bio-psycho-sociale de l’ADHD et ainsi d’intégrer les causes multiples de ce trouble.

Les comportements perturbateurs des enfants et des adolescents qui s’opposent régulièrement à leur entourage, qui bafouent les normes sociales ou les droits d’autrui restent aujourd’hui une préoccupation majeure de l’école. Si les manifestations sont toujours alarmantes, elles sont synonymes de troubles psychopathologiques que dans une minorité de cas. Les comportements antisociaux sont aussi parfois des interpellations qui remettent en question la société. Ils supposent des explications qui dépassent largement le cadre psychologique.