III. Des travailleurs et des travailleuses de tous âges cumulent beaucoup de handicaps

On a constaté précédemment que le monde du travail était caractérisé par une certaine stabilité, si on pense par exemple à l’enracinement des chefs d’ateliers à Lyon ¹⁰¹⁵ et à Saint-Etienne, mais on a constaté également la polyvalence et la mobilité des travailleurs. Beaucoup d’entre eux sont des manœuvres qui s’adaptent au travail qui se présente : ainsi le mineur stéphanois peut être aussi un passementier ou un paysan ¹⁰¹⁶ . L’industrie doit tenir compte du cycle saisonnier des activités rurales. Dans ces conditions, peut-on dire qui est ouvrier ? Pour les gens de métier, est ouvrier celui qui a une qualification comme ces “grosses culottes” de l’industrie lourde qu’on a déjà évoquées : ajusteurs dans les aciéries, piqueurs dans les mines… Pour ceux qui ont lancé des enquêtes, au début des années 1840, comme Villermé, l’ouvrier est à la fois celui qui travaille dans les manufactures et dans le cadre de la Fabrique. Quant aux monographies de l’Ecole de Le Play, publiées dans la revue des “Ouvriers des deux mondes”, elles perçoivent l’ouvrier aussi bien chez l’artisan que chez l’instituteur ou le paysan ¹⁰¹⁷ . Il y a donc de grandes difficultés pour préciser une identité ouvrière, aussi tiendrons-nous compte du large éventail des travailleurs et travailleuses salariés de tous âges pour évoquer leurs conditions de vie et de travail et l’éventuelle remise en cause de ces dernières ¹⁰¹⁸ .