2.5. Éduquer selon Bachelard

Nombreux parmi les philosophes de l’éducation se sont recommandés au fil des années du philosophe champenois. On aime qu’il se réclame constamment de la formation, qu’il en fasse comme le souligne M. Fabre « la thématique centrale de sa pensée » 294 . Son idée d’un cogito dédoublé, l’un forgeant des concepts en science, l’autre déployant des images dans la rêverie poétique, inspire régulièrement. Mais encore faut-il cerner tout le défi d’une œuvre volontairement duale et en mesurer la cohérence sur le plan éducatif. Dit autrement il ne suffit pas pour en être héritier de reconnaître chez ce penseur une centration à conséquences pédagogiques. Il est insuffisant d’y distinguer pour la réflexion un versant épistémologique où l’on décrit la formation de l’esprit scientifique et un autre phénoménologique où l’on présente la formation des images dans l’âme du rêveur de mots. La lecture de Bachelard invite avant toute chose à prendre du recul et du temps, à ne pas céder à l’impulsion du jugement, ni à celle du fondement. Et pour cause… On n’a plus à apprendre des savants et des poètes qu’à leur enseigner. Entrer dans l’entreprise bachelardienne fait recadrer en réclamant d’emblée un effort. Il est à l’écho de celui qui transparaît dans cet examen du processus qui dynamise les productions de la pensée. On y découvre même une sorte de leitmotiv qui pourrait bien être constitutif chez le sapiens : travaille à rectifier pour t’ouvrir un avenir !

Nous présentons d’abord la problématique psychanalytique de Bachelard. Nous recentrerons ensuite sur le dédoublement du cogito. Nous terminerons avec une étude des grands complexes qui accompagnent l’analyse du feu. L’ensemble permettra de dégager quelques ouvertures pour des propositions concrètes (développées dans le volet 4).

Notes
294.

 Fabre M. mai 1999. Formation et modernité chez Bachelard. Entre la joie d’apprendre et le bonheur d’habiter, Le Télémaque, n°15, p.85.