III. Les relations du clergé et des religieux du diocèse avec le monde du travail

Les résultats de l’enquête demandée par le cardinal Fesch le 8 pluviose an XII (29 janvier 1804) et sa visite pastorale de 1807, permettent d’avoir un point de vue sur l’état religieux de la population du diocèse de Lyon, au sortir de la Révolution. L’esprit religieux était particulièrement bon à l’ouest du diocèse, dans les monts du Forez et aussi dans les monts du Beaujolais 1746 et du Lyonnais, tout particulièrement dans le canton de Thizy, pépinière de séminaristes et celui de Saint-Symphorien-sur-Coise, bastion religieux des monts du Lyonnais 1747 . A Lyon, le constat était comparable dans les paroisses d’Ainay, Saint-François de Sales, Saint-Nizier, Saint-Polycarpe, et les Lyonnais avaient retrouvé avec plaisir les cérémonies religieuses. Même si l’assiduité aux offices était plus faible à la Guillotière et surtout aux Brotteaux, on ne constatait pas, à l’époque, de signes majeurs de désaffection, de la part des classes laborieuses. Les zones de détachement religieux se trouvaient au nord-est du diocèse, dans le département de l’Ain, et le long du sillon Saône-Rhône : dans le vignoble du Beaujolais, la pratique est surtout le propre des femmes et dans les communes fluviales, comme Neuville-sur-Saône, les croyances des aubergistes et des gens de rivière deviennent superficielles. Dans la Loire, seuls, les cantons de Boën et de Charlieu manifestaient une indifférence religieuse et, dans quelques paroisses de la région stéphanoise, comme à Valbenoîte, la présence aux offices était réduite par l’obligation faite aux ouvriers de remettre aux fabricants, rubans et confections, le dimanche. Quant aux errants et aux déclassés sociaux, ils échappaient à toute emprise religieuse. Après ce tableau 1748 rapide évoquant l’esprit religieux dans le diocèse sous le premier Empire, nous devons nous interroger sur son évolution au cours du XIXe siècle. Nous le ferons, en donnant également un aperçu de la vie religieuse dans les paroisses rurales où le clergé vivait en symbiose avec les habitants. Nous aurons aussi à analyser le type de catholicisme pratiqué par la bourgeoisie des villes et les diverses attitudes des ouvriers face à l’Eglise.

Notes
1746.

Les conclusions de l’enquête de 1804 concernant les populations des monts du Beaujolais, permettent d’affirmer que celles-ci, souvent pauvres, sont assidues aux offices mais ignorantes des choses religieuses. Elles sont par ailleurs restées attachées au catholicisme.

1747.

Le canton de Saint-Symphorien-sur-Coise était surnommé “rognon du diocèse” dans les milieux ecclésiastiques. Le canton de Mornant était également profondément catholique. (Pierre SOUMILLE, La vie religieuse dans le Rhône – 1802-1805 …, pp. 253-259.

1748.

D’après Louis TRENARD, Lyon de l’Encyclopédie au Préromantisme …, pp. 724-725, Jacques GADILLE, Le diocèse de Lyon …, pp. 209-211, et Pierre SOUMILLE, La vie religieuse dans le Rhône – 1802-1805 …, pp. 253-297.