2. Cabet, Proudhon et Flora Tristan : un socialisme plus populaire ?

En dehors des théories de Fourier et de Buchez dont nous étudierons l’impact à la fin du chapitre, trois autres courants socialistes ont été influents dans la région lyonnaise : celui de Flora Tristan (1803-1844) et surtout ceux d’Etienne Cabet (1788-1856) et de Pierre Joseph Proudhon (1809-1865). Dans leur désir de transformer la société, tous trois ont cherché à nouer le contact avec les ouvriers et venaient dans les ateliers lyonnais donner de l’animation aux réunions “en exposant leurs idées, leurs systèmes et en répondant aux objections qui leur étaient faites 1395 ”.

L’idéologie communiste néo-babouviste prit le pas sur le saint-simonisme dans le milieu ouvrier lyonnais à partir du milieu des années 1830. Le révolutionnaire français d’origine italienne, Buonarrotti, avait fait connaître le système de Babeuf, dont il était le disciple avec son histoire de la “Conspiration pour l’égalité”, dite “de Babeuf” (1828). Le programme de Babeuf, prônant la mise en place d’une communauté de biens après l’installation d’une dictature révolutionnaire, pouvait séduire par sa simplicité. Le chef d’atelier, Joseph Benoît, fut un des plus ardents propagateurs du néo-babouvisme à Lyon ; il organisa la “Société des fleurs” en 1836, qui eut une courte existence, puis la “Société des égaux”, qui disparut en 1843, à cause de désaccords entre ses membres 1396 . Les communistes de la “Société des égaux” étaient en relation avec Pierre Leroux, favorable au partage égalitaire et fraternel, qui vint s’adresser à eux au cours d’un voyage à Lyon 1397 .

La “Société des égaux” de Benoît était fortement concurrencée par l’apôtre communiste dijonnais, Etienne Cabet 1398 , qui propageait ses idées dans son journal “Le Populaire”, lancé en 1833. Albert, au nom de la section lyonnaise de la “Société lyonnaise des droits de l’homme” était allé le consulter en février 1834, au moment d’une grève importante 1399 . Mais la popularité de Cabet se développa surtout après la parution de son ouvrage Voyage en Icarie (1840). Dans la description utopique qu’il faisait d’une société communiste achevée, les canuts appréciaient ses idées sur la communauté des biens, des travaux et des devoirs, de même que sur la réglementation des heures de travail par la République 1400 . La formule “A chacun selon ses besoins – De chacun selon ses forces” leur convenait également. La perspective d’une amélioration matérielle des classes les plus déshéritées séduisait les ouvriers de la petite industrie concurrencée par le machinisme car Cabet ne voulait pas un trop grand nombre de machines dans le système de la communauté 1401 . Non seulement Cabet était un communiste pacifique, mais il était aussi en désaccord avec les néo-babouvistes à propos du type de communauté à mettre en place. Il ne souhaitait pas comme ces derniers une communauté vivant dans la sobriété et la frugalité, mais une communauté profitant des progrès de l’industrie, à condition que l’homme ne soit que directeur des machines, afin que le travail reste agréable 1402 . Cabet avait dans le Rhône des correspondants qui l’informaient et recevaient ses instructions : des ouvriers en soie dont Coignet qui fonda en juin 1841, le journal “ Le travail, organe de la rénovation sociale”, des tailleurs et des cordonniers 1403 . Au milieu des années 1840, un sixième des abonnés au “Populaire” habitait dans l’Isère, la Loire et le Rhône : Givors et Rive de Gier étaient deux des fiefs communistes icariens avec respectivement 24 et 10 abonnés 1404 . Si Cabet essaya, en vain, au cours de sa venue à Lyon, en juillet 1844, de ramener dans son obédience les dissidents néo-babouvistes, l’enthousiasme icarien fut à son comble quand, deux ans plus tard, il annonça son intention l’aller en Amérique réaliser son roman 1405 .

On ne sait pas si des ouvrières appréciaient les idées de Cabet, mais on constate que son pamphlet “La femme” publié en 1848, ne fait pas de distinction entre la situation des ouvriers et la précarité spécifique du travail féminin. Il voit seulement dans la société une majorité pauvre et une minorité riche et ses voyages à Lyon ne l’ont pas amené à prendre conscience du grand nombre d’ouvrières embauchées avec des salaires très bas 1406 . Dans le domaine religieux, Cabet restait dans la tradition déiste des socialismes utopiques ; il voyait seulement dans le Christ un prolétaire et un communiste et prônait un culte sans temple, sans rites ni prêtres, se contentant d’un banquet de communauté 1407 . Aussi, le journal catholique, “La Gazette de Lyon” reprochait-elle aux condisciples de Cabet une doctrine immorale, se rapprochant de l’athéisme. Leur était reproché également le manque de liberté laissé par l’Etat dans l’organisation du travail. Les communistes répondirent dans la “Tribune lyonnaise” qu’un communiste devait être vertueux et qu’il leur semblait impossible de contester que l’homme fût appelé à vivre heureux sur la terre sans mettre en doute la justice divine 1408 .

Proudhon qui, comme Cabet, a suscité un enthousiasme populaire 1409 , s’est opposé à ce dernier et aux socialistes utopiques en leur reprochant de mêler Dieu qui, pour lui, représentait le mal, à leurs projets 1410 . Comme Fourier, Proudhon a été marqué par le milieu du travail lyonnais. Après avoir exercé diverses professions, en particulier dans l’imprimerie 1411 , dans sa ville natale , Besançon, en Suisse et dans le sud de la France, il vint à Paris en 1840 pour faire paraître son second mémoire sur la propriété et, en avril 1843, ayant trouvé un nouveau travail, il s’installa à Lyon pour quatre ans. On lui avait offert une place de chef du contentieux dans l’entreprise des frères Gauthier 1412 qui assurait un transport de houille par le canal du Rhône au Rhin. Il avait l’occasion, après avoir, le soir, quitté son bureau du quai Sainte-Marie-des-Chênes, dans le quartier Saint-Paul, de nouer contact avec des ouvriers mutuellistes qui, après la secousse de 1831 et de 1834, fréquentaient des sociétés secrètes et commençaient à se réorganiser 1413 . Proudhon a été fortement marqué par le type de mouvement associatif discuté et élaboré dans le milieu ouvrier de la Fabrique depuis le début des années 1830, puisqu’il a baptisé son système le mutuellisme. Un article de “L’Echo de la Fabrique”, à Lyon, du 1er décembre 1833, évoquant une administration générale du travail en germe dans les diverses associations ouvrières, et la nécessité d’une confédération, n’anticipait-il pas sur les théories de Proudhon ? 1414

Hostile à l’Etat et au profit du capital 1415 , Proudhon préconise un système mutuelliste avec des ateliers autogérés, liés par des contrats librement conclus. Les producteurs de ces ateliers élaborent en commun des règlements, participent aux bénéfices, mais aussi aux charges de leur société de production 1416 . Pour Proudhon, chaque propriété est mutuelliste et fédérative et la fédération des propriétés mutuellistes constitue la société économique mutuelliste des travailleurs. Sur le plan international est prévue aussi une confédération mutuelliste, alliant des groupes de sociétés économiques nationales 1417 . Mais Proudhon préfère la mutualité consistant dans l’échange de bons offices et des produits à l’association, groupement des forces et communauté des travaux : il veut surtout éviter tout impérialisme et tout communisme et souhaite que chaque producteur conserve son entière indépendance d’action 1418 .

A la critique de l’Etat et du libéralisme économique, qui prône le profit capitaliste, Proudhon ajoute celle de l’Eglise catholique. Au début de son séjour à Lyon, il écrivait qu’il ne lui convenait guère de vivre dans cette cité qui présentait “un mélange de population débauchée et bigote 1419 ”. Si Proudhon admire Jésus dont l’enseignement était, pensait-il, uniquement social et se considère comme son disciple, qui va compléter son travail d’amélioration de la condition humaine, il affirme que le christianisme n’a pas 25 ans à vivre. Il s’en prend surtout au christianisme des théologiens qui lui apparaît comme une négation du moi humain et constate que l’habitude d’obéir et de croire chez le prêtre produit un engourdissement de ses facultés 1420 . Proudhon, qui accorde une très grande valeur au travail, ne peut supporter que celui-ci soit considéré par l’Eglise comme la rançon du péché originel et il reproche aussi à cette dernière de mal interpréter des textes bibliques. Il a pris prétexte des conférences de Carême du R.P. Lacordaire qu’il a suivies à la primatiale Saint-Jean à Lyon en 1845 pour publier dans la “Revue indépendante”, en mars 1845, un article intitulé : “Le Miserere ou la pénitence d’un Roi. Lettre au R.P. Lacordaire sur son carême de 1845”. Proudhon y critiquait les prédicateurs qui, d’après lui, prétendaient établir un lien entre le Vieux et le Nouveau Testament 1421 . Trois jours plus tard, Proudhon a réagi également en exégète en reprochant à Lacordaire, qui avait comparé le socialisme à l’Antéchrist, de se méprendre sur le sens du mot pauvreté en affirmant d’après l’évangile, qu’il y aurait toujours des pauvres. Il lui a rappelé que dans la langue sainte, le mot pauvreté signifiait toute sorte d’affliction et non pas chômage 1422 . Au sujet de cette pauvreté, Proudhon protestait contre l’exploitation abusive de la charité chrétienne et constatait qu’économistes, hommes d’Etat et possédants disaient au peuple : travaille ! Puis, lorsque le paupérisme s’étendait, “ils proposaient des prix pour l’extinction de la mendicité et donnaient des bals pour les pauvres 1423 ”.

Proudhon qui a pu rencontrer Flora Tristan, au cours de réunions ouvrières, lorsqu’elle séjourna à Lyon, en 1844, disait de la militante socialiste qu’elle était folle 1424 . Cette dernière, qui le rejoignait dans son anticléricalisme et dans la place accordée au travail, ne pouvait pas, évidemment, apprécier sa misogynie, puisque “bien loin d’applaudir à ce qu’on appelle aujourd’hui émancipation de la femme”, il inclinait plutôt “s’il fallait en venir à cette extrémité, à mettre la femme en réclusion” 1425 . Flora Tristan, qui perdit son père à l’âge de quatre ans, connut avec sa mère, à Paris, le dénuement et dut entrer à dix-sept ans comme ouvrière dans l’atelier d’un graveur lithographe 1426 . Après avoir épousé ce dernier, elle eut une vie conjugale très mouvementée 1427 et réussit, au milieu des années 1830, à parfaire son autonomie financière en commençant une carrière d’écrivain.

Dans sa première œuvre importante éditée en 1838, Pérégrinations d’une Paria (1833-1834), Flora Tristan souligna la nécessité de l’affranchissement de la femme par l’affranchissement social 1428 et elle devint plus connue à Paris grâce à son ami, le peintre Jules Laure qui l’introduisit dans le monde littéraire et artistique. Son voyage à Londres, en 1839, fut déterminant pour sa foi socialiste et son engagement en faveur des opprimés, car elle y rencontra les chefs du chartisme, mouvement ouvrier anglais, et y découvrit la misère dans les manufactures, les prisons et les bas fonds de la prostitution. Elle consigna ses souvenirs dans son livre Promenades dans Londres (1840), où elle prédisait la révolution sociale 1429 .

Rentrée à Paris, Flora Tristan fréquente et reçoit des militants ouvriers qui veulent réformer le compagnonnage, comme le forgeron Gosset, et l’ouvrier menuisier Perdiguier. Elle retient dans leurs livres 1430 l’idée d’union universelle des ouvriers et des ouvrières qui va inspirer son ouvrage intitulé “L’Union ouvrière” ; mais elle va rencontrer beaucoup d’obstacles avant de pouvoir le faire éditer une première fois en 1843 : en effet, non seulement ses premiers éditeurs refusèrent un ouvrage projetant une association de tous les ouvriers dont les membres, aidés par les patrons, financeraient des centres d’instruction et d’entraide 1431 , mais des ouvriers lui reprochèrent de les dénigrer en évoquant dans son livre leur fréquentation des cabarets 1432 . Flora Tristan, personne exaltée, d’une extrême sensibilité et qui croit à la sainteté de sa mission, ne craint pas de dire et d’écrire ce qu’elle pense 1433  ; aussi ne fut-elle pas toujours bien accueillie lorsqu’elle parcourut les rues de Paris afin de trouver de l’argent pour la publication de l’“Union ouvrière”. Finalement, deux éditions de l’ouvrage furent publiées à Paris, la première en 1843 et la deuxième en janvier 1844, grâce à des souscriptions, en majorité individuelles 1434 . Une troisième fut imprimée à Lyon en juin 1844 “aux frais de travailleurs lyonnais”, grâce surtout aux souscriptions collectives et anonymes d’ouvriers, car entre temps, Flora Tristan, qui avait entamé un Tour de France pour faire connaître son livre et son projet d’union ouvrière, avait porté sa bonne parole chez les ouvriers lyonnais 1435 . Après un premier voyage à Bordeaux en septembre 1843, pour aller visiter des correspondants de province, elle commença son tour de France le 12 avril 1844 à Auxerre, pour le terminer à Bordeaux, où elle mourut le 14 novembre 1844.

Elle séjourna fréquemment dans les trois principaux centres ouvriers de la Loire et du Rhône, du 2 mai au 7 juillet, en particulier à Lyon, où, peu de temps après son arrivée, le procureur général informait le garde des Sceaux de son action menée dans la ville 1436 . Elle a pu vérifier la condition des ouvriers tisseurs en proie à un chômage fréquent, comparer le coût de la vie, plus élevé à Lyon qu’à Roanne et comparer la durée du travail, plus longue en général à Lyon qu’à Paris. La visite d’ateliers d’ourdissage, à Saint-Etienne, où travaillaient des ouvrières, et surtout de deux ateliers-caves de tissage et de filature à Roanne, où les conditions de travail étaient particulièrement éprouvantes, l’ont révoltée 1437 . A Lyon, elle retrouvait fréquemment des ouvriers en soie après la journée de travail : un ouvrier venait la chercher à huit heures et ensemble, ils montaient à la Croix-Rousse, “vraie croix !, écrit-elle, où le pauvre prolétaire est crucifié vingt heures sur vingt-quatre 1438 ”. Au cours des premières rencontres, Flora Tristan a été découragée et a eu l’impression d’être incomprise par des ouvriers qui acceptaient leur sort ; mais, par la suite, elle a apprécié l’esprit d’initiative des chefs d’atelier qui s’associaient et lisaient des ouvrages d’économie, parfois, même, en tissant 1439 . Finalement, à l’issue de son séjour dans la ville, elle était pleine d’admiration pour le peuple de Lyon, fier, éclairé et digne dans la misère : à ce sujet, elle a pu vérifier que chaque jour, plus de la moitié des ouvriers recevaient des aumônes diverses alors qu’aucun d’entre eux n’était inscrit au bureau de charité 1440 . Flora Tristan a éprouvé moins de satisfaction auprès des ouvriers de Roanne et de Saint-Etienne, venus de la campagne ou de la montagne et souvent analphabètes. A Saint-Etienne, même les chefs d’atelier, dit-elle, n’ont pas compris ce que signifiait le “droit au travail 1441 ”.

Dans ses notes pour le livre futur concernant son tour de France, Flora Tristan proclame le “droit de vivre en travaillant” que tout être apporte en naissant mais elle pense que la loi doit d’abord assurer le droit au travail au lieu de donner la priorité à son organisation 1442 , comme elle le reproche à certains théoriciens socialistes. Si elle eut d’assez bonnes relations avec les ouvriers réformateurs du compagnonnage qui appréciaient son programme d’émancipation des ouvriers, elle reprocha au saint-simonien Enfantin de confondre organisation du travail et organisation de l’armée dans son livre “De la colonisation de l’Algérie 1443 ”. Elle fut surtout incomprise par les Icariens qu’elle rencontra à Lyon et par les rédacteurs buchéziens de l’“Atelier” avec lesquels elle ne put obtenir une entrevue pour présenter son livre 1444 . Ses relations avec les Fouriéristes furent meilleures : Considérant, avec lequel elle correspondait, rendit hommage, dans son journal “La Phalange”, à une des femmes les plus douées pour la cause sociale 1445 . Celle-ci qui, pour ses centres d’instruction et d’entraide, appelés palais de l’union ouvrière, s’était inspirée du phalanstère fouriériste, reprochait tout de même à Considérant de ne pas proposer de réalisation pratique 1446 .

Les saint-simoniens ont, pour leur part, influencé le féminisme de Flora Tristan qui voyait les travailleurs trouver en elle une femme venue pour les servir, la Femme-Guide telle qu’elle l’avait rêvée 1447 . Celle-ci avait prévu que les garçons et les filles accueillis dans les palais de l’union ouvrière recevraient une partie de l’argent gagnée par leur travail et que tous recevraient un salaire égal pour un travail égal. Elle affirmait que, de toute façon, donner une moitié de salaire aux femmes mettait en danger, à long terme, les emplois de tous les hommes 1448 .

Si Flora Tristan se considère comme la Femme-Guide, la femme envoyée par Dieux 1449 , elle ne peut bien sûr, adhérer à l’idéal féminin du christianisme d’après lequel la femme doit se montrer un être plein d’abnégation. Dans le catholicisme, elle méprise particulièrement la religion populaire : ce fut un spectacle douloureux pour elle de voir les églises “remplies de peuple, femmes, hommes, enfants 1450 ”, que ce soit à Lyon ou à Saint-Etienne. Elle pensait que l’affranchissement des prolétaires n’était pas possible tant que le clergé incitait le peuple à la résignation, aussi demandait-elle aux prêtres, dans “L’Union ouvrière”, de prendre leur place parmi le peuple et de marcher à sa tête 1451 . Leur archevêque, Mgr de Bonald, avait eu une entrevue avec Flora Tristan, à l’archevêché, le 10 juin 1844, qui s’était soldée par une totale incompréhension entre les deux interlocuteurs 1452 . Celle-ci se rappela un peu plus tard la partie de leur conversation qui avait trait à l’aumône et qui montre bien que leur idéal concernant le monde ouvrier ne pouvait se rejoindre : à l’archevêque qui voulait lui démontrer l’importance des aumônes dont la suppression un seul jour, dans la ville, pouvait y déclencher, affirmait-il, la révolution, la militante socialiste s’était fait violence pour ne pas lui répondre : “Oh ! Mgr, supprimez-les ! Vous rendrez là un service dont les générations vous seront bien reconnaissantes 1453 ”. Flora Tristan considérait Mgr de Bonald comme son plus grand ennemi 1454 et seuls, quelques prêtres catholiques libéraux du collège d’Oullins trouvèrent grâce à ses yeux, en particulier l’abbé Tranchant, qu’elle rencontra à Lyon. En effet, ce dernier, ainsi que quelques autres catholiques, comme nous allons le constater, avait adopté l’idéologie fouriériste.

Notes
1395.

JOSEPH BENOIT, Confessions d’un prolétaire, Lyon, 1871, présentées par Maurice Moissonnier, Editions Sociales, 1968, 310 p. (p. 75). Joseph Benoit (1812-1880), ouvrier en soierie puis chef d’atelier à Lyon, était dans la mouvance communiste babouviste.

1396.

Maximilien BUFFENOIR, “Le communisme à Lyon de 1834 à 1848”, Revue d’Histoire de Lyon, T. VIII, 1909, pp. 347-350. Il y avait aussi, à Lyon, au début des années 1840, une autre société d’inspiration communiste, la “Société de l’avenir” (ibid., p. 350).

1397.

Lamennais écrivit à Mme Yéménix, dame d’œuvres qui tenait un salon littéraire à Lyon, en lui demandant si les ouvriers de Lyon étaient des communistes, puisque 25 canuts de la Croix-Rouse s’étaient abonnés à la “Revue indépendante” fondée par Pierre Leroux et George Sand. (Idem, p. 351) Installé à Boussac, dans la Creuse, en 1844, où il devint imprimeur, Leroux essaya d’expliquer ses idées en fondant une société égalitaire. (PIERRE PIERRARD, L’Eglise et les ouvriers en France (1840-1940) …pp. 137-138).

1398.

Etienne Cabet, ancien avocat, procureur destitué considéré comme républicain, devint député de la Côte d’Or en 1831. Après que son journal “Le Populaire”, républicain, eût été condamné en 1834, Cabet s’exila à Londres où il resta jusqu’en 1839. Il fut surtout connu grâce à son livre “Voyage en Icarie” édité en 1842 et qui connut quatre rééditions jusqu’en 1848. (Jean MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français – Première partie : 1789-1864, T. III, …, pp. 333-336).

1399.

Maximilien BUFFENOIR, “Le communisme à Lyon de 1834 à 1848” …, p. 351.

1400.

Claude LEVY, “Les ouvriers en soie de la Fabrique lyonnaise de 1835 à 1848”, 1848 et les Révolutions du XIX e siècle, été 1947, T. XXVIII, p. 38.

1401.

J. MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Première partie : 1789-1864, T. III, …, p. 334.

1402.

Ibid., p. 334.

1403.

M. BUFFENOIR, “Le communisme à Lyon de 1834 à 1848”,… pp. 351-353.

1404.

Dans la mesure où un abonnement au “Populaire” correspondait à un vingtaine de lecteurs, on peut en conclure une bonne pénétration des idées de Cabet chez les ouvriers verriers et métallurgistes givordiens et ripagériens (J. MOURIER, La presse à Saint-Etienne de 1825 à 1848 …, p. 154 et Vincent ROBERT, “Eviter laguerre civile : la région lyonnaise au printemps 1848”, in 1848, Actes du colloque international du cent cinquantenaire …, p. 316). Coeffé, fabricant de formes pour chaussures, un des plus ardents propagandistes de Cabet à Lyon puis à Vienne, réussit dans cette dernière ville à rassembler un groupe de communistes icariens de quatre à cinq cents membres. (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français : 1789-1864, T. III …, p. 479).

1405.

M. BUFFENOIR, “Le communisme à Lyon de 1834 à 1848”…, pp. 354 et 357. Des départs de Lyon s’organisèrent dès 1847 mais Cabet ne partit rejoindre le groupe icarien installé en Amérique qu’en décembre 1848.

1406.

Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class . Lyon 1830-1870 …, pp. 46-48.

1407.

Frank Paul BOWMAN, Le Christ des Barricades (1789-1848) …, pp. 208-210.

1408.

M. BUFFENOIR, “Le communisme à Lyon de 1834 à 1848”…, p. 355

1409.

Au moment des événements de 1848, les idées de Proudhon se répandaient plus à Saint-Etienne où un banquet avait eu lieu en son honneur en 1847, que celles des fouriéristes ou des buchéziens (J. MOURIER, La presse à Saint-Etienne de 1825 à 1848 …, p. 154).

Elu député de la Seine lors d’une élection complémentaire le 5 juin 1848, Proudhon échoua lors de l’élection législative du 13 mai 1849 mais obtint tout de même 85 000 voix [J. MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Première partie : 1789-1864, T. III, …, pp. 257-258].

1410.

Frank Paul BOWMAN, Le Christ des Barricades (1789-1848) …, p. 278.

1411.

A Besançon, devenu chef d’atelier de composition typographique chez Gauthier qui éditait les Pères de l’Eglise, il eut l’occasion de bien connaître la bible. Il put se familiariser également avec les écrits de Fourier (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français …, première partie, T. 3, p. 256).

1412.

Un des patrons, Antoine Gauthier, était un ancien camarade de collège de Proudhon (Henri DE LUBAC, Proudhon et le christianisme, Le Seuil, 1945, 316 p. (p. 19).

1413.

Voir les indications du bas de la p.186.

1414.

Fernand RUDE, Les révoltes des canuts – 1831-1834 …, p. 120.

1415.

En lançant la formule “La propriété, c’est le vol”, dans son ouvrage “Qu’est-ce que la propriété ?” (1840), Proudhon ne condamnait pas l’appropriation individuelle en elle-même ; il reprochait seulement à la propriété de conférer au propriétaire le droit de percevoir un revenu sans travail ; en effet, pour lui, le travail seul justifiait la propriété parce que seul il était productif. ((Michel MOURE, Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, Bordas, 1986, vol. 6, p. 3846)

1416.

Michèle RIOT-SARCEY…, Dictionnaire des utopies …, p. 229. Proudhon remplace l’argent par des billets de crédit gagés par des produits dont la valeur est déterminée en fonction de la quantité de travail nécessaire à leur production. Quant au crédit, il doit relever d’une société mutuelle, c’est à dire réciproque, des producteurs (Ibid., p. 229).

1417.

Jean BANCAL, article “Proudhon et Proudhonisme”, in Encyclopédie Universalis, corpus 19, 1989, p. 139.

1418.

Henri DE LUBAC, Proudhon et le christianisme …, pp. 228-229.

1419.

Ibid., p. 19. (Lettre de Proudhon à Maurice du 4 août 1843 citée par l’auteur).

1420.

Idem, pp. 84-85, 132-133 et Frank Paul BOWMAN, Le Christ des Barricades (1789-1848) …, pp. 278-280.

1421.

Henri DE LUBAC, Proudhon et le christianisme …, p. 127.

1422.

Pierre PIERRARD, L’Eglise et les ouvriers en France (1840-1940) …p. 175.

1423.

“Dimanche”, p. 57, cité par H. DE LUBAC, Proudhon et le christianisme …, p. 211.

1424.

Alain DECAUX, Histoire des Françaises. De George Sand au MLF, Librairie académique Perrin, 1972 et Trinckvel, 1976, T. 5, 357 p. (p. 65)

1425.

Proudhon cité par Geneviève FRAISSE,“ De la destination au destin – Histoire philosophique de ladifférencedes sexes”, in G. FRAISSE et M. PERROT (dir.), Histoire des femmes en occident, T. IV, Le XIX e siècle …, p. 87.

1426.

Flora qui avait épousé son patron, André Chazal, poussée par sa mère, obtint la séparation de biens d’avec son mari en 1828 et, pour être libre matériellement, alla, en 1834, réclamer sa part de l’héritage paternel au Pérou d’où son père était originaire. Mais, elle fut éconduite par son oncle. [J. MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, première partie, T. III …, p. 471].

1427.

André Chazal enleva son troisième enfant en 1835 et, après un jugement de séparation de corps en 1838, il la blessa d’un coup de pistolet (Ibid., pp. 471-472).

1428.

Idem, p. 471.

1429.

Michel COLLINET, Préface à la première édition (1973), in Flora TRISTAN, Le Tour de France – journal : 1843-1844 T. 1, (pp. 20-25).

1430.

Agricol Perdiguier a écrit Le livre du compagnonnage et Jacques Gosset Le projet de régénération du compagnonnage (E. DOLLEANS, Histoire du mouvement ouvrier – 1830-1871 …, p. 192).

1431.

Rapport du procureur du roi près le tribunal civil de Lyon au procureur général près la cour royale de Lyon du 10 mai 1844 qui résume les projets d’“Union ouvrière” de Flora Tristan à la suite d’une perquisition effectuée à son hôtel, à Lyon. (In FLORA TRISTAN, Lettres réunies, présentées et annotées par Stéphane MICHAUD, Le Seuil, 1980, 262 p. (p. 197)

1432.

GERHARD LEO, Flora Tristan, la révolte d’une paria, L’Atelier, 1994, 203 p. (p. 149).

1433.

Ainsi, elle a dédicacé l’“Union ouvrière” aux ouvriers et aux ouvrières intelligents car, dit-elle, son livre s’adresse spécialement à ceux qui savent voir, entendre et comprendre (Flora TRISTAN, Le Tour de France – journal : 1843-1844, T. II, Maspero, 1980, 236 p. (p. 19).

1434.

Parmi les souscripteurs, on peut relever, bien sûr, les noms d’ouvriers comme Perdiguier, mais aussi des écrivains comme Marceline Desbordes-Valmore et George Sand, des économistes libéraux comme Adolphe Blanqui et des théoriciens socialistes comme Victor Considérant (J. MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, première partie, T. III …, p. 472).

1435.

“Le Tour de France. Etat actuel de la classe ouvrière sous l’aspect moral, intellectuel et matériel”, était le titre des deux dernières éditions de l’“Union ouvrière” (Michel COLLINET, Préface …, in Flora TRISTAN, Le Tour de France – journal : 1843-1844, T. I …, pp. 20-25).

1436.

Il faisait remarquer, en particulier, que les menées de Flora Tristan pouvaient être dangereuses, car celle-ci arrivait dans une ville en proie à une agitation de la part de sa population ouvrière (Rapport du procureur du roi près le tribunal civil de Lyon du 10 mai 1844 transmis par voie hiérarchique au garde des Sceaux, in Flora TRISTAN, Lettres réunies, présentées et annotées par Stéphane Michaud … , pp. 196-197).

1437.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. I, …, pp. 136, 201, 205-206, 228.

1438.

Ibid., p. 129.

1439.

Idem, pp. 115, 116, 124, 131 et 132.

1440.

Flora Tristan précise que cette discrétion est voulue par l’ensemble des lyonnais car, si les ouvriers désirent cacher leur misère, les fabricants et les autorités ne veulent pas, non plus, qu’on sache que la moitié des ouvriers de la ville est réduite à l’aumône, faute d’un salaire suffisant. (FLORA TRISTAN, Le Tour de France …, T. II, …, pp. 23-24).

1441.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. I, …, p. 228.

1442.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. II, …, p. 233-234.

1443.

Flora TRISTAN, Lettres réunies …, p. 140.

1444.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. I, …, p. 136 et Gerhard LEO, Flora Tristan, la révolte d’ une paria …, p. 150. Cabet et les rédacteurs de l’Atelier appelaient Flora Tristan “une O’Connell en jupon” (Flora TRISTAN, Lettres réunies …, p. 178 : le catholique irlandais O’Connell pratiqua la résistance passive contre le gouvernement anglais).

1445.

Considérant, dans le numéro 6 de “La Phalange” du 1er septembre 1836, répondait à une lettre que venait de lui écrire Flora Tristan (Flora TRISTAN, Lettres réunies …, p. 64)

1446.

Lettre de Flora Tristan à Victor Considérant d’août 1836 (Ibid., pp. 61-64). Considérant lui faisait le même type de reproche puisqu’il taxait son programme pour les travailleurs d’utopie (Gerhard LEO, Flora Tristan, la révolte d’une paria …, p. 153). A Lyon, Flora Tristan eut les relations les plus conflictuelles avec le rédacteur en chef du journal “Le Censeur”, Rittiez, qui lui reprochait d’être une agente secrète du gouvernement et d’être allée chez l’archevêque (Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. II, …, pp. 7, 12 et 20).

1447.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. I, …, p. 123. La féministe lyonnaise Eugénie Niboyet, qui fonda, en 1833, le journal féminin “Le Conseiller des femmes” avait adopté également le principe saint-simonien selon lequel les femmes devaient être le guide des hommes au cours de la vie. (Laura STRUMINGHER, Women and the making of the working class . Lyon 1830-1870 …, p. 38).

1448.

Laura STRUMINGHER …, pp. 48-50.

1449.

Flora Tristan écrit Dieux au pluriel. Elle rend ainsi hommage à l’universel et prend ses distances par rapport au Dieu prêché par le clergé [Michel CLEVENOT, “Flora Tristan, 1803-1844. La femme-guide de l’humanité”, in Un siècle cherche sa foi. Le XIX e siècle, Retz, 1992, 308 p. (p. 50)]. Dans une discussion avec l’évêque de Nîmes, en août 1844, elle affirma qu’elle ne croyait pas à la divinité de Jésus-Christ, mais à l’excellence de certains principes qu’il prêchait (Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. II, …, p. 120).

1450.

Elle assimile le peuple dévot à un peuple stupide et vil (Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. I, …, pp. 126, 127, 213, 228).

1451.

Ibid., p. 128.

1452.

Voir la fin du chapitre 4.

1453.

Flora TRISTAN, Le Tour de France …, T. II, …, p. 75.

1454.

Ibid., p. 75.