Partie 4. Des actions

On le sait, l’enseignement des sciences passe mal. Malgré les efforts et appels à éduquer mieux, les résultats ne répondent guère aux attentes. Cet insuccès, alors que la société se « scientifise » de plus en plus, est aussi contradictoire qu’embarrassant. Mais, il y a plus gênant encore, ou du moins qui le devrait. Pendant que d’autres ont du mal à profiter d’un savoir dominant, certains enfants n’y ont toujours pas accès. L’initiation scientifique, osons-le dire, n’entre quasiment jamais dans les classes d’intégration scolaire. Ce public, identifié comme ayant de grandes difficultés d’apprentissage, est souvent assimiler à un groupe déficient. Être en structure « spéciale » autorise rarement de se confronter à des concepts scientifiques.

Cette exclusion du partage de la connaissance est inacceptable (situation banalisée par l’absence de programme). Ces élèves manifestent une curiosité qui demande aussi à être accompagnée… et valorisée. Comme ceux des classes dites « ordinaires » ils doivent pouvoir interroger leur monde à la faveur d’une approche éclairée par les technosciences. Ce droit à une éducation de qualité, pour donner lieu à des actions adaptées, impose de poser certaines questions. Quel cheminement convient-il d’aménager avec ces jeunes pour une entrée signifiante dans l’univers des savants ? Quels canaux sont-ils susceptibles de les accrocher véritablement ? Quels supports doit-on adopter ou inventer pour que ça marche ? Comment mesurer enfin les bénéfices probables ?

Pour répondre à ces interrogations, cette dernière partie problématise la situation de la manière suivante : à quelles conditions peut-on permettre à des élèves présentant un retard mental d’accéder comme les autres à des concepts scientifiques scolaires ? On rend compte ici d’une expérience mise en place depuis quatre ans en CL.I.S. 1 (Auvergne). Son affiliation théorique renvoie au modèle d’apprentissage de type allostérique (L.D.E.S. Genève). Cette innovation travaille à une transformation des conceptions enfantines via le repérage d’obstacles à la compréhension. Dix enseignants de classes d’intégration se sont mobilisés. Ils ont été scindés en deux équipes de cinq (selon l’investissement accepté). L’une a reçu une formation en didactique des sciences (« impliquée »), l’autre a servi de témoin (« intéressée »). Les rencontres avec la première durent environ quatre heures à raison d’une fois par mois (année scolaire). Quatre-vingt deux élèves constituent l’échantillon, ils sont répartis en deux groupes équivalents. Une analyse comparée et circonstanciée de productions est réalisée en début et à chaque fin d’année.

Nous allons présenter successivement deux initiatives menées dans le cadre d’un programme baptisé « Sciences en CL.I.S. ». Le premier privilégie la biologie et l’astronomie visant une évolution dans les modèles de la digestion et du monde , le second participe à travers une opposition chimie / magie à une approche de la démarche expérimentale.