3. Pourquoi une forte présence des femmes dans le monde du travail ?

Il nous faut, en premier lieu, analyser le contexte dans lequel se situe le travail des femmes, en France, au XIXe siècle. Les femmes sont nombreuses à travailler, comme paysannes, domestiques … et dans l’industrie où elles occupent près de 30% des emplois sous la monarchie de Juillet 1084 , malgré les limites imposées à leur liberté de travailler à l’extérieur du domicile : en effet, d’après le code civil, elles doivent avoir l’autorisation de leur mari pour exercer une profession séparée et leur salaire appartient à ce dernier. Le problème posé à la société, au XIXe siècle, est celui de l’extension du travail salarié féminin à l’extérieur de la maison et de sa compatibilité avec le statut de mère de famille. En effet, on opposait alors foyer et travail, maternité et salariat, féminité et productivité et on ne concevait le travail féminin que pendant de courtes périodes avec un abandon de l’emploi salarié dès que les femmes se mariaient ou avaient des enfants. On ne concevait une reprise du travail pour ces dernières que si le salaire du mari était insuffisant, ce qui justifiait des emplois mal payés et non qualifiés 1085 . Aussi étaient-elles particulièrement nombreuses pour effectuer les travaux accessoires de l’industrie de la soie et on trouvait de bonnes raisons pour justifier un salaire plus faible en prétextant que les femmes avaient moins besoin de nourriture, qu’elles n’allaient pas au cabaret et qu’elles entretenaient elles-mêmes leurs vêtements 1086 .

Si l’industrie textile était avide de travail enfantin, elle l’était tout autant du travail féminin. Villermé a constaté dans son enquête, à Lyon, en 1836, que la fabrication des étoffes unies légères, qui n’exigeait pas l’emploi d’une certaine force physique, était presque toujours une spécialité féminine. A Saint-Etienne et à Saint-Chamond, il remarque aussi que les trois-quarts des 27 000 ouvriers de la Fabrique de rubans sont, en 1835, des femmes ou des enfants du même sexe 1087 . En 1848, les “rubanières” restent majoritaires dans les deux villes et pour l’ensemble du département de la Loire, les femmes qui travaillent pour la Fabrique de soieries sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes 1088 . A Saint-Chamond, elles sont particulièrement nombreuses dans les établissements de moulinage de la soie et dans l’industrie du lacet où, sous le second Empire, les 8 000 à 10 000 métiers mis en mouvement par des appareils hydrauliques sont uniquement surveillés par des femmes 1089 . La prépondérance féminine dans l’industrie textile s’est maintenue sous le second Empire puisqu’en 1866, les femmes représentaient environ 60 % des effectifs de l’industrie des rubans et velours stéphanois et de la Fabrique lyonnaise 1090 .

Pourquoi le travail féminin était-il si nécessaire à la Fabrique lyonnaise ? Quand les exportations vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni baissèrent à la fin des années 1830 et au début des années 1840, les fabricants lyonnais voulurent trouver de nouveaux débouchés sur le marché local en faisant tisser des déchets de soie et en produisant des tissus mélangés dont le prix était à la portée de la petite bourgeoisie de la ville. Pour cela, ils achetèrent un nouvel outillage, surtout pour tirer la soie du cocon et pour la torsion du fil. Ils purent ainsi fournir du travail pour les ouvriers moins qualifiés, augmentant surtout le nombre des canutes. Le nouveau matériel, métiers Jacquard adaptés, machines à vapeur, dévidoirs, fut installé dans de grands ateliers ou usines, propriété des soyeux lyonnais. Les filatures, où les bassines étaient chauffées à la vapeur, employaient entre cinquante et cent ouvrières venues des campagnes environnantes 1091 . Ces améliorations technologiques qui étaient onéreuses et la crise des années 1845-1847 provoquèrent non seulement la faillite de certains fabricants et la diminution de leur nombre, mais aussi la baisse des tarifs pour les chefs d’atelier et un chômage plus fréquent pour les ouvriers de la soie. Aussi, les ateliers familiaux qui ne pouvaient concurrencer les ateliers plus grands et les usines comme celles de la Sauvagère 1092 , sur les rives de la Saône, virent leur nombre diminuer. Les fabricants qui avaient besoin d’autres partenaires pour le travail de la soie et qui ne pouvaient investir pour construire de nouveaux bâtiments, trouvèrent une autre solution en finançant des ateliers installés dans les providences et les refuges qui étaient contrôlés par des congrégations religieuses 1093 .

Le nombre de femmes employées par la Fabrique augmenta donc en même temps que celui des machines, que ce soit à la suite d’installation d’ateliers dans les providences de filles ou dans les nouveaux établissements créés par les fabricants. Le phénomène s’est même intensifié au cours des années 1860 avec l’adoption de métiers à grande largeur où la navette volante était mue mécaniquement et exigeait moins de force 1094 . Quelles étaient les conditions de travail des ouvrières dans ces ateliers des soyeux lyonnais ? Au cours des années 1840, les fileuses 1095 travaillaient entre quatorze et seize heures par jour, moins le temps des trois repas. Les dimanches étaient les seuls jours de congé. Toutes les femmes employées à la filature travaillaient sous le contrôle d’un surveillant qui était toujours un homme. En dehors des fileuses, dans les ateliers en sous-sol ou au rez-de-chaussée, travaillaient les bourretaires qui participaient aux travaux préliminaires de la production de soie, dont la récupération de la soie à partir de cocons défectueux. Toutes ces ouvrières subissaient des atteintes graves à leur santé dans des ateliers dont les fenêtres étaient toujours hermétiquement fermées, pour éviter l’altération des soies. Dans les filatures, elles respiraient la puanteur due à la putréfaction de la chrysalide. Nous avons déjà évoqué les brûlures que devaient subir celles qui tiraient les filaments de soie. L’air confiné était responsable du pourcentage élevé d’ouvrières atteintes de tuberculose, en particulier celles qui travaillaient la bourre de soie. Quant aux ouvrières affectées aux métiers à tisser, leurs épaules se voûtaient et leur poitrine se creusait à cause de la posture devant le métier 1096 .Toutes ces ouvrières avaient les mêmes horaires et les patrons ne souhaitaient pas les changer. Ainsi, lorsque la loi du 9 septembre 1848 réduisit la journée de travail à douze heures pour les adultes, les mouliniers de Bourg-Argental, dans la Loire, envoyèrent une pétition au préfet en soulignant que les ouvrières qui commençaient leur journée à quatre heures du matin, la finiraient désormais à sept heures du soir au lieu de huit heures et auraient ainsi une heure de libre avant le souper sans surveillance, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour la moralité 1097 . Le sort de certaines ouvrières de la soie était-il plus enviable?  Il semble que celles qui étaient chargées des opérations le plus en amont du tissage de la soie, dévideuses, moulinières ou ovalistes qui préparaient les fils, effectuaient le travail le plus pénible et le moins rémunéré. Par contre, les remetteuses qui préparaient le tissage lui-même, ainsi que les tisseuses, étaient un peu plus favorisées 1098 . Quant à la femme du chef d’atelier stéphanois ou lyonnais, sa journée était également bien remplie puisqu’elle aidait son mari dans son travail sur le métier, mais elle pouvait user d’initiative et de responsabilité puisqu’elle servait d’intermédiaire entre son mari et les fabricants et rencontrait ce dernier ou le commis de barre au magasin 1099 .

A la campagne, l’industrie textile jouait aussi un rôle majeur pour les femmes puisqu’elle permettait leur pluriactivité : ainsi, dans le village de Bully, au sud de Roanne, et à Chérier, autre village au nord-ouest du département de la Loire, on trouvait également soixante tricoteuses de même qu’un chiffre comparable de dentellières, qui appartenaient souvent à des familles de cultivateurs 1100 . Les femmes étaient aussi présentes dans diverses autres industries : dans l’armurerie, pour le travail des bois de crosse, et dans les ateliers de limes et de râpes de la vallée de l’Ondaine où elles représentaient un tiers de la main d’œuvre 1101 . On les trouvait également dans l’industrie du bâtiment et les femmes étaient presque aussi nombreuses que les hommes dans l’industrie chimique à Lyon 1102 .

Dans les services, les femmes pouvaient exercer diverses activités, comme blanchisseuses, repasseuses etc. , et surtout comme domestiques ; mais plus de la moitié d’entre elles travaillaient dans l’agriculture. Là, leur condition pouvait varier considérablement 1103 entre la fermière-propriétaire, la vachère des hautes chaumes des monts du Forez, qui confectionnait beurre, fromage et filait la laine de ses moutons, et la journalière agricole. A Anse-en-Beaujolais, sous le second Empire, le salariat à la journée concernait les trois-quarts des femmes salariées agricoles, qui étaient filles de vignerons ou de journaliers et dont la famille avait des ressources insuffisantes. Embauchées jeunes pour un faible salaire, elles restaient peu de temps dans les fermes et vigneronnages d’Anse car elles étaient renvoyées lorsqu’adultes, elles étaient en droit d’être plus exigeantes 1104 . Un bon exemple de conditions de vie des journalières agricoles peut nous être fourni par le témoignage de Benoît Malon, théoricien du socialisme français. Il avait trois ans lorsqu’il a perdu son père en 1844, et que sa mère se loua à la journée dans une ferme près de Précieux dans la plaine du Forez, en laissant ses deux plus jeunes enfants, dont Benoît, à la maison. L’été, elle partait à trois heures du matin, et à quatre ou cinq heures au cours des autres saisons. Le soir, revenant à huit heures, elle effectuait donc, au minimum, un travail de quinze heures par jour, trajet compris, en étant nourrie et en gagnant dix sous par jour 1105 .

Les salaires des femmes étaient-ils beaucoup plus faibles que ceux des hommes ? Dans l’industrie textile, les salaires féminins 1106 représentaient en général entre le tiers et la moitié des salaires masculins : ainsi, à Saint-Etienne, dans la rubanerie, la dévideuse gagnait 9 centimes par jour en 1848, soit le tiers du gain du passementier alors que l’ourdisseuse, dont le travail consistait à réunir dans un certain ordre les fils de la longueur du tissu, gagnait 1,4 franc, soit la moitié du gain du passementier 1107 . Dans les autres branches d’activité, les salaires féminins pouvaient atteindre les deux tiers des salaires masculins comme dans la cordonnerie mais dans l’armurerie, ils n’en représentaient que le sixième 1108 . Cet écart de salaire entre les hommes et les femmes n’était pas remis en cause par les chefs d’atelier qui, au moment où ils désignèrent les providences où on travaillait la soie, dans les années 1840, comme leur ennemi privilégié, ne demandèrent pas que les religieuses dirigeant ces providences de filles augmentent les salaires des jeunes femmes qu’elles employaient 1109 . Tout en continuant à reprocher aux providences leur concurrence déloyale, ils persistèrent à réclamer pour eux-mêmes aux fabricants un tarif plus élevé.

La faiblesse des salaires féminins dans l’industrie conjuguée avec les périodes de chômage constituaient un problème insurmontable pour les femmes seules, qui explique les cas d’exploitation sexuelle et d’extension de la prostitution, en particulier à Lyon. Au cours des années 1840, un grand nombre de femmes qui furent arrêtées dans la ville pour cause de prostitution, étaient ouvrières en soie et près du tiers des jeunes filles atteintes de la syphilis et soignées à l’Antiquaille avaient aussi la même profession 1110 . A Saint-Etienne, parmi les mères des enfants qui étaient exposés, on trouvait également une forte proportion d’ouvrières du textile 1111 .

Il reste à nous interroger sur la participation des femmes à des manifestations 1112 et à des mouvements de grève pour améliorer leurs conditions de travail. En mars 1848, les femmes prirent largement part aux cortèges revendicatifs à Lyon, puisqu’il y eut quatre manifestations féminines dont une des ovalistes 1113 qui réclamaient une augmentation de leurs salaires et une réduction des heures de travail, et une manifestation des travailleuses sans ouvrage qui se rendirent à la préfecture de police pour réclamer à Arago, commissaire du gouvernement, l’ouverture d’ateliers nationaux féminins. Un atelier ouvert pour les canutes embaucha deux cents ouvrières et fut organisé grâce à Elisa Morellet et Aline Juif, épouses de deux avocats fouriéristes, influents auprès de la commission municipale 1114 . Par la suite, à la fin de l’année 1848, parmi les nombreuses coopératives de production et de consommation mises en place, figurent quelques coopératives d’ouvrières 1115 . Les ouvrières de la soie furent aussi à l’origine d’une vingtaine de grèves à la fin du second Empire, s’inscrivant dans la grande poussée gréviste de la région lyonnaise des années 1868-1870. Ces grèves eurent lieu de juin à août 1869, d’abord à Lyon, où il y eut plus de 2000 grévistes chez les ovalistes qui travaillaient dans de petits ateliers à la Croix-Rousse et des ateliers plus importants, en particulier aux Brotteaux, où le maître-moulinier Bonnardel avait entre cent et deux cents ouvrières. Les ovalistes, originaires surtout des campagnes au sud de Lyon, réclamaient deux heures de travail en moins, cinquante centimes de plus par jour et voulaient surtout être payées au temps comme les hommes. Leurs patrons utilisèrent des briseuses de grève piémontaises, l’expulsion du logement pour celles qui couchaient dans des dortoirs et l’arrestation de quelques ovalistes obtenue avec le soutien de la force publique. La grève se termina milieu juillet avec pour certains ateliers, l’obtention de deux heures de travail en moins, mais il n’y eut aucune augmentation de salaire. 1116 Dans la Loire, la grève partit de Saint-Etienne, à Valbenoîte, en juillet, puis gagna les fabriques des bourgs du Pilat, Pélussin, Maclas, Saint-Julien-Molin-Molette où il y eut 50 grévistes et Bourg-Argental où 1 200 tisseuses et ovalistes rejoignirent les maçons, les papetiers et les menuisiers en grève. Ces dernières ne cachèrent pas leur rancœur contre leur patron en disant qu’elles étaient ses “esclaves du temps et du prix” et eurent les mêmes revendications que leurs “sœurs” de Lyon. Par contre, les moulinières de Pélussin furent plus craintives et envoyèrent un télégramme au préfet pour lui demander l’autorisation de faire grève. Finalement, la plupart des patrons des fabriques du Pilat firent quelques concessions : à Bourg-Argental, où la grève avait occupé les deux premières semaines d’août, le salaire journalier devait passer de 1,4 franc à 1,55 franc et la journée de travail devait être réduite d’une heure 1117 .

Ce chapitre nous aura permis de décrire le monde du travail que Mgr de Bonald a découvert dans son diocèse de Lyon. Les paysans, qui représentent alors la majorité de la population et qui vivent jusqu’à la fin des années 1840 dans des campagnes très peuplées, pratiquent une agriculture routinière qui les contraint à exercer une autre activité, le plus souvent dans des métiers artisanaux très divers, depuis le travail du bois jusqu’à la serrurerie, ou dans le cadre de la Fabrique de soieries. La Fabrique, qui emploie des dizaines de milliers de travailleurs dans le Roannais et surtout dans les villes de Lyon et de Saint-Etienne de même que dans leur périphérie, inclut aussi une forme d’artisanat, dans la mesure où les chefs d’atelier, qui sont propriétaires de leur métier à tisser, transforment la soie en tissu ou étoffe qu’ils livrent au fabricant sur la base d’un tarif. Mais, pour faire face à la concurrence, les fabricants ne participèrent plus seulement à ce “domestic system”, mais s’intégrèrent à la grande industrie en créant leurs propres usines où ils installèrent de nouvelles machines. La grande industrie, regroupant les ouvriers en plus grand nombre, s’est aussi développée dans les régions lyonnaise et stéphanoise avec d’anciennes activités comme celle de la verrerie, ou de nouvelles comme celles des mines de charbon, de la métallurgie ou de la chimie, laquelle a prospéré en lien avec l’industrie de la soie.

La croissance économique dans la région, transformant les paysages, de Lyon à Firminy, en passant par Givors, Rive-de-Gier et Saint-Etienne, a aussi donné naissance à un monde du travail très divers où les relations humaines pouvaient être empreintes de paternalisme, même si les conditions de vie et de travail des salariés étaient, comme dans le reste de la France, très difficiles. La mécanisation a aussi augmenté considérablement le nombre des enfants au travail, pour lesquels une législation protectrice a été inopérante et surtout celui des femmes, nombreuses dans l’industrie textile, avec des salaires beaucoup plus faibles que ceux des hommes. Même pendant les périodes où le droit de coalition n’était pas accordé, les travailleurs salariés ont souvent utilisé la grève comme moyen de lutte. Les relations furent particulièrement conflictuelles, comme nous allons le vérifier, au sein de la Fabrique lyonnaise où les canuts surent s’organiser et promouvoir toutes les utopies susceptibles de trouver des réponses à la question du travail.

Notes
1084.

M.H. ZYLBERBERG-HOCQARD, “L’ouvrière”, Historiens et géographes, octobre 1995, pp. 265-274 (p. 265).

1085.

JOAN W. SCOTT,“ La travailleuse”, in G. FRAISSE et M. PERROT (dir.), Histoire des femmes en occident, T.IV, le XIX e siècle, Perrin, 2002, 765 p. (p. 480) .

1086.

M. H. ZYLBERBERG-HOCQARD, “Eclairage par l’histoire : de la paysanne à l’ouvrière : le pénible itinéraire du prolétariat féminin à travers la révolution industrielle”, Masses ouvrières, novembre – décembre 1980, pp. 15-21 (p. 19).

1087.

L. R. VILLERME, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, T. 1 …, pp. 384 et 402.

1088.

Y. LEQUIN, Les ouvriers de la région lyonnaise (1848-1914). La formation de la classe ouvrière régionale …, pp. 29 et 32.

1089.

A. AUDIGANNE, Les populations ouvrières et les industries de la France, Capelle, 1860, T. 2, 430 p. (p. 83)

1090.

J. LORCIN, …La région de Saint-Etienne de la grande dépression à la deuxième guerre mondiale …, T. 2, p. 313 et Y. LEQUIN, La formation de la classe ouvrière régionale …, p. 168.

1091.

Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class : Lyon 1830-1870, Eden Press, Women’s publications, Montréal, 1979, 161 p. (pp. 3-4-17-18). Les patrons de ces ateliers se munissaient de certificats délivrés par un curé de Lyon et, avec ces documents, se présentaient chez les curés de campagne du Dauphiné, du Bugey et de la Savoie. (N. TRUQUIN, Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la Révolution, Maspero, 1977, 278 p. (pp. 133-134).

1092.

Voir le chapitre 10 consacré aux usines-internats.

1093.

Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class : Lyon 1830-1870 …, p. 8. Nous évoquerons le problème des providences et des refuges dans les chapitres 8 et 10.

1094.

Y. LEQUIN, La formation de la classe ouvrière régionale …, p. 168.

1095.

Les femmes employées à la filature passaient les cocons au four et les séchaient, tiraient les filaments de soie, prenaient les filaments pour obtenir des fils, ou dévidaient les fils en échevaux.

1096.

Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class : Lyon 1830-1870 …Dans le chapitre II, l’auteur décrit le travail des canutes (pp. 17-32). N. TRUQUIN cite aussi l’exemple de jeunes filles tissant le satin dans un atelier de la Croix-Rousse, en 1857, et travaillant dix-sept heures par jour, dont la moitié devenaient poitrinaires avant la fin de leur apprentissage. (N. TRUQUIN, Mémoires et aventures d’un prolétaire à travers la Révolution …, pp. 133-134).

1097.

Les mouliniers pensaient par ailleurs que le travail des ouvrières qui consistait à surveiller le dévidage et à renouer les fils à mesure qu’ils se cassaient n’était pas fatiguant (N. BATHIE, Bourg-Argental, un actif foyer économique au XIX e siècle …, pp. 46-50).

1098.

Voir Jules SIMON, L’ouvrière, Hachette, 1876, 444 p. (pp. 42-45) et A. LIMOUSIN, réponse à la dixième question de l’enquête de 1848 concernant l’aisance ou l’indigence liée aux diverses branches du travail …, pp. 19-21.

1099.

Si le chef d’atelier Antoine Limousin affirme que la femme du chef d’atelier travaille comme une mercenaire, l’écrivain et homme politique Jules Simon pense que cette dernière travaille dans des conditions excellentes puisqu’elle est affranchie de toute surveillance, a ses enfants sous la main et reste maîtresse de partager son temps au mieux de ses intérêts (J. SIMON, p. 38 et A. LIMOUSIN …, p. 15).

1100.

R. HUBSCHER, “La pluriactivité : un impératif ou un style de vie ?” …, p. 78.

1101.

Yves LEQUIN (dir.), Rhône-Alpes. Cinq cents années lumière –Mémoire industrielle …, p. 310 et p. 156.

1102.

Y. LEQUIN, … La formation de la classe ouvrière régionale …, p. 169.

1103.

Toutefois, les propriétaires comme les journalières préparaient le travail des hommes et n’avaient pas accès généralement aux tâches nobles, comme celles de la vinification, dans les régions de vignobles (Sylvie. SCHWEITZER, Les femmes ont toujours travaillé. Une histoire du travail des femmes aux XIX e et XX e siècles, 330 p., Odile Jacob, 2002, p. 136).

1104.

Pierre GOUJON, “Le salariat agricole féminin à Anse-en-Beaujolais (1851-1872)”, in R. HUBSCHER et J. L. FARCY (dir.), La moisson des autres – Les salariés agricoles aux XIX e et XX e siècles, Créaphis, 1996, pp. 125-137 (p. 129). Il faut tout de même remarquer que le travail salarié agricole féminin a tendu à devenir marginal, à Anse, à une période de progrès agricoles et viticoles (p. 127).

1105.

Pendant l’hiver 1846-1847, particulièrement rude, la mère de Benoît Malon, qui ne pouvait plus travailler à la ferme, fut embauchée, comme d’autres veuves de Précieux qui avaient des enfants, pour ramasser des pierres dans les champs qui longeaient les grands chemins et les mettre sur ces derniers, après les avoir portés dans de lourds paniers (Claude LATTA, “Benoît Malon (1841-1893) : militant et théoricien du socialisme français”, cahier de 59 p. constituant le supplément n° 20 au numéro de Village du Forez de 1984).

1106.

A travail égal, les salaires féminins représentaient à peu près la moitié des salaires masculins : ainsi, les dessinatrices qui projetaient l’esquisse du ruban sur le papier gagnaient 2 francs par jour pour 4 francs accordés à leurs homologues masculins (P. GUILLAUME, “La situation économique et sociale du département de la Loire d’après l’enquête de 1848”…, p. 20)

1107.

A. LIMOUSIN, Enquête de 1848 …, p. 20. Le kilo de pain vaut alors plus de 30 centimes. A Lyon, au début des années 1860, les dévideuses qui travaillent pour des maîtresses d’atelier gagnent entre 1 franc et 1,25 franc par jour et celles qui travaillent pour des fabricants sont un peu plus rémunérées. (J. SIMON, L’ouvrière …, pp. 42-43).

1108.

P. GUILLAUME, “La situation économique et sociale du département de la Loire d’après l’enquête de 1848”…, p. 20)

1109.

Si les directrices des providences de filles avaient augmenté ces salaires, elles auraient exigé des fabricants de leur concéder un tarif plus élevé et alors, le travail des ateliers familiaux serait devenu plus compétitif (Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class : Lyon 1830-1870 …, p. 9). En 1869, quand les ouvriers s’occuperont du problème des ovalistes lyonnaises, ils ne se soucieront pas non plus d’égalité de salaire, puisqu’ils prôneront un salaire aux pièces pour les femmes et un salaire au temps pour les hommes. (Michelle PERROT, Préface de l’ouvrage de Claire AUZIAS et Annick HOUEL, La grève des ovalistes – Lyon, juin-juillet 1869, Payot, 1982, 182 p.).

1110.

L. STRUMINGHER, Women and the making of the working class …pp. 33-34 et E. DUCPETIAUX, De la condition physique et morale des jeunes ouvriers et des moyens de l’améliorer, Paris, Edition l’Histoire sociale, 1979, réimpression de l’édition de 1843, T. I, 444 p. (p. 391).

1111.

N. VERNEY-CARRON, Le ruban et l’acier …, p. 233.

1112.

Lors des événements de 1848, Monfalcon, dans ses annales, inaugure le mot manifestation dans le sens qu’on lui donne aujourd’hui (V. ROBERT, Les chemins de la manifestation …, p. 94).

1113.

Les ovalistes appelées parfois aussi moulinières surveillent le moulinage qui doit rendre le fil de soie, au sortir de la filature, propre au tissage ; elles surveillent en particulier le mouvement de la pièce centrale du moulin, appelée ovale, s’occupent des bobines, des fils cassés etc. (C. AUZIAS et A. HOUEL, La grève des ovalistes …, p. 11).

1114.

L. STRUMINGHER …, p. 35 et V. ROBERT …, pp. 95-96.

1115.

Une coopérative de production comprenait des services pour s’occuper des enfants (L. STRUMINGHER …, p. 35).

1116.

Le 29 juillet, la grève est déclarée close, mais depuis que la commission de grève des ovalistes avait déclaré le 11 juillet adhérer à l’Association Internationale des Travailleurs, le mouvement était allé decrescendo (C. AUZIAS et A. HOUEL, La grève des ovalistes … surtout les huit premiers chapitres).

1117.

B. PLESSY et L CHALLET, La vie quotidienne des canuts …, pp. 73-74.