Première partie. Un évêque représentant du catholicisme traditionnel confronté aux changements politiques et économiques

Introduction

L’objet de cette première partie est essentiellement de faire connaissance et de comprendre la personnalité de Maurice de Bonald, futur évêque du Puy et futur archevêque de Lyon. Comment un évêque né en 1787, dans une famille d’ancienne noblesse et dont le père est un écrivain traditionaliste catholique réputé, s’est-il adapté aux changements politiques et économiques importants des années 1830 ? Pour répondre à cette question, il nous faudra repérer les moments marquants de sa jeunesse et de son parcours ecclésiastique. Une première question se pose concernant une enfance fortement perturbée par la grande Révolution de 1789 : dans quelle mesure, les souvenirs de ces moments pénibles l’ont-ils influencé lors de la révolution de 1830, alors qu’il était évêque du Puy et surtout lorsqu’il sera confronté à Lyon aux violences de février 1848 ? Pour ce qui est de sa formation intellectuelle et religieuse, il faudra voir l’incidence de son passage chez les Pères de la foi à Amiens, au séminaire Saint-Sulpice à Paris et enfin, dans l’entourage du cardinal Fesch, à la grande aumônerie à Paris, puis dans le diocèse de Lyon. L’esprit de modération et le refus des positions excessives qu’on retrouve aussi bien chez le sulpicien Emery que chez le cardinal Fesch, n’ont-ils pas marqué le futur évêque ? Ces interrogations feront l’objet de notre premier chapitre.

Le questionnement du deuxième chapitre, consacré à l’épiscopat au Puy de 1823 à 1839 est lié à celui du troisième chapitre, concernant surtout les causes de la nomination de Mgr de Bonald sur le siège de Lyon. En effet, l’attitude de ce dernier à l’égard du régime de Juillet, à partir du milieu des années 1830, a été déterminante : quelle fut cette attitude et comment s’est-il situé par rapport aux aspects nouveaux de la vie sociale avec le développement de l’enseignement et les fluctuations de l’activité économique ? En quoi l’image que s’est forgé alors l’évêque du Puy auprès du roi Louis-Philippe et des catholiques libéraux, a-t-elle été à l’origine de son accession à l’archevêché de Lyon ? Il nous restera ensuite à passer en revue les moyens de l’archevêque de Lyon en tant que métropolitain et primat des Gaules. Ce sera aussi l’occasion d’évoquer les moyens des autres évêques et les changements qui s’opèrent alors dans l’épiscopat en faveur d’une rénovation religieuse et parfois d’un intérêt pour les nouvelles conditions de travail dans l’artisanat et l’industrie.

Notre quatrième chapitre mettra en perspective les atouts du catholicisme dans le diocèse de Lyon dont le dynamisme ne s’est jamais démenti depuis la Révolution jusqu’au milieu du XIXe siècle, avec les grands principes que va appliquer le nouvel archevêque dans l’administration de son diocèse. Quelques questions majeures se posent concernant ce chapitre qui clôturera notre première partie : quelle part respective attribuer à l’action de l’abbé Linsolas et du cardinal Fesch, aux laïcs de la Congrégation, au clergé et aux congrégations religieuses, pour expliquer le dynamisme du catholicisme dans le diocèse ? Quel bilan peut-on faire de l’administration de Mgr de Pins ? Quelles furent les grandes préoccupations de Mgr de Bonald concernant son clergé ? Comment a-t-il poursuivi la défense des libertés de l’Eglise ?