I. Une vie religieuse intense au début du XIXe siècle

Un an avant les débuts de la Révolution, Mgr de Marbeuf avait succédé à Mgr de Montazet sur le siège de Lyon. Mais, retenu à Paris par ses fonctions de ministre de la Feuille 547 , il dirigeait son diocèse par l’entremise de ses vicaires généraux et le mandement de carême de 1789 que l’un d’eux rédigea avec des propos hostiles aux idées nouvelles , provoqua une mascarade des patriotes lyonnais qui tourna à l’émeute le 24 février 1789, jour de mardi-gras. Aussi, Mgr de Marbeuf ne revint jamais à Lyon de peur d’être molesté. En 1791, il émigra dans le Brabant, puis à Lübeck où il mourut en avril 1799 548 . La constitution civile du clergé et la question des serments avaient divisé le clergé du diocèse et lors de l’élection, début mars 1791, du nouvel archevêque, Lamourette 549 , selon les modalités constitutionnelles, plusieurs prêtres de Lyon s’étaient abstenus dont Linsolas, curé de Saint-Nizier, qui refusa le serment de 1792. Jacques Linsolas avait quitté Lyon de septembre à novembre 1792 et quand il revint, l’abbé de Castillon lui demanda de le seconder comme vicaire général de Mgr de Marbeuf. Mais Castillon fut arrêté en octobre 1793 et Linsolas devint alors le seul représentant de l’archevêque exilé 550 .

Notes
547.

Au ministre de la Feuille incombaient les nominations épiscopales.

548.

A. CHAPEAU,“ Mgr Marbeuf”, in Encyclopédie Catholicisme, T. 34, 1977, col. 366 et 367.

549.

Adrien Lamourette, originaire du Pas de Calais, était conseiller de Mirabeau, en matière ecclésiastique. Il eut beaucoup de mal à organiser une Eglise constitutionnelle. Il resta parmi ses fidèles au moment du siège de Lyon. Arrêté en septembre 1793, il mourut sur l’échafaud le 11 janvier 1794. L’élection du nouvel archevêque, Primat, évêque constitutionnel de Cambrai depuis 1791 n’intervint qu’en avril 1798.. Mais ce dernier, averti de la situation de sa nouvelle Eglise, n’arriva à Lyon que fin 1799 pour se voir opposer la même protestation que les vicaires généraux, nommés par le chapitre, avaient déjà rédigée contre Lamourette. Primat fit partie, par la suite, du nouvel épiscopat concordataire et devint archevêque de Toulouse (Jacques GADILLE (dir.), Histoire des diocèses de France – Le diocèse de Lyon …, pp. 195-201).

550.

Charles LEDRÉ, Le culte caché sous la Révolution – Les missions de l’abbé Linsolas, Bonne Presse, 1949, 429 p. (pp. 6-7)