2.2 Difficultés de la didactique des sciences

La modernité, à travers différentes crises, retours, et rebondissements interpelle de nombreux chercheurs. Elle aiguillonne particulièrement les pédagogues et les didacticiens quand ils considèrent l’enseignement des sciences. Il faut dire qu’ils se retrouvent devant une contradiction embarrassante. Alors que la société se scientifise de plus en plus, les individus intègrent toujours très peu de ce savoir. En dépit des efforts à éduquer mieux, cette connaissance passe mal. La situation mécontente d’autant plus qu’elle alimente la mauvaise réputation du système éducatif. L’opinion dénonce la faillite d’une institution, le désespérant retard d’un système. À ces critiques, le corps enseignant répond parfois par d’insupportables dédouanements.

Les attributions hâtives et la déresponsabilisation écartées, une autre lecture est possible. Cette résistance des esprits incite d’abord à identifier ce qui pose régulièrement problème lorsque un changement dans les pratiques semble indispensable. Elle invite ensuite à rechercher ce qui est susceptible de rendre plus opératoires les procédures. L’histoire s’avère ici instructive. On assiste à une surprenante logique de freinage du corps enseignant lors des tentatives successives de renouvellement. À l’heure où l’intérêt d’une initiation scientifique gagne en écoute dans l’école française, on ne peut négliger ces échos.

Nous commençons par interroger cinq expériences officiellement et successivement recommandées. Introduites dans le primaire, elles ont pour commune ambition de promouvoir un éveil intellectuel en accord avec un idéal rationnel et raisonnable. Mais, avant leur examen, il faut dire quelques mots du contexte qui les oriente, en préciser les origines ainsi que les dernières évolutions.