Nous allons entendre quelques propos enregistrés au cours d’une séquence « Chimie contre magie ». Les extraits qui suivent sont transcrits en respectant la spécificité de l’oral 476 .
- Miss Scientifix, elle a remontré pour mieux qu’on comprenne. Supermagix, elle a mis le glaçon. Elle a mis de la poudre magique et elle a fait croire que c’était (grâce à) ses pouvoirs que le glaçon avait fondu. Supermagix a des fausses moustaches pour faire croire qu’elle est magicienne.
- Mais non, c’est de la FAUSSE magie. Elle fait croire ! Ça se voit tout de suite !
- La ficelle passe par deux trous de chaque côté. Je pense qu’il y a des trous mais je ne les ai pas vus. Ils seraient minuscules mais assez gros pour faire passer le fil. Le fil est fin. »
- Il y a un glaçon, une ficelle, de la poudre magique, une tasse. Et c’est tout. Non, y’a aussi la baguette pour mettre de la poudre sur le glaçon. Avec la baguette, il fait abracadabra. »
Deux groupes échangent maintenant sur l’inscription logique de l’expérience (3 questions). Cinq élèves sont concernés. Le maître recueille les premiers éléments de réponse. Il veille à la bonne circulation de la parole et à la clarification des idées. La discussion redémarre à partir du tableau de synthèse renseigné par l’enseignant (E :). Un élément matériel sépare les parties : la table (support d’expérience et du tour de magie – question 2).
Qu’est-ce qu’on cherche à faire ? | Qu’est-ce qu’on utilise ? | Qu’est-ce qui va ensemble ? | |
Groupe 1 A. et C. |
« On cherche à faire rétrécir le glaçon de Miss Scientifique et Supermagix. » | « On utilise un glaçon, une tasse, de l’eau, de la poudre, un fil. » | « Poudre et glaçon Glaçon avec de l’eau Glaçon avec le fil Glaçon avec une tasse » |
Groupe 2 J., B. K. |
« On cherche à ce que le glaçon agisse sur la ficelle, que la poudre fasse tenir la ficelle sur le glaçon. » | « De la poudre, une tasse, un fil, de l’eau, une table, un glaçon. » | « Tasse + Glaçon + ficelle Ficelle + Glaçon Poudre + Glaçon Ficelle + poudre » |
E : A et C., vous n’avez pas inscrit la table dans le matériel que l’on utilise ?
- Il n’y a pas de table dans l’eau.
- Ouais…
E : Et vous, J.,B.,K., pourquoi avez vous mis la table ?
- Bah, parce qu’il y a une table.
E : Oui, d’accord ; mais il faut leur expliquer.
- Tu vas pas mettre une table dans l’eau !
- Mais non, mais où tu mettrais la tasse si y’avait pas de table ?
- On va pas la mettre par terre quand même hein !
- Bah si, tu pourrais y mettre par terre.
- Ouais, on verrait rien du tout ! On verrait rien. Mais comment on verrait ?
- Elle est très bonne. Une table dans l’eau ! Ah ah ah !
- Une table dans l’eau.
- Mais elle est pas dans l’eau ma table !
Le maître intervient car le débat tourne court. Il propose de « revisionner » la cassette vidéo. Un autre moment de discussion est cette fois proposé. Il a lieu pendant la reformulation du but « Qu’est-ce qu’on cherche à faire ? » (question 1).
E : Vous dites qu’on cherche à faire rétrécir le glaçon.
- Ouais !
- Ah non, pas du tout !
- Si !
- Si !
- Alors pourquoi on l’aurait mis dans l’eau ? gue gue gue gue…
E : Calme toi un peu ! B. tu nous expliques pourquoi tu n’es pas d’accord.
- On cherche pas du tout à faire rétrécir le glaçon.
- Et bah si, sinon pourquoi elle l’aurait mis dans l’eau !
- Et calme toi, je suis pas ton chien !
- Pourquoi elle l’a mis dans l’eau alors ?
- Bah, je sais pas, mais c’est pas pour faire rétrécir le glaçon.
E : J.,B.,K., disent que le glaçon agit sur la ficelle.
- Non !
E : Là, pourquoi non ?
- Parce que la ficelle, elle est à l’intérieur du glaçon, sinon, comment elle l’aurait sorti le glaçon ? On l’aurait pas vu. Ils l’auraient par le… par exemple, si c’était B. le glaçon, ils l’auraient pris comme ça … (soulève le pull de B.) si y aurait pas la ficelle. Ca m’étonnerait que c’est la poudre qui fasse tenir le glaçon parce que...
E : Là, tes camarades disent que c’est la poudre qui fait tenir la ficelle sur le glaçon .
- Non ! Parce que ça filme pas à quelque chose près. On n’a vu, mais on n’a pas tout vu
- Si… moi, j’ai bien observé la ficelle, elle était bien sur le glaçon. Elle n’était pas dedans. Elle était sur le glaçon.
- La ficelle, elle était sur le glaçon A.
- Non ! Non !
- La ficelle, elle était sur le glaçon.
- Non, ils avaient fait un trou pour rentrer la ficelle.
E : et C., Tu as le droit de donner ton avis? … Est-ce que tu penses que la ficelle est sur le glaçon ou est-ce que tu penses qu’il y a un trou et que la ficelle est dans le glaçon ?
- Elle est dessus.
L’enseignant propose à l’enfant de faire un dessin de ce qu’il pense et de l’expliquer aux autres.
L’échange qui suit cette fois a été enregistré après les premières manipulations réalisées en classe (testing de poudres blanches). Un élève essaie d’expliquer les résultats qu’il a obtenus., un autre s’échine à soulever le glaçon avec du gros sel. Le maître insiste pour que les propos soient compris de tous.
E : Quel genre de fil tu as utilisé ?
- Du fil à coudre… Je mets de l’eau. Je vais mettre de la ficelle. Je coupe la ficelle. Je vais mettre le fil sur le glaçon. Je vais mettre une pincée de sel… une autre pincée… Maintenant, il faut attendre 4 min.
Mais le glaçon se retourne…
E : Et toi K., qu’est-ce que tu essayes comme poudre ?
- Du gros sel
- C’est comme C.
- On pose (le fil).
- Raté !
E : Pourquoi tu dis que c’est raté ?
- Parce qu’il a mis sa main sur le glaçon.
- Non ! Non, c’est parce que j’en ai mis trop
- Et pourquoi quand t’en mets trop…
- Il s’est retourné (glaçon). // Parce qu’il y en avait trop. // ll n’y a que Benoît qui y est arrivé.
Nous terminons avec un extrait du dernier échange concernant « La pêche au glaçon ». Le sel a été identifié comme étant la poudre qui permet au fil de soulever le morceau de glace.
- Mais peut-être que le sucre en poudre…
- En plus, ils ont précisé dans la cassette de la poudre bien connue.
- Ça veut dire qu’il y en a dans toutes les cuisines
- Oui, heureusement.
- Même dans tous les plats.
- Si c’est connu c’est pas de la magie.
- Bah non !
- Même que c’est la poudre qui fait tout.
- Ça va pas marcher si on met pas de poudre ?
- Le sel quand même c’est fort !
- Ouais… Mais faudrait pas oublier non plus le ficelle.
- Oui… sans la ficelle on le soulève pas.
- D’accord mais c’est grâce à lui que ça marche.
- Ouais… il l’emprisonne dans la glace…
- Et c’est pas des trous…
- Oui… le sel il fait fondre //
- Ça redevient de l’eau…
- Mais pas longtemps !
- Après ça regèle…
- Et là il est coincé !
Comment oublier devant ces progrès que les enfants scolarisés de CL.I.S. 1 sont aussi des apprenants.
Excepté pour les interrogations. Les mots inaudibles sont remplacés par xxx, les temps d’interruption par (…), ceux de reformulation par /ou //. Référence à C. Blanche-Benveniste, Le français parlé, études grammaticales, Paris : Ed. du CNRS, 1990.