Le travail des enfants n’est pas apparu au XIXe siècle avec l’industrialisation. Au siècle précédent, les enfants de la campagne étaient déjà insérés progressivement dans les travaux de la ferme et certains d’entre eux étaient placés comme bergers, domestiques ou petites servantes. En ville, des enfants plus âgés, à partir de quinze ans, étaient placés aussi comme apprentis auprès d’un maître. Mais le changement majeur intervenu au XIXe siècle a été celui de l’augmentation du nombre des machines qui ont concurrencé l’artisan et, en particulier, l’arrivée des métiers à tisser mécaniques, aussi bien dans les familles paysannes qu’en ville. Dès lors, le travail des enfants n’avait plus le même objectif : il s’agissait moins de les insérer progressivement dans le travail familial que de les mobiliser 1053 pour satisfaire le rythme des machines et la demande des fabricants. Seuls les enfants pouvaient grimper sur le métier pour raccrocher un fil cassé, se glisser dessous pour nettoyer et, à Lyon, les fillettes étaient employées aussi dès l’âge de huit à neuf ans pour le dévidage ou tirage des cocons du ver à soie 1054 , travail pénible qui consistait à dissoudre dans de l’eau très chaude la gomme enduisant le fil du cocon. L’avenir de l’enfant était donc handicapé par une embauche précoce et, malheureusement pour lui, l’intérêt des entrepreneurs rencontrait souvent celui des familles, obligées de se procurer un salaire d’appoint.
L’initiative en vue d’une loi réglementant le travail des enfants revint à la Société industrielle de Mulhouse, fondée en 1825, pour favoriser le progrès industriel et améliorer le sort des travailleurs. Le 30 novembre 1827, un manufacturier protestant de Guebviller, Bourcart, copropriétaire de la filature Schlumberger et Cie, avait saisi la Société d’une proposition sur la nécessité de fixer l’âge des ouvriers dans les filatures et de réduire les heures de travail 1055 . Son intervention était basée sur trois motifs essentiels : un motif philanthropique visant le bien-être des ouvriers, un motif économique, car 1827 est une année de crise et le chômage pose le problème de la concurrence du travail infantile et enfin un motif patriotique, car il s’agissait d’assurer le recrutement de l’armée menacée par le trop grand nombre de réformés 1056 . L’intervention de Bourcart incita la Société de Mulhouse à organiser une enquête qui révéla qu’en Alsace, il était courant d’employer des enfants de huit ans de cinq heures du matin à huit ou neuf heures du soir 1057 . En 1833, les propositions Bourcart furent à nouveau d’actualité avec le vote de la loi Guizot sur l’enseignement primaire et, en 1835, commençait l’enquête du docteur Villermé demandée par l’Académie des Sciences morales et politiques et concernant l’état physique et moral des classes ouvrières. Deux ans plus tard, le 2 mai 1837, à la séance annuelle des cinq Académies, Villermé prononçait un discours sur “la durée trop longue du travail des enfants dans beaucoup de manufactures” 1058 . Le gouvernement se préoccupa alors du problème et le 31 juillet 1837, la circulaire du ministre du commerce, Martin du Nord, prescrivait une enquête à travers la France sur le travail des enfants dans les manufactures 1059 . Parmi les réponses 1060 qui parvinrent au ministère et parmi les réactions face à un projet de réglementation, on peut distinguer les indifférents, comme les membres des chambres de commerce qui n’envoyèrent pas de réponse, ou les députés, qui furent à peine la moitié, 235 sur 459, pour se prononcer sur le projet de loi, le 11 mars 1841. Il y eut aussi les adversaires du projet, en particulier les membres de la chambre de commerce de Lille et les partisans d’une réforme, comme les industriels mulhousiens ou ceux de Rouen. Enfin, parmi ceux dont les avis étaient partagés, mais dont la majorité des réponses correspondait aux vœux des Mulhousiens, on trouvait les membres de la chambre de commerce de Tarare et de Lyon 1061 .
Comme les principes moraux et les intérêts étaient étroitement mêlés dans la question du travail des enfants, la gestation de la loi fut longue. Dans la préparation de cette loi, les protestants avec la Société industrielle de Mulhouse furent plus présents que les catholiques, mais ce fut l’occasion pour les premiers catholiques sociaux, désireux de corriger les abus du libéralisme économique, de se manifester, dans la personne essentiellement du vicomte de Villeneuve-Bargemont. Préfet du Nord de 1828 à 1830, ce dernier, qui fur l’auteur en 1834 d’un traité d’économie politique chrétienne, souhaitait la réalisation d’une synthèse entre la charité chrétienne et l’économie politique et était favorable à une intervention de l’Etat dans le domaine social 1062 . Rapporteur à la Chambre des députés de la loi sur le travail des enfants, Villeneuve-Bargemont évaluait en France à 900 000 le nombre des enfants-ouvriers de moins de douze ans dans l’industrie cotonnière, à 250 000 dans l’industrie de la laine et à 180 000 dans celle de la soie 1063 . Les préoccupations de l’économiste légitimiste rejoignaient celles de Mgr de Bonald qui, dans sa lettre pastorale de prise de possession de son siège à Lyon, le 2 juillet 1840, condamnait l’usage abusif du travail des enfants.
La loi, votée finalement le 11 mars 1841 par 218 voix sur 235 votants, prévoit un âge minimal à l’embauche fixé à huit ans. La durée quotidienne du travail effectif est limitée à huit heures par jour pour les jeunes de huit à douze ans, divisées par des repos et à douze heures par jour pour les jeunes de douze à seize ans. Le travail de nuit, de neuf heures du soir à cinq heures du matin est interdit aux moins de treize ans et tous les enfants de moins de douze ans qui travaillent doivent en même temps fréquenter une école. Enfin, si des inspecteurs doivent veiller au respect de la loi, celle-ci ne s’applique qu’aux fabriques occupant plus de vingt ouvriers réunis en atelier, à moins qu’il s’agisse de manufactures, usines et ateliers à moteur mécanique ou à feu continu 1064 .
Avant de vérifier comment a été appliquée la loi de 1841 dans la Loire et le Rhône, il nous faut évoquer un autre problème qui est lié à celui du travail des enfants, le problème de l’apprentissage. Le monde du travail n’est pas favorable à l’apprentissage, même s’il s’est maintenu dans des ateliers artisanaux. En effet, rappelant les corporations, il est susceptible de ressusciter les associations professionnelles proscrites par la loi Le Chapelier. De plus, l’employeur désire en priorité une main d’œuvre bon marché. D’après l’enquête de 1848, l’apprentissage peut apparaître comme un faux semblant, “un calcul de la part du maître” pour moins rémunérer les ouvriers, comme on le fait observer à Neuville-sur Saône 1065 . Parfois, il n’y a pas d’apprentissage, comme dans les mines, où l’enfant est conducteur de chevaux, mais pas apprenti piqueur ou boiseur. Il en est de même dans la métallurgie à Rive-de-Gier, où les patrons Pétin et Gaudet déclarent : “Il n’y a pas chez nous d’apprentis ; nous avons l’habitude de faire passer les ouvriers, frappeurs ou forgeurs, lorsque nous leur en connaissons l’aptitude 1066 ”.Dans le travail de la soie, les débuts et la durée de l’apprentissage sont variables, mais ce dernier semble avoir occupé une place plus importante chez les passementiers stéphanois que chez les tisseurs lyonnais. A l’Arbresle, il commence à quatorze ou quinze ans et dure deux ans. A Saint-Genis-Laval, il commence à quinze ou seize ans et dure quatre ans si l’apprenti ne paie rien, trois ans s’il donne 200 francs au patron 1067 . Il n’existe pas de règle en matière d’apprentissage et nous avons pu observer précédemment que Limousin, délégué des chefs d’ateliers rubaniers à Saint-Etienne, se plaignait d’un apprentissage trop bref et aussi trop précoce 1068 pour des jeunes gens qui n’avaient pas encore une force physique suffisante. Limousin voit un remède dans l’établissement d’une école professionnelle. Or, si l’Etat a tenté une organisation générale de l’apprentissage avec la loi du 22 février 1851, son absence d’initiatives dans le domaine de l’éducation technique élémentaire n’a été palliée que par quelques initiatives privées comme, à Lyon, la création de l’école professionnelle de garçons de la Martinière, établie en 1831, la création en 1864 de la société d’enseignement professionnel du Rhône et en 1845, l’organisation par les Frères des Ecoles Chrétiennes de cours de la théorie de la soie 1069 .
Les catholiques sociaux, en particulier Armand de Melun, jouèrent un rôle plus important dans la préparation de la loi de février 1851. Cette loi améliora celle de 1841 dans la mesure où l’âge d’accès au travail fut élevé à douze ans et pour les apprentis de moins de quatorze ans, la durée du travail était limitée à dix heures par jour. De plus, les patrons devaient prendre un nombre limité d’apprentis et indiquer dans le contrat d’apprentissage les clauses concernant les cours professionnels 1070 . Mais cette loi, comme celle votée dix ans plus tôt, ne fut guère appliquée.
Dans le Rhône, le préfet avait pris contact avec la Chambre de commerce, le Tribunal de commerce et le Conseil des prud’hommes dès l’été 1841. Mais, dans sa réponse, le président de la Chambre de commerce, Brosset, considérait que la loi n’était pas applicable aux fabriques d’étoffes de soie, car les enfants n’y étaient admis qu’après leur communion, à l’âge de douze ans. Par ailleurs, il souhaitait que la loi fût appliquée en utilisant la persuasion plutôt que la rigueur. En ce qui concerne les inspections, la commission de surveillance ne fut prête que le 4 juillet 1843 et le sous-préfet de Villefranche fit savoir au préfet le 6 juin 1843 qu’il lui fallait changer les quatre inspecteurs qui avaient refusé leur nomination ou n’avaient adressé aucune note. Le département de la Loire figure quant à lui, d’après une enquête ministérielle menée en 1844, parmi la vingtaine de départements où on avait constaté l’inexécution générale de la loi 1071 .
La loi de 1841 a été très peu appliquée et celle de 1851 a semblé méconnue. En 1853, le ministre de l’intérieur faisait savoir au préfet de la Loire que d’après les résultats des commissions, la loi de 1841 était encore loin de s’exécuter comme elle le devait dans le département 1072 , et en 1867, la Chambre de commerce de Lyon reconnaissait que la loi de 1841 n’avait jamais reçu dans la ville même un commencement d’exécution 1073 . Quels étaient les secteurs d’activité où on trouvait le plus grand nombre d’enfants au travail ? L’industrie textile, les mines de charbon et les verreries employaient un grand nombre d’enfants, de même que la cristallerie, alors qu’ils étaient proportionnellement beaucoup moins nombreux dans la sidérurgie 1074 . Dans les verreries de Rive-de-Gier, le nombre des enfants atteignait, au milieu des années 1850, le quart des effectifs ouvriers 1075 et ceux-ci travaillaient de treize à quatorze heures par jour. Pour celles de Givors, le maire, répondant, en mai 1867, à un questionnaire d’enquête du préfet du Rhône, reconnaissait que l’exécution de la loi de 1841 laissait beaucoup à désirer, puisque, dans ces établissements à feu continu, les enfants de huit ans, comme ceux de seize ans, pouvaient travailler les dimanches et la nuit 1076 . De plus, il n’existait aucun service d’inspection. Dans les mines de charbon, si on se base sur les 41 puits de Rive-de-Gier et de Saint-Paul-en-Jarez, les mineurs comptaient parmi eux 12% d’enfants travaillant également onze heures par jour 1077 . L’enquête de 1848 indique la présence d’enfants de dix à onze ans et lors de la venue du prince-président en 1852, les mineurs de Rive-de-Gier souligneront le triste sort de ces enfants forcés de pousser des bennes de 35 kilos de charbon et dans l’impossibilité, souvent, de trouver un moment pour manger 1078 . L’un d’eux, Jean Paulet, bien qu’âgé seulement de quatorze ans, avait incité, en avril 1844, six autres jeunes pousseurs, dans un puits de mine de la commune d’Outre-Furens, à faire grève. Mais il fut arrêté par le garde champêtre 1079 . Dans l’industrie textile, on a déjà constaté qu’on avait volontiers recours au travail des enfants. Les indications manquent pour comparer globalement leur nombre avec celui des adultes 1080 : les jeunes filles sont souvent présentes dans les fabriques de lacets à Saint-Chamond ; la chambre de commerce de Tarare affirme que de nombreux garçons et filles de dix à douze ans sont utilisés pour le dévidage du coton 1081 ; celle de Roanne reconnaît que des enfants, dès l’âge de huit ans, sont les manœuvres des adultes, tout en travaillant aussi longtemps qu’eux 1082 et un rapport fait à celle de Lyon, précise qu’on ne fait rien dans les ateliers pour que l’enfant puisse aller à l’école, alors que des fillettes mal logées, mal nourries et mal traitées, travaillent de cinq heures du matin à neuf heures du soir et parfois même jusqu’à onze heures 1083 . Tout en faisant preuve de bonne volonté en proposant par exemple la rétribution des inspecteurs par l’Etat, les Chambres de commerce font donc généralement un constat d’échec dans leurs réponses à l’enquête de 1867, concernant l’application de la loi de 1841 sur le travail des enfants.
Il restera à nous interroger dans le chapitre huit sur le cas particulier du travail des enfants dans les providences mais pour le moment, nous devons achever le tableau du monde du travail dans la Loire et le Rhône en y soulignant la forte présence des femmes.
Catherine ROLLET, Les enfants au XIX e siècle, Hachette littérature, 2001, 219 p. (pp. 115-119).
Louis-Rene VILLERME, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, T. 1 …, p. 395. Pour faire ce travail, les fillettes devaient plonger leurs doigts dans de l’eau bouillante et ne pouvaient se protéger qu’en trempant de temps en temps leurs doigts endoloris dans du vin rouge froid versé dans une bassine. L’historien Jules Michelet qui eut l’occasion de visiter un atelier de tisseur à la Croix-Rousse en avril 1839, affirme même qu’il a vu travailler un petit garçon de cinq ans sur un petit métier à tisser ; il était debout à cause de sa taille. [Jules MICHELET, Journal, T. 1 (1828-1848), Gallimard, 1959, 934 p. (p. 302)].
Pierre PIERRARD, Enfants et jeunes ouvriers en France (XIX e – XX e siècle), Editions ouvrières, 1987, 225 p. (pp. 51-52).
En 1840, la France comptera plus de 40 réformés sur 1000 conscrits dans les départements industrialisés et moins de 300 pour 1000 conscrits dans les départements ruraux. (Ibid., p. 52).
Les membres de la Société industrielle de Mulhouse, qui imputent la misère des ouvriers à leurs désordres, ne souhaitent pas une loi réglementant le travail des enfants ; quant à la philanthropie de ceux qui souhaitent une intervention de l’Etat, elle a ses limites dans le mesure où ils désirent une loi pour contraindre leurs concurrents à restreindre également le recours aux enfants et aussi parce qu’ils ont intérêt à disposer plus tard d’ouvriers en meilleure santé. (C. ROLLET, Les enfants au XIX e siècle …, p. 133).
Pierre PIERRARD, Enfants et jeunes ouvriers en France (XIX e -XX e siècle) …, p. 53.
Ibid., p. 53. L’exemple de la législation anglaise et prussienne a joué aussi un rôle incitatif.
L’exposé du Conseil des prud’hommes de la ville de Lyon du 8 décembre 1837 et relatif à cette enquête cite le cas des ateliers pour la fabrication des châles qui emploient beaucoup d’enfants. Chaque métier en exige un, appelé lanceur, qui renvoie la navette à l’ouvrier et est obligé de suivre son travail qui est de quinze heures. Les enfants effectuent ce travail de dix à quinze ans et sont placés sous l’influence du compagnon qui leur fait souvent subir de mauvais traitements. Leur instruction morale et religieuse est entièrement nulle et les trois-quarts ne savent pas lire. (Henri PANSU, Le travail des enfants à Lyon et dans le département du Rhône au XIX e siècle, Archives du Rhône, Service éducatif, livret de l’élève).
Pierre PIERRARD, Enfants et jeunes ouvriers en France …, pp. 53-54 et André-Jean TUDESQ, Les grands notables en France (1840-1849).Etude historique d’une psychologie sociale, P.U.F., 1964, 1277 p. (Livre II, pp. 583-587).
Jean-Baptiste DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France (1822-1870), P.U.F., 1951, 787 p. (pp. 59-71).
Francoise MAYEUR, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, T. 3, De la Révolution à l’école républicaine (1789-1870), La nouvelle librairie de France, 1981, 683 p (p. 246).
Pierre PIERRARD, Enfants et jeunes ouvriers en France (XIX e -XX e siècle) …, p. 57.
Y. LEQUIN, Les ouvriers de la région lyonnaise, … les intérêts de classe …, pp. 4-9.
P. GUILLAUME, “La situation économique et sociale du département de la Loire d’après l’enquête sur le travail agricole et industriel du 25 mai 1848”, Revue d’histoire moderne et contemporaine, X, 1963, p. 21.
JANINE CHARON-BORDAS, Ouvriers et paysans au milieu du XIX e siècle. L’enquête sur le travail de 1848…, p. 64.
Voir la fin du paragraphe précédent : “Conditions de vie, conditions de travail et réactions ouvrières”. Limousin indique que pour le tissage des façonnés, brochés et satins unis, il y a seulement 110 garçons et 45 filles apprentis.
La Martinière a pris le nom du donateur lyonnais Martin qui laissa à la ville de Lyon un legs important à la charge pour elle de fonder une école professionnelle : celle de filles a été établie en 1879 (F. MAYEUR, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, T. 3,…, p. 256). La Société d’enseignement professionnel du Rhône fondée par Arlès-Dufour, Germain et Mangini, accueillit d’abord dans des cours du soir des employés du Crédit Lyonnais et des ouvriers des ateliers ferroviaires d’Oullins et, en 1867, un premier cours de calcul s’ouvrit pour les dames à la Croix-Rousse. (JACQUELINE CLAIR, L’enseignement professionnel et technique féminin à Lyon dans la deuxième moitié du XIX e siècle, Mémoire de D.E.A. d’histoire sociale, Lyon II, 1997, 93 p. [p. 47]). Nous évoquerons les cours de la théorie de la soie dans le chapitre 8.
PIERRE PIERRARD, L’Eglise et les ouvriers en France (1840-1940), Hachette, 1984, 600 p. (pp. 83-84).
ANDRE-JEAN TUDESQ, Les grands notables en France, T. 2 …, pp. 596 et 598. Il paraissait difficile de trouver des inspecteurs bénévoles acceptant de dénoncer les industriels. Il faudra attendre 1868 pour qu’un corps d’inspecteurs salariés soit créé en France. (CHRISTIAN BRUNET, “Le travail des enfants à l’aube du capitalisme (1815-1848)”, Masses ouvrières n° 342, février 1978, p. 39).
Lettre du ministre de l’intérieur au préfet de la Loire du 11 mars 1853, citée par JOSIANE DELAIGUE, Les préoccupations sociales sous le second Empire à Saint-Etienne, Mémoire de maîtrise, Saint-Etienne, 1991, 97 p. (pp. 37-40).
Délibération de la Chambre de commerce de Lyon du 20 juin 1867 évoquant la réponse faite au préfet du Rhône à la suite de sa lettre du 24 mai 1867(Archives de la Chambre de commerce de Lyon, registre des comptes-rendus 1864-1868, p. 142). La chambre a insisté dans sa réponse sur la nécessité de faire exécuter rigoureusement la loi de 1841.
Si on prend l’exemple des forges et aciéries Petin-Gaudet à Rive-de-Gier et à Lorette, environ 5% de leurs ouvriers étaient des enfants. (Etats statistiques dressés en 1856 par les Commissaires de police, cités dans H. BARET, Histoire locale du travail …, pp. 134-135).
381 enfants pour 1157 adultes (Ibid., p. 134).
Le maire soulignait la souffrance de ces enfants de huit à douze ans devant un four tellement ardent qu’il leur brûle la face qui est constamment rouge et crevassée. (Henri PANSU, Le travail des enfants à Lyon et dans le département du Rhône au XIX e siècle, Archives du Rhône, service éducatif : livret de l’élève, pp. 3 et 4).
Statistiques de 1856 citées par H. BARET, Histoire locale du travail …, pp. 134-135.
Yves LEQUIN, Les intérêts de classe et la République …, p. 9. En 1870, il y avait encore 1487 enfants dans les houillères de Saint-Etienne. (J. LORCIN, ... La région de Saint-Etienne de la grande dépression à la deuxième guerre mondiale ... T. 2, p. 320).
Rapport du commissaire de police d’Outre-Furens au sous-préfet de Saint-Etienne le 24 avril 1844 (A.D. de la Loire 92M4). Les sept jeunes mineurs voulaient empêcher de travailler si, au lieu d’1 Franc de salaire, ils n’obtenaient pas 1,25 franc, Les mineurs adultes avaient un salaire trois fois plus élevé. Si on compare les salaires des enfants suivant les types d’activité et avec ceux des adultes masculins, on s’aperçoit qu’ils sont particulièrement faibles dans l’industrie textile où ils représentent environ 10% des salaires journaliers masculins. Les salaires atteignent très rarement la moitié des salaires masculins comme c’est le cas pour les forges et les hauts-fourneaux de même que pour la fabrication de faux et de faucilles (P. GUILLAUME,“Lasituation économique et sociale du département de la Loire d’après l’enquête sur le travail agricole et industriel du 25 mai 1848 ”…, p. 20).
Les états statistiques indiquent rarement à la fois le nombre des adultes et celui des enfants.
Lettre de la Chambre consultative de commerce de Tarare au ministre du commerce du 12 novembre 1847. Registre de la chambre consultative de commerce de Tarare n° 3, avec les comptes-rendus pour la période 1821-1847, p. 225 (Archives de la Chambre de commerce de Lyon).
Réponses de la Chambre de commerce de Roanne à l’enquête du ministère du commerce relative à l’application de la loi de 1841 : citées par PHILIPPE GRANCHAMP, Roanne sous le second Empire …, pp. 124-127.
Rapport de M.E. Pariset à la Chambre de commerce de Lyon du 15 juin 1867 (HENRI PANSU, Le travail des enfants à Lyon et dans le département du Rhône au XIX e siècle …, livret de l’élève, p. 5).