2.2.1. Une conjoncture peu favorable

L’éducation a, suivant les périodes, tenté de répondre à une double difficulté par différents moyens Il s’agit d’examiner ce qui relève à la fois de la différence et de la continuité entre l’adulte et l’enfant. B. Jolibert 210 rappelle que c’est toujours en s’appuyant sur un modèle de rationalité que le problème a été étudié. Cela se confirme, même si au fil des siècles il y eut diverses manières d’entendre ce qu’était la raison. La définition de l’homme inhérente à la pensée pédagogique de chaque époque doit manifestement s’y rapporter. Un fil conducteur qui s’enracine dans le monde grec peut donc être remonté. Si l’on reprend cette trajectoire à partir du XVIIIème siècle, apparaissent alors de notables fluctuations quant au crédit accordé.

La période des Lumières est sensible au dépassement des particularismes. Elle propose une vision universelle d’un homme libre et raisonnable. L’éducation est orientée par l’idée de progrès et d’ordre que reflète le savoir scientifique. Elle se met en chemin pour acquérir une vérité qui se pose à l’horizon des connaissances et des conduites. Le XIXème siècle est plus radical que le précédent. Il fait adhérer à une inéluctable marche en avant, au triomphe absolu et imminent de la Raison. L’Histoire réalisera son projet, indépendamment voire contre les volontés individuelles. Chacune de ses étapes libère et prépare la suivante, chaque moment de la science est pensé comme destiné à être dépassé. Le XXème siècle, pour sa part, détonne. Celui-ci est généralement présenté comme l’époque du marasme, du « blocage », de la réflexion éducative, de l’absence de projet humain.. En fait, une crise morale secoue les anciennes valeurs, la foi dans le paradigme savant est ébranlée. C’est l’âge d’une profonde remise en question du discours sachant comme du garant critique.

On voit déjà que l’optimisme puis l’assurance ont cédé le pas à une perte de confiance. Il est possible d’imaginer que ce mouvement obéit encore à une exigence de cohérence.

Après cette suggestion d’une gêne liée à l’évolution des temps, nous pouvons consulter maintenant ce qui s’est fait depuis la IIIème république pour sensibiliser les écoliers aux sciences.

Notes
210.

 Jolibert B. 1987. Raison et Éducation, Paris : Ed. Klincksieck, p.137 (coll. Philosophie de l'Éducation).