Supports pour le concept de digestion

De nombreuses données sont mobilisables concernant l’étude par les sciences du phénomène digestif. On découvre notamment que depuis le Vè siècle avant J.C. la digestion a connu des définitions bien différentes (Guyénot, 1941 ; Sauvageot-Skibine, 1991 ; Clément, 1991 ; Giordan, 1995…). Toutefois une typologie des modèles concurrents et successifs fait encore défaut. L’enseignant a néanmoins la possibilité de recueillir les représentations qui coexistent dans sa classe. Plusieurs travaux ont déjà été réalisés avec des élèves du primaire et du secondaire (Giordan et De Vecchi, 1987 ; Rolando, 1995 ; Rolland et Marzin, 1996, etc.). Reste qu’à ce jour rien n’a été produit concernant les populations CL.I.S. Le groupe « impliqué », dès la première année de formation en didactique, a conçu puis utilisé deux fiches-diagnostics. Elles sont intitulées : « Pour que l’on comprenne ce que vous pensez que votre corps fait de la nourriture solide ». La première propose une silhouette humaine complète, vue de face, la seconde une autre mais de profil (facilitante pour le phénomène d’excrétion – figure 1). Un texte-image questionne sur le devenir de ce qu’on avale.

Deux autres fiches diagnostics sont également exploitées. Elles ont pour titre : « Pour que l’on comprenne ce que vous pensez que votre corps fait de la nourriture liquide » (figure1).

Les mots utilisés doivent être faciles à lire et surtout à comprendre (bien des enfants ne sont pas lecteurs). La consigne doit être claire voire redondante (d’où un encodage dessin - contextualisation en image).

Pour chacune de ces fiches, le temps n’est pas limité. Des précisions sont individuellement apportées une fois tous les dessins réalisés. Les commentaires des élèves sont enregistrés.

Figure 4-1. Les quatre fiches diagnostics pour la digestion (solide/liquide)
Figure 4-1. Les quatre fiches diagnostics pour la digestion (solide/liquide)

Cette série de fiches doit être accompagnée de doublures. En effet, les jeunes sujets de CL.I.S. 1 tendent à s’identifier au personnage. S’ils détestent personnellement le fruit ou la boisson de l’énoncé, le prélèvement est compromis. Par ailleurs, en fonction de l’âge, l’identification peut réclamer une silhouette féminine (à anticiper donc…).

Afin d’établir des critères signifiants, le groupe en formation s’est principalement intéressé à trois choses. Ces enfants en grande difficulté d’apprentissage ont-ils conscience du phénomène d’excrétion ? Quelle connaissance ont-ils des organes qui sont en jeu ? Ont-ils construit ou approchent-ils la notion de système ? Une action chimique est-elle envisagée ? Il ressort assez rapidement que la négative s’impose pour la première et les deux dernières interrogations. Au vu de la diversité des productions enfantines, plusieurs grilles d’identification ont été réalisées. Elles permettent de distinguer trois grands types de conceptions (localisation, diffusion, trajectoire organique – figure 2). La première recense des apprenants qui considèrent la digestion comme un stockage sans transformation initiale. La suivante rassemble ceux qui se représentent la digestion comme une distribution générale et probablement fortifiante. La dernière, dédoublée (avec présence ou non de l’objet pomme), regroupe ceux qui reconstruisent un parcours.

Figure 4-2. Les trois grands types de conceptions et leurs subdivisions
Figure 4-2. Les trois grands types de conceptions et leurs subdivisions

Nous pouvons maintenant passer à notre seconde batterie d’instruments pour prélever (fiches diagnostics pour les conceptions du monde).