2. Philanthropes et économistes explorent le monde ouvrier

Le 8 décembre 1831, Saint-Marc Girardin écrivait dans le “Journal des débats”, organe du ministère, que la reddition de Lyon avait montré une lutte au sein de la société “entre la classe qui possède et celle qui ne possède pas”, que “les barbares qui menacent la société ne sont point au Caucase ni dans les steppes de la Tartarie ; ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières 1258 ”. Cet article écrit quelques jours après la fin de la première insurrection lyonnaise, est révélateur d’une inquiétude des classes dirigeantes de la monarchie de Juillet concernant tout ou une partie du monde ouvrier. Le mot “barbare” s’appliquait, pour l’auteur de l’article, à des hommes que le défaut d’instruction et la vie précaire tenaient dans un état d’hostilité dangereux pour la société. On utilisait aussi pour qualifier ces derniers, les mots “sauvage, misérable, nomade”, et le ministre Thiers utilisait de préférence l’expression “multitude” 1259 . Le terme prolétariat n’apparaîtra dans le dictionnaire de l’Académie qu’en 1862, mais dès 1825, l’économiste Saint-Simon utilisa le mot prolétaire en l’opposant à celui de bourgeois et en 1843, l’ouvrier lyonnais Cœur, compositeur à ses heures, intitulait son livre : “Chansonnier du prolétaire 1260 ”. Le mot paupérisme, qui date du XIXe siècle, est sans doute celui qui est alors le plus apte à caractériser un type de population ouvrière qui inquiète. L’économiste catholique et ancien préfet du nord, Villeneuve-Bargemont, définissait le paupérisme comme “la détresse générale, permanente et progressive des populations ouvrières 1261 ”. Il le distinguait donc de la pauvreté comme un état individuel et le paupérisme représentait pour la bourgeoisie de 1840, sous son aspect collectif, un danger social. Aussi, Louis-Napoléon, qui pensait régner un jour, mais qui était, en 1840, emprisonné au fort de Ham, rédigea alors “L’extinction du paupérisme”. Voulant améliorer le bien-être du monde ouvrier, il pensait y parvenir grâce au progrès matériel, assuré par le libéralisme, à condition de tempérer, sur le plan social, avec une juste répartition des bénéfices, la concurrence et les lois du marché 1262 .

Au cours des dix premières années de la monarchie de Juillet et surtout en 1840, plusieurs ouvrages 1263 écrits à la suite d’enquêtes, publiés et couronnés par l’Institut ou des sociétés savantes, ont simultanément dénoncé la condition misérable dans laquelle vivait un grand nombre d’ouvriers. Les enquêtes de Buret et Frégier essaient d’y voir plus clair dans le milieu où se côtoient le crime et le paupérisme. S’ils se focalisent, comme d’autres médecins et philanthropes, sur le crime et la misère, c’est parce que la société leur apparaît comme un corps malade. Leurs enquêtes présentent de la même manière que la littérature la trace des préoccupations contemporaines : ainsi, les “Mystères de Paris” d’Eugène Sue, parus en feuilleton dans le “Journal des débats” en 1842, montrent comme Buret ou Frégier, une société affligée de plaies mystérieuses 1264 . Le livre de Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses, montre, en particulier à Paris, cette tendance des écrivains et des économistes à faire le lien entre la misère et la violence 1265 . Que penser, a priori, de ces descriptions misérabilistes et inquiétantes ? D’abord, il faut comprendre que la plèbe des grandes villes est facilement considérée comme un monde étrange par ceux qui l’étudient puisque les classes populaires sont alors exclues de la vie politique, ne participent pas à la culture écrite et n’ont pas de véritables droits sociaux 1266 . De plus, si on regarde du côté des classes dirigeantes, il y a à la fois une préoccupation concernant les dépenses provoquées par l’indigence et une crainte de la cassure de la société en deux blocs hostiles. Le danger vient à la fois du milieu ouvrier traditionnel à l’origine des insurrections lyonnaises et du nouveau prolétariat apparu sous la monarchie de Juillet et employé dans les nouvelles fabriques, les mines et les chantiers du chemin de fer. Pour les enquêteurs, ce nouveau monde ouvrier représente un danger pour la société parce qu’il constitue un foyer de pathologie sociale, minant la morale dominante 1267 .

Pour mieux mesurer l’enjeu et l’impact des enquêtes ouvrières qui se sont multipliées à partir de 1840, il convient de s’interroger sur leurs auteurs et la motivation des membres de l’Académie des sciences morales et politiques qui ont commandé les travaux. L’Académie avait créé une “mission économique” annuelle, financée par ses soins. En 1835, 1836, 1837, Villermé, médecin spécialiste des questions sociales, fut un des deux membres chargés de la mission avec pour objet la “constatation aussi exacte que possible de l’état physique et morale des classes ouvrières 1268 ” et, en 1840, le concours de l’Académie posa la question : “En quoi consiste la misère, par quels signes se manifeste-t-elle en divers pays, quelles sont ses causes ?”. Vingt-deux mémoires furent remis et les rapports rédigés par Villermé et Buret (voir note 1263) furent primés. Ces derniers montraient à travers leurs enquêtes sociales l’existence d’un problème nouveau, avec la misère qui apparaissait comme une réalité liée à l’industrialisation 1269 . Buret écrivait : “Cet amas grossissant des misères sociales a saisi les gouvernements d’une grande inquiétude et déconcerté tristement l’optimisme de la science de la richesse 1270 ”, et il donnait sa définition de la misère : “une pauvreté moralement sentie 1271 ”, ce qui supposait que la conscience de la souffrance était plus éveillée chez les ouvriers des villes. Le troisième auteur d’une enquête, en 1840, Frégier (voir note 1263), chef de bureau à la préfecture de la Seine, montrait, en décrivant la vie des ateliers et le vagabondage des enfants, comment, par contagion, les “ouvriers honnêtes et laborieux” étaient contaminés et attirés vers la “vie fainéante et criminelle” 1272 . Il y a une continuité et une même préoccupation dans toutes les enquêtes qui ont été effectuées des débuts de la monarchie de Juillet jusqu’à la deuxième République : des précurseurs, Villeneuve-Bargemont, Gérando, Morogues, aux successeurs de l’année 1840, jusqu’à l’enquête parlementaire du 25 mai 1848 et celle d’Adolphe Blanqui, chargé par l’Académie, en 1848, d’étudier “l’état moral et économique des populations dans les villes de Lyon, de Marseille, de Rouen et de Lille”, on retrouve la peur sociale et le désir de moraliser 1273 .

On peut se demander pourquoi tant d’intellectuels ont effectué des enquêtes sur la classe ouvrière pendant la monarchie de Juillet. Le soulèvement des canuts n’est pas la seule explication ; les groupes sociaux qui souhaitent la chute de Louis-Philippe, voient dans le prolétariat un instrument qui peut permettre de renverser le régime et les utopistes ont, à l’occasion, inspiré les études sur la main-d’œuvre française 1274 .Sous le Second Empire, de nouvelles enquêtes furent consacrées au monde ouvrier, mais l’orientation politique du régime ayant changé, elles s’employèrent souvent à réfuter celles de la monarchie de Juillet, en particulier quand il s ‘agissait de l’utilisation des statistiques des conseils de révision. Celles-ci avaient jusqu’alors servi à démontrer les méfaits des manufactures alors que Reybaud et Audiganne 1275 , par exemple, prouvèrent, au contraire les effets positifs de l’industrie sur le peuple, puisque la taille des nouvelles recrues de l’armée avait plus augmenté dans les régions d’industrie textile que dans les régions rurales 1276 .

L’Académie des sciences morales et politiques qui a aussi, par la suite, couronné les ouvrages d’autres enquêteurs comme Leroy-Beaulieu 1277 , a reçu parmi ses membres, en 1832, un publiciste et philosophe, le baron de Gérando (1772-1842) qui était alors un parfait représentant de l’élite bien pensante du pays. D’origine lyonnaise, il fut, à Paris, sous la monarchie de Juillet, un des proches du pouvoir en devenant vice-président du Conseil d’Etat et pair de France. Catholique, il s’intéressa aux questions sociales en tant que philanthrope : il avait fait partie de la Société chrétienne de Lyon et à Paris, il devint membre de la Société de la Morale chrétienne. En 1823, Louise Guisart, membre de cette société protestante, disait que la philanthropie était une “manière philosophique d’aimer et de servir l’humanité” 1278 . Les sociétés philanthropiques regroupaient surtout des chrétiens, mais la Société de la Morale chrétienne, une des plus importantes sociétés philanthropiques de la première moitié du XIXe siècle, fut fondée, en 1821, contre la Congrégation. Comme ses statuts prévoyaient l’admission des membres de toutes les communions, elle fut une œuvre suspecte pour l’Eglise, ce qui n’empêcha pas des catholiques éclairés, comme le baron de Gérando, d’en faire partie 1279 . Ce dernier, dans son traité “De la bienfaisance publique” paru en 1839, se montre un philanthrope habitué à continuer la tradition de l’ancestrale charité urbaine et assimile une large fraction de la population ouvrière à une population de mendiants 1280 . De plus, il n’accordait à l’indigent qu’un droit moral ; pour lui, le pauvre n’avait pas à réclamer une dette, mais à attendre un service 1281 , d’autant plus que la misère, inévitable, était due le plus souvent à la débauche et à l’intempérance. A la fin de son traité, de Gérando proposait comme remède, l’éducation religieuse et morale de la classe ouvrière et préconisait l’établissement de la part des riches vis à vis des pauvres, d’une protection qui prenne le caractère d’un patronage bienveillant et volontaire 1282 .

Ce patronage fut souvent préconisé par les auteurs des enquêtes ouvrières, par Villermé, et aussi par l’économiste et ingénieur Le Play (1806-1882)), éminence grise de Napoléon III et auteur d’une nouvelle méthode d’investigation pour ses enquêtes. Ce dernier avait entrepris, depuis 1835, une étude systématique des populations ouvrières des différents pays européens et, en 1848, il participa à titre d’expert à la Commission du gouvernement pour les travailleurs, présidée par Louis Blanc. En 1855, année où il fut apprécié par Napoléon III, après avoir réussi l’organisation de l’exposition universelle, il publia “Les ouvriers européens”, ouvrage dans lequel il présentait sa méthode d’observation par échantillonnage, qui provoqua beaucoup de réactions 1283 . L’année suivante, Le Play fonda la Société d’Economie Sociale, dont le but était d’observer partout la condition de personnes occupées de travaux manuels, et qui appliqua sa méthode. Cette société publia les résultats de ses recherches, qu’elle encouragea par des prix dans un recueil intitulé : “Les ouvriers des deux mondes”. Le Play était un libéral comme l’économiste Michel Chevalier qui faisait partie de la Société d’Economie Sociale et qui a négocié le traité franco-anglais de 1860. Dans la “Réforme sociale” qu’il publia en 1864, Le Play reprend l’essentiel de sa doctrine : il pense, comme Gérando, que la religion est le premier fondement de la société et que le patronage 1284 est un des meilleurs moyens de rétablir l’harmonie sociale car, exercé au profit des classes imprévoyantes, il permet la guérison du paupérisme 1285 . Le travail est pour lui, après la religion, le symbole qui élève le mieux l’humanité vers l’ordre moral et celui-ci sera fécond si on a affaire à une famille souche 1286 dans laquelle le père de famille pourra user de la liberté testamentaire et si on améliore la propriété individuelle 1287 . Finalement, en exaltant la famille, la religion et l’enracinement des autorités locales, Le Play a essayé de concilier les principes du libéralisme avec une conception du monde social fondée sur les liens domestiques. Il encourageait les familles paysannes et ouvrières à devenir propriétaires, parce qu’il pensait qu’ainsi, elles éviteraient les inconvénients de la société salariale 1288 . Il préférait des ouvriers dans une fabrique rurale et jouissant d’un lopin de terre entretenu par les autres membres de la famille à des ouvriers tournés vers l’activité industrielle, en milieu urbain, dont la souffrance pouvait être à l’origine d’un esprit révolutionnaire 1289 . C’est après 1871, que Le Play exercera sur les milieux catholiques sociaux l’influence la plus profonde en renforçant dans les classes dirigeantes l’idée de responsabilité vis à vis des classes inférieures.

Il reste à nous demander si les constats et les solutions de Gérando et Le Play recoupent entièrement ceux de l’élite bourgeoise du milieu du XIXe siècle. Tous, naturellement, défendent le libéralisme économique. Ils plaçaient les rapports entre les patrons et les ouvriers sur le plan individuel et il n’était pas question que l’Etat prenne les travailleurs à sa charge 1290 ni que ces derniers s’organisent de quelque façon que ce soit. Beaucoup, comme Villermé, étaient favorables au livret ouvrier 1291 , garant de leur fidélité et condamnaient comme Le Play et Audiganne, les coopératives de production. Ce dernier trouvait que le projet de “Société générale pour la fabrique de rubans”, réalisé en 1841, à Saint-Etienne, avait semé la discorde et qu’il était absurde de croire que les solutions des questions industrielles dépendaient de bouleversements sociaux 1292 . Au sein de la bourgeoisie industrielle, beaucoup avaient rencontré le paupérisme, comme le fabricant Peyret-Lallier, à Saint-Etienne,, qui reconnaissait que la vie était bien plus difficile dans les cités manufacturières où les denrées étaient plus chères ; mais ce dernier expliquait ce paupérisme, comme beaucoup d’économistes et de moralistes par “l’intempérance de l’ouvrier qui absorbait une partie de son salaire” 1293 . En tout cas, les classes dirigeantes étaient unanimes pour faire le constat d’une crise morale ouvrière, en particulier chez les enfants ouvriers, “moralement abrutis”, disait Montalembert 1294 , ce qui amena la société industrielle de Mulhouse à lancer, comme on l’a vu, une campagne en faveur de la réglementation du travail des enfants. La dangerosité morale du travail des femmes dans les ateliers ou les manufactures posait aussi un problème difficile à résoudre : “Si on veut que la mère reste au foyer”, disait Leroy-Beaulieu, “il faut souvent que la jeune fille travaille à l’usine : loi cruelle, mais inévitable 1295 ”. Le Play pensait avoir résolu ce dilemme en proposant le travail de toute la famille à la campagne, comme nous l’avons indiqué précédemment, car les revenus des femmes obtenus au logis dans les industries et les cultures domestiques valaient largement les salaires obtenus dans les ateliers. Les industriels qui misaient sur la faiblesse des salaires féminins n’appréciaient pas, évidemment, la théorie de Le Play.

Pour ce qui est des solutions pour résoudre le problème du paupérisme, beaucoup accordent, comme Gérando et Le PLay, une place majeure à la religion : pour Audiganne, le trouble moral qu’il a constaté à Lyon dans l’industrie, vient de l’altération du sentiment religieux ; les semences de rénovation sociale ne peuvent, dit-il, fructifier qu’à condition d’être répandues par des mains habiles. Il fait référence, alors, à l’archevêque de Lyon qui, dans son instruction pastorale du carême de 1853, “La religion doit régler et sanctifier l’industrie”, avait montré que la religion pouvait rapprocher les cœurs 1296 . Philanthropes et économistes s’accordent aussi à reconnaître l’importance de la vie de famille de même que l’accès à la propriété, qui, pour Jules Simon, permettrait aux ouvriers de se sentir impliqués dans la défense des intérêts généraux de la société 1297 . Tous, également, attendent de l’ouvrier, non seulement un attachement plus marqué à la religion, mais aussi à “la sobriété et l’économie 1298 ”. En définitive, les préoccupations et les solutions des philanthropes, économistes et autres enquêteurs que nous avons eu l’occasion d’évoquer sont très proches les unes des autres. Tous, concernant le problème du paupérisme, ont des solutions paternalistes susceptibles de ne pas remettre en cause le libéralisme économique. Seul le belge Ducpétiaux, même s’il se préoccupe de la moralisation de la classe laborieuse, envisage une intervention de l’Etat en demandant la création d’un ministère du progrès, et des initiatives des ouvriers, aboutissant ultérieurement à la mise en place d’une association générale des travailleurs 1299 .

Nous allons comparer maintenant les effets de la croissance industrielle de la région lyonnaise avec ceux de la région du Nord pour y retrouver la confrontation des points de vue de l’Eglise et des divers acteurs de la vie économique sur les problèmes du paupérisme.

Notes
1258.

Article cité par Fernand RUDE, Les révoltes des canuts – 1831-1834 …, pp. 71-72.

1259.

Louis CHEVALIER, Classes laborieuses et classes dangereuse à Paris dans la première moitié du XIX e siècle, Plon, 1958, 566 p. (pp. 455-458).

1260.

Ibid., pp. 458 et 500.

1261.

André-Jean TUDESQ, Les grands notables en France (1840-1849). Etude historique d’une psychologie sociale, T. II, 1964, 712 p. (p. 569). Le paupérisme n’a figuré qu’en 1878 dans l’édition du dictionnaire de l’Académie.

1262.

Serge BERNSTEIN et Pierre MILZA, Histoire du XIX e siècle, Hatier, 1996, 538 p. (p. 363).

1263.

Il s’agit des ouvrages de Louis VILLERME, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, Paris, J. Renouard, 1840, 2 volumes ; de Charles FREGIER, Des classes dangereuses de la population des grandes villes et des moyens de les rendre meilleures, Bruxelles, Méline, Cans et Cie, 1840, 2 volumes ; d’Eugene BURET, De la misère des classes laborieuses en Angleterre et en France : de la nature de la misère, de son existence, de ses effets, de ses causes et de l’insuffisance des remèdes qu’on lui a opposés jusqu’ici, avec les moyens propres à en affranchir les sociétés, Paris, Paulin, 1840, 2 volumes.

1264.

Judith LYON-CAEN, “Le romancier, lecteur du social dans la France de la Monarchie de juillet” …, pp. 20-21.

1265.

On voit souvent les ouvriers, vivant dans la misère, sortir de la légalité par le vol, l’abandon d’enfants, la prostitution, les rixes et le vagabondage

1266.

G. NOIRIEL, Les origines républicaines de Vichy …p. 56.

1267.

Christophe CHARLE, Histoire sociale de la France au XIX e siècle, Le Seuil, 1991, 392 p. (p. 57).

1268.

Bernard KALAORA et Antoine SAVOYE, auteurs de la postface de l’ouvrage : Ouvriers des deux mondes. Etudes publiées par la Société d’Economie Sociale à partir de 1856, sous la direction de Frédéric le Play, A l’enseigne de l’arbre verdoyant, 1983, 336 p. (p. 323).

1269.

A. DEWERPE, Le monde du travail en France – 1800-1950 …, p. 86 et p. 89.

1270.

LOUIS CHEVALIER, Classes laborieuses et classes dangereuses …, p. 157.

1271.

Ibid., p. 160.

1272.

A. DEWERPE, Le monde du travail en France – 1800-1950 …, p. 86.

1273.

Ibid., p. 89.

1274.

Michelet disait : “ils exagèrent les maux pour nous faire jouir plus vite de la félicité que leurs théories nous préparent”. (Gérard NOIRIEL, Les ouvriers dans la société française – XIX e -XX e siècle …, pp. 30-31)..

1275.

Louis REYBAUD, Etudes sur le régime des manufactures. Condition des ouvriers en soie, Lévy,1859, 396 p.Economiste et député sous la IIe République, Reybaud estimait que l’évolution vers les manufactures était inéluctable et qu’il fallait favoriser leur implantation en milieu rural pour freiner la trop forte industrialisation des villes. Armand AUDIGANNE, Les populations ouvrières et les industries de la France, Capelle,1860, T. 1, 404 p., T. 2, 430 p. Avocat et publiciste, Audiganne a été secrétaire de la Commission à l’Exposition universelle de 1850. Il admirait les progrès industriels, mais s’inquiétait du danger moral que faisait courir la grande usine (B. PLESSY et L. CHALLET, La vie quotidienne des canuts …, p. 278)

1276.

Gérard NOIRIEL, Les ouvriers dans la société française – XIX e -XX e siècle …, p. 270.

1277.

Paul LEROY-BEAULIEU, De l’état moral et intellectuel des populations industrielles et de son influence sur le taux des salaires (1868). Economiste et professeur au Collège de France, il défendait farouchement les idées libérales.

1278.

Jacqueline LALOUETTE, “Charité, philanthropie et solidarité en France vers 1848. Pour une histoire desmots et des doctrines”, in Jean-Luc MAYAUD (dir.), 1848, Actes du colloque international du cent cinquantenaire …, p. 206. Le mot “philanthropie” qualifie l’ensemble des actions et œuvres à finalité sociale, caritative ou humanitaire, qu’elles soient ou non d’inspiration religieuse. Mais, au sens spécifique, les œuvres “philanthropiques” sont des œuvres neutres ou inter confessionnelles étrangères à tout objectif spirituel ou missionnaire. [CATHERINE DUPRAT, Usage et pratiques de la philanthropie. Pauvreté, action sociale et lien social, à Paris, au cours du premier XIX e siècle, Comité d’histoire de la Sécurité sociale, Paris, 1996, T. I, 574 p. (p. V de l’avant-propos)].

1279.

La Société fut fondée contre “les tendances rétrogrades” et le “hideux fanatisme” de certaines œuvres catholiques : Journal de la Société de la Morale chrétienne, IIIe série, tome VII, 1847, p. 121 (J. LALOUETTE …, pp. 206 et 219). Au début de la Restauration, les œuvres confessionnelles, à Paris, ne sont pas encore les plus nombreuses et les sociétés de bienfaisance ont un recrutement diversifié, qui s’étend bien au-delà des militants des églises, d’où leur succès.

1280.

L. CHEVALIER, Classes laborieuses et classes dangereuses …, pp. 154-155.

1281.

Comme le vicomte de Melun, forte personnalité du catholicisme social des milieux conservateurs, il aurait apprécié l’article 13 de la Constitution, en 1849, qui accordait la liberté du travail et non le droit au travail, car ce droit, pour de Melun, aurait donné “aux ouvriers et aux pauvres une sorte d’hypothèque sur la fortune de la France” (Jacqueline LALOUETTE, “Charité, philanthropie et solidarité en France vers 1848”, pp. 207 et 220.

1282.

André-Jean TUDESQ, Les grands notables en France (1840-1849). Etude historique d’une psychologie sociale, T. II, pp. 568-569, 573-574. De Gérando avait, toutefois, milité, en 1841, à la Chambre des Pairs, pour le vote et la loi limitant le travail des enfants (Pierre PIERRARD, L’Eglise et les ouvriers en France …, pp. 188-189).

1283.

La science sociale de Le Play rompait avec la méthode d’investigation de Villermé, approuvée par l’Académie et qui procédait, avant toute conclusion, à une étude de la population considérée. Audiganne reprocha à Le Play de généraliser à partir d’exemples pris arbitrairement dans la masse. (Bernard KALAORA et Antoine SAVOYE, in Ouvriers des deux mondes. (1983) …, pp. 322-328). Ainsi, Le Play, après avoir réalisé des monographies d’ouvriers ruraux en Angleterre, France, Espagne et Allemagne, en a déduit sa préférence pour la condition des ouvriers ruraux de ces trois derniers pays [FREDERIC LE PLAY (1806-1882), Textes choisis et préface par Louis BAUDIN, Dalloz, 1947, 314 p. (p. 274)].

1284.

Pour lui, le patronage était l’ensemble des idées, des mœurs et des institutions qui tenaient plusieurs familles groupées, à leur satisfaction, sous l’autorité d’un patron (Jean FOMBONNE, Personnel et DRH – L’affirmation de la fonction Personnel dans les entreprises (France, 1830-1990) …, pp. 134-135).

1285.

FREDERIC LE PLAY (1806-1882), Textes choisis …, p. 277.

1286.

Le père de famille associe un seul des enfants au travail familial.

1287.

Bernard KALADORA et Antoine SAVOYE, in Ouvriers des deux mondes. (1983) …, p. 330.

1288.

G. NOIRIEL, Les origines républicaines de Vichy …pp. 52-55.

1289.

A. DEWERPE, Le monde du travail en France – 1800-1950 …, p. 83.

1290.

Prenant un exemple de solution efficace pour aider les ouvriers sans travail, Villermé cite la décision de la commission de prévoyance et de travail mise en place par le préfet de Lyon en 1836. Celle-ci, tout en accordant une subvention, a traité avec des entreprises qui ont payé les ouvriers à la tâche, au lieu d’organiser, comme à l’habitude, des ateliers de travaux publics (L.R.VILLERME, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, T. 2 …, pp. 193-194).

1291.

Ibid., pp. 140-141. Villermé affirme que le livret est peut-être le meilleur moyen pour moraliser les ouvriers et que les bons ouvriers y sont très attachés.

1292.

ARMAND AUDIGANNE, Les populations ouvrières et les industries de la France … T. 2, pp. 123-126.

1293.

André-Jean TUDESQ, Les grands notables en France (1840-1849) …, T. II, pp. 570-573. Dans la conclusion de son ouvrage, Villermé explique la misère ouvrière par la dépense d’une partie des gains de l’ouvrier au cabaret, ce dont certains maîtres sont en partie responsables à cause des prêts qu’ils font à leurs ouvriers (LOUIS VILLERME, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers…, T. 2, pp. 355 et 363).

1294.

Discours de Montalembert à la Chambre des Pairs, cité par A. DEWERPE, Le monde du travail en France – 1800-1950 …, p. 82.

1295.

Cité par C. AUZIAS et A. HOUEL, La grève des ovalistes …, p. 143.

1296.

Armand AUDIGANNE, Les populations ouvrières et les industries de la France …T. 2 , p. 69.

1297.

Jules SIMON, L’ouvrière …, p. 312.

1298.

Moyens préconisés par le bulletin de la société industrielle de Saint-Etienne (cité par André-Jean TUDESQ, Les grands notables en France (1840-1849) …, T. II, 423 p., [p. 574]).

1299.

Edouard DUCPETIAUX, De la condition physique et morale des jeunes ouvriers et des moyens de l’améliorer …, T. II, p. 319. Ducpétiaux était inspecteur général des prisons et des établissements de bienfaisance. Il était membre également de la commission chargée de préparer le projet de loi sur le travail des enfants en Belgique.