Chapitre 4. L’église du diocèse de Lyon dans la première moitié du XIXe siècle : quel dynamisme ?

Avant de s’interroger sur le dynamisme religieux du diocèse et de vérifier que Lyon est, entre autre, la ville de la “prière”, comme certains l’ont écrit dans la “Revue du Lyonnais”, il nous faut citer quelques chiffres pour situer l’importance d’un diocèse dont la population a considérablement augmenté au cours du XIXe siècle et la place du catholicisme par rapport aux autres minorités religieuses. Les départements du Rhône et de la Loire étaient peuplés de 675 000 habitants en 1810. Ce chiffre a augmenté rapidement, pour passer à 825 000 en 1831, 1 047 000 en 1851, 1 215 000 en 1870 542 .Le diocèse de Lyon a donc vu sa population presque doubler en soixante ans. Le catholicisme y est nettement majoritaire : au début du siècle, 6000 protestants profitaient de la liberté des cultes accordée une fois pour toutes par le premier Empire. Les calvinistes qui fondèrent une Consistoriale à Lyon, en 1803, étaient les plus nombreux. Mais les protestants luthériens virent augmenter leur nombre avec l’arrivée d’ouvriers alsaciens et allemands dans les villes industrielles comme Saint-Etienne et Rive de Gier 543 . Il y avait aussi à Lyon environ 200 anglicans, au milieu du siècle, surtout des négociants anglais liés au monde de la soierie 544 . Les juifs étaient encore moins nombreux que les protestants, 200 environ, à Lyon, en 1808 et 1400 en 1870. A l’exception de quelques familles d’entrepreneurs aisés, la plupart étaient des commerçants ou des artisans très modestes 545 .

Le diocèse de Lyon présente l’originalité d’avoir connu une reconstruction religieuse précoce, au tout début du XIXe siècle 546 . On peut relever trois causes majeures expliquant la renaissance religieuse dans le diocèse et tout particulièrement à Lyon, le rôle de l’abbé Linsolas et de ses missions pendant la Révolution, l’administration efficace du nouvel archevêque Fesch, à partir de 1802, et la place importante occupée par certains laïcs et en particulier par ceux qui ont fondé la “Congrégation”. Après avoir décrit cette renaissance religieuse et l’épiscopat de Mgr de Pins, le prédécesseur de Mgr de Bonald, nous évoquerons les collaborateurs du nouvel archevêque, prêtres et religieux, puis nous nous attacherons à montrer suivant quelles grandes orientations, le cardinal de Bonald a dirigé son diocèse.

Notes
542.

Sarah A. CURTIS, L’enseignement au temps des congrégations – Le diocèse de Lyon (1801-1905), P.U. de Lyon, 2003, 281 p. (note 38 de la page 28). Voir aussi l’Ordo des paroisses du diocèse de Lyon (A.A. de Lyon)

543.

André LATREILLE (dir.), Histoire de Lyon et du Lyonnais, T.2 , FAMOT, 1976, 250 p. (pp. 68-71)

544.

Xavier de MONTCLOS (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, T.6, Lyon –Le Lyonnais – Le Beaujolais, Beauchesne, 1994, 456 p. (p. 14). Au cours de années 1830, le préfet du Rhône a remarqué un accroissement du nombre des protestants à Lyon et l’administrateur apostolique du diocèse, Mgr de Pins, dans sa circulaire aux curés du diocèse du 22 avril 1837, s’est ému du renouveau de leur prosélytisme. Les protestants créèrent les premières salles d’asile pour les jeunes enfants et dans l’esprit d’émulation entre catholiques et protestants pour la création d’œuvres d’assistance, l’abbé Bez publia en 1840 son “Tableau des œuvres de charité de la ville de Lyon” (B. BARFETY, La vie de l’Eglise de Lyon sous la monarchie de Juillet (1835-1840) …, pp. 80-81)

545.

Bernadette ANGLERAUD et Catherine PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises – Des Morin-Pons aux Mérieux du XIX e siècle à nos jours, Perrin, 2003, 830 p., (pp. 399-400)

546.

413 prêtres ont été ordonnés sous le Consulat et l’Empire (GERALD CHAIX (dir.), Le diocèse – Espaces, représentations, pouvoirs – France, XV e -XX e siècle, Le Cerf, 2002, 445 p. (pp. 97-98)