4.1.1. Accueillir les conceptions d’un public « non ordinaire »

Cette approche met en avant la spécificité de la forme requise par la connaissance nouvelle pour être intégrée (analogie avec certaines enzymes dites allostériques). Résolument centrée sur l’apprenant elle doit le rendre à la fois acteur et auteur de sa formation. Il s’agit avant tout pour l’enseignant d’établir une continuité cognitive entre les contenus (conceptions d’avant / ambitions pour après). Pour y parvenir, huit conditions sont au moins réclamées. Ce sont : de recentrer sur ce qu’est et connaît déjà l’élève, de partir de ce qui le touche, le concerne directement, de prélever ce qui est déjà présent dans les têtes, d’offrir un retour sur ce déjà-là, de faire confronter activement les visions individuelles, de créer des outils spécifiques tout en disposant de ressources suffisantes, d’introduire en périodes de confort des paramètres déstabilisants, d’aménager des niveaux différents dans la formulation de concepts.

Satisfaire aux deux premières recommandations requiert de garder à l’esprit que le public est ici spécifique. Âgé de 8 à 12 ans, il présente des troubles avérés d’ordre intellectuel. La pensée magique reste là omniprésente. Les préoccupations tournent souvent autour de thèmes organo-déjectifs (devenir des aliments, pouvoirs transférés, nature de l’excrétion, etc.). Elles regardent aussi fréquemment du côté des origines (création de notre planète, existence extra-terrestre, influences de divinités cosmiques, etc.). Cette pente animiste et les centres d’intérêt qui l’accompagnent suffisent à combler le vide entretenu par le silence des instructions officielles. Après réflexion sur ce qui apparaît le plus urgent, nous insistons sur la digestion et le monde. Nous présentons ci-dessous les fiches qui ont servi à faire émerger le « déjà-là ».