2. Quels contacts entre l’Eglise du diocèse et la bourgeoisie des villes ?

Il n’est pas simple de porter un jugement sur la pratique religieuse de la bourgeoisie car il s’agit non seulement de cerner les activités de ce groupe social, mais aussi de tenir compte de l’évolution de la mentalité bourgeoise qui s’est produite entre la première et la deuxième moitié du XIXe siècle. Avant la Révolution de 1848, nombre de bourgeois étaient fidèles aux idéaux de la Révolution et hostiles à l’Eglise, alors qu’ils rallieront cette dernière sous le second Empire. Ainsi, dans la vallée de l’Ondaine, une partie de la classe dirigeante se montra anticléricale pendant la première moitié du siècle, tout acquise aux idées de Voltaire, pour se rapprocher, par la suite, dans sa majorité, de la religion 1783 . Pour ce qui est de la présence de cette bourgeoisie dans le monde du travail, nous la retrouverons dans les métiers du commerce et des transports, au sein des anciennes industries avec les marchands, fabricants soyeux, au sein des nouvelles industries avec les patrons de houillères, des forges ou de la chimie, sans oublier les métiers du droit avec les avocats. Les réponses à quelques questions nous permettront de mieux cerner l’attitude de cette bourgeoisie. Le sillon Saône-Rhône, de Condrieu à Belleville, est-il resté une zone de détachement religieux où comme nous l’avons déjà remarqué, les hommes ne fréquentaient guère les sacrements ? Quel type de catholicisme manifestaient les notables catholiques des villes, en particulier à Lyon et à Saint-Etienne et comment ont-ils collaboré avec le clergé et les congrégations religieuses ? Enfin, nous aurons à nous interroger sur le cas particulier de la ville de Saint-Chamond où prévalaient de bonnes relations entre la bourgeoisie catholique et les ouvriers.

Dans les cantons du val de Saône, l’esprit religieux s’est amélioré au cours des années 1840-1850, sauf semble-t-il, dans les chefs-lieux où bateliers, rouliers, aubergistes, négociants en vin étaient en plus grand nombre : à Anse, le curé signale une moralité médiocre et peu de foi ; à Belleville et à Saint-Georges de Reneins, le dimanche est mal observé 1784 . A Villefranche-sur-Saône, plus de la moitié de la population est indifférente, mais non ennemie de la religion : “le barreau ne pratique pas, le commerce peu” 1785 . A Saint-Just-sur-Loire, le curé, en 1838, faisait la distinction entre les ruraux qui avaient une bonne moralité et les étrangers travaillant dans le port, lesquels sollicitaient son zèle et sa patience ; mais en 1855, le curé a jugé que la moralité de sa paroisse était bonne 1786 .

Les visites pastorales qui ont eu lieu à Lyon ne permettent pas d’avoir d’indications précises concernant la bourgeoisie, mais on a déjà constaté au début de ce chapitre, que les notables catholiques de la ville ont joué un rôle prépondérant, comme à Saint-Etienne. Ces derniers manifestaient soit un catholicisme assez intransigeant, dans l’esprit de la Congrégation, soit un catholicisme beaucoup plus libéral. Les industriels de Saint-Etienne étaient plutôt du premier type avec une pratique religieuse scrupuleuse et déployant un prosélytisme constant. Comme les entrepreneurs lillois, ils se montraient des catholiques fervents, quoique ces derniers eussent plus tendance à considérer la religion comme un domaine réservé aux femmes 1787 .

Denis Epitalon (1794-1874) qui, on l’a vu, hébergea rue Mi-Carême les premiers enfants réunis par l’abbé Monnier, est bien représentatif de ces fabricants de rubans stéphanois qui furent des catholiques zélés. Le curé de Saint-Ennemond était son confesseur et il était parent et ami de l’abbé Clauzet, curé de Saint-Apolinard, au sud-est de la Loire, à qui il se confia après son veuvage en 1849 et l’abandon de son commerce en 1852 1788 . Il intensifia alors ses pratiques religieuses et charitables 1789  : il commençait sa journée par une prière ou une méditation de trois quarts d’heure et réserva toujours aux pauvres une part de ses bénéfices. Chaque année, il revêtait une quarantaine d’enfants pauvres de la paroisse Saint-Ennemond, qui allaient faire leur première communion. Pour ses aumônes, il choisissait le plus souvent des intermédiaires qui étaient des ouvrières en qui il avait confiance 1790 . Toutefois, il nourrit longtemps un préjugé à l’égard des communautés religieuses, car, ayant le culte du travail et de l’économie, il pensait qu’on y rentrait pour éviter de travailler. Aussi fallut-il qu’il se rende chez les Petites Sœurs des Pauvres 1791 pour s’apercevoir qu’il se trompait et, dès lors, il les aida de ses subsides pour la construction d’une maison de vieillards, rue des Noyers, qu’il ravitaillait grâce à la production de la ferme de sa maison de campagne, au nord de Saint-Etienne 1792 .

Des filles et des femmes de fabricants de rubans participèrent aussi activement aux œuvres de charité chrétienne. Fanny Balaÿ (1783-1844), fille aînée de Jean-François Balaÿ 1793 , aida les jeunes ouvrières pauvres qui travaillaient pour le commerce de son père et fit partie des dames patronnesses qui permirent l’installation à Saint-Etienne de la providence du Pieux Secours et du Refuge pour les jeunes prostituées 1794 . La sœur de Fanny, Agathe, et deux de ses belles-sœurs, Valérie et Emilie Balaÿ, administrèrent l’œuvre des dames de miséricorde de la paroisse de Saint-Etienne dont le curé était le directeur. Cette œuvre, qui avait pour but de soulager la misère et de sanctifier les membres qui en faisaient partie, comptait 96 dames visiteuses en 1847 1795 . Les dirigeantes de l’Œuvre durent s’entendre avec les religieuses de Saint-Vincent-de-Paul, qui exerçaient le même apostolat et aussi, sans doute, avec les membres de la première conférence vincentienne stéphanoise, de création plus tardive 1796 .

Les fabricants stéphanois, proches du clergé, qui moralisait leur main d’œuvre, étaient présents dans les conseils de Fabrique et ils ont fait construire des églises dans la ville, par exemple à Montaud, et dans les communes proches ou à la campagne 1797 . Des patrons protestants qui vivaient dans la région stéphanoise ont aussi apporté leur aide à la construction des églises : ainsi, Charles Raabe et Petrus Hutter, administrateurs de la Compagnie des mines de la Loire, ont participé à la souscription pour la construction de l’église Saint-Jean-Baptiste de Rive-de-Gier 1798 . Les patrons protestants lyonnais, qui considéraient leur devoir social sans discriminations religieuses, ont, pour leur part, largement collaboré aux initiatives catholiques, en particulier à celles des deux prêtres lyonnais, très impliqués dans la cause de la pauvreté ouvrière, Camille Rambaud et Antoine Chevrier. Frossard de Saugy, directeur des chantiers de la Buire à la Guillotière, donna, en 1861, 10 000 francs à l’abbé Rambaud pour la reprise des travaux concernant l’église de la cité ouvrière de l’Enfant-Jésus. Même lorsque l’entreprise de l’abbé lui parut très hasardeuse, quand, en 1865, ce dernier voulut transformer sa cité en asile pour les vieillards, il ne lui retira pas son aide 1799 . Frosssard aida également l’abbé Chevrier, lorsque celui-ci voulut, en 1860, transformer le bâtiment du Prado, à la Guillotière, en un local pour accueillir les enfants pauvres en vue de les catéchiser. A cette occasion, il envoya dix ouvriers à ses frais, pour aménager une grande partie de la chapelle et il fournit tout le bois nécessaire pour les travaux 1800 .

L’abbé Rambaud, toujours confiant et très entreprenant, reçut naturellement de l’aide de l’ensemble des négociants lyonnais, depuis Claude-Joseph Bonnet 1801 , tenant d’un catholicisme traditionnel, jusqu’au saint-simonien Arlès Dufour 1802 . L’abbé avait surtout des affinités avec les notables catholiques qui manifestaient un catholicisme assez libéral : ils accomplissaient avec conscience leurs devoirs religieux à l’église mais considéraient la religion comme une affaire privée qui ne conditionnait pas leur opinion politique 1803 . L’un d’eux, le banquier Edouard Aynard, qui avait horreur du cléricalisme, écrivait à son ami le pasteur Jules Aeschimann qu’il servait “le même Dieu que les protestants mais sous des formes différentes” 1804 .

Le fondateur d’une des premières conférences de la société de Saint-Vincent-de-Paul, Laurent-Paul Brac de La Perrière (1814-1894) est assez représentatif des notables catholiques lyonnais d’esprit libéral, même si, à la différence de ces derniers, il a montré un grand attachement au maintien de la puissance temporelle de la papauté 1805 . Profondément croyant, Brac se confessait tous les mois, rendait un culte à la Vierge, le samedi, à Fourvière, et récitait le Rosaire avec sa femme. Il éprouvait des scrupules s’il était obligé de travailler le dimanche pour les conférences lyonnaises. Mais il a refusé d’adhérer à la Congrégation et s’est toujours opposé, on l’a vu, à une mainmise du clergé sur les conférences. Par ailleurs, il a choisi pour son fils le collège d’Oullins qui dispensait une éducation très ouverte et où il a aidé Lacordaire à installer l’ordre dominicain 1806 . Il a soutenu également Ozanam lorsque celui-ci a recommandé la modération chrétienne dans le combat engagé par l’Eglise contre l’Université 1807 . Toutefois, contrairement à ce dernier, la perspective d’une République l’effrayait 1808 et s’il souhaitait une amélioration de la condition ouvrière, il le faisait en termes très mesurés. Ainsi, lors de la grève des ovalistes, en 1869, à Lyon, il écrivit au Conseil général de la S.S.V.P. à Paris, qu’il ne doutait pas qu’il fallait améliorer le statut des dévideuses (ovalistes), “en grande partie honnêtes et sincères”, mais il lui paraissait difficile de “changer les conditions de vie et de travail d’une classe d’ouvrières”. Il se demandait comment les maîtresses d’atelier pouvaient augmenter les salaires ou diminuer la durée du travail à cause de la situation difficile de la Fabrique et, si des dames d’œuvre intervenaient auprès des maîtresses d’atelier, comme on le lui avait suggéré, il pensait qu’il leur faudrait user de beaucoup de diplomatie 1809 .

Si le cardinal de Bonald voyait fréquemment La Perrière, il était aussi un proche des notables légitimistes et dont le catholicisme était plus intransigeant, comme le négociant banquier Prosper Dugas (1810-1875) et l’avocat Amand Chaurand (1813-1896). Le premier, rentré à la Congrégation en 1834, participe activement le dimanche, dans la paroisse Saint-Jean, aux réunions pour l’instruction religieuse des jeunes ouvriers ; et en 1845, il fonda avec d’autres notables lyonnais “La Gazette de Lyon”, journal d’obédience légitimiste 1810 et il collabora, on l’a vu, avec l’abbé de Serres, pour aider financièrement l’Etat pontifical, au sein de l’“ Œuvre de Saint-Pierre”. Amand Chaurand, qui fut aussi un des fondateurs de cette œuvre 1811 , a eu des engagements comparables en faveur du légitimisme et de l’ultramontanisme. A la fois congréganiste et initiateur des conférences lyonnaises, comme Ozanam, il s’impliqua dans de nombreuses œuvres catholiques et dans la société du patronage des jeunes libérés du département du Rhône 1812 .

Les notables catholiques accordaient une grande importance à la formation chrétienne de leurs domestiques, leur prodiguant, comme La Perrière, de saines lectures, les incitant à aller à la messe, à verser le sou pour la Propagation de la Foi et à faire partie de sociétés les accueillant le dimanche dans le but de les moraliser, comme la Maison des Blandines fondée à Lyon par l ‘abbé Ozanam 1813 . En ce qui concerne l’éducation religieuse de leurs enfants,, la préparation à la première communion est un moment important pour la bourgeoisie catholique et aussi pour les curés des paroisses. Dans tous les milieux sociaux, on fait alors sa première communion, véritable rite de passage de l’enfance à l’adolescence, mais elle peut être suivie de l’abandon de la pratique religieuse, assez fréquente dans le milieu ouvrier. La formation chrétienne de l’adolescent(e) peut également être prolongée au sein d’une organisation mariale ou grâce à un directeur de conscience 1814 .

Une partie de la bourgeoisie lyonnaise, sans doute plus nombreuse avant le soulèvement populaire de juin 1848 à Paris, en particulier les rédacteurs de certains journaux républicains comme le “Censeur”, était hostile à l’Eglise 1815 . D’autres bourgeois lui manifestaient seulement de l’indifférence. Pierre-Julien Eymard, qui a exercé son ministère de Père Mariste, à Lyon, comme prédicateur et animateur du Tiers-ordre de Marie, à la fin de la monarchie de Juillet et sous la deuxième République, se montre très dur à l’égard d’une certaine bourgeoisie. Il écrit en 1845 qu’“il n’y a que les bourgeois qui mettent leur religion dans leurs coffres et dans leur ventre. Aussi ont-ils peur du canon et de la famine !” 1816 . On peut découvrir une ligne de partage au sein de la bourgeoisie à propos de ses relations et de ses sentiments à l’égard de l’Eglise, en comparant la façon dont étaient perçues les congrégations, et en particulier celle des Frères des Ecoles Chrétiennes. A Lyon et dans les faubourgs, leurs principes d’éducation étaient contestés par les ouvriers influencés en partie par les bourgeois républicains qui les dénoncèrent en 1848 comme “carlistes” et leur reprochèrent leur hostilité au peuple républicain 1817 . Pourtant, leur pensionnat de la montée Saint-Barthélemy à Fourvière, qui a été la cible des critiques en 1847 et a subi des destructions lors des expéditions de février 1848 contre les providences, proposait un cours de la théorie de la soie fréquenté par la petite bourgeoisie travaillant dans l’artisanat 1818 . Sous le second Empire, 37% des enfants fréquentant le pensionnat avaient des parents artisans et commerçants et le tiers des élèves avaient des parents propriétaires, rentiers ou négociants 1819 . A Saint-Chamond, contrairement à Lyon, les Frères des Ecoles Chrétiennes faisaient l’unanimité en leur faveur. Ils y tenaient les deux écoles primaires, avaient inauguré un cours supérieur en 1845 et un cours d’adultes l’année suivante. L’adjoint au maire de Saint-Chamond attribuait aux Frères la bonne formation de la jeunesse et la tranquillité qui avait toujours régné dans la ville, même pendant la Révolution de 1848 1820 . Interrogeons-nous sur cette cohésion sociale établie à Saint-Chamond et sur la réussite de la classe dirigeante et de l’Eglise dans la ville.

La ville de Saint-Chamond, tout comme l’ensemble des paroisses du canton, comblaient le clergé de satisfaction. Les huit paroisses visitées entre 1844 et 1863, montrent un bon esprit religieux et même très bon à Notre-Dame de Saint-Chamond, Valfleury, Doizieux et à La Valla, où les abbés Champagnat et Bedoin ont exercé leur ministère 1821 . Les appréciations louangeuses des curés des paroisses visitées sont confirmées par l’enquête sur le travail de 1848 où il est répondu à la question sur l’éducation religieuse, que dans le canton, la religion chrétienne est pratiquée par la généralité et que l’enseignement moral y est très bon 1822 . Les paroisses du canton sont situées dans le massif du Pilat, dans la dépression houillère et une d’entre elles, Valfleury, se trouve dans les Monts du Lyonnais, au nord de Saint-Chamond. Dans une paroisse proche de Valfleury, Cellieu, l’importance de la pratique religieuse peut se percevoir à travers le culte et l’enseignement qui ont lieu presque sans discontinuer à l’église, le dimanche : après la messe, où les communions sont fréquentes, l’après-midi voit se succéder le catéchisme pour les enfants, les Vêpres, la bénédiction du Saint-Sacrement et, en fin de journée, une réunion de prières et une lecture pieuse 1823 .

Les congrégations religieuses étaient fortement représentées dans les paroisses rurales et dans la ville de Saint-Chamond : ainsi, un village de 500 habitants comme Valfleury, avait onze religieuses de Saint-Joseph et deux clercs de Saint-Viateur. Quant aux 3 600 paroissiens de Saint-Pierre de Saint-Chamond, ils disposaient d’un cinquantaine de religieux et religieuses répartis en six congrégations 1824 .

A Saint-Chamond, le nombre des ouvriers d’industrie métallurgique et textile a augmenté des années 1840 à la fin du second Empire comme dans les localités voisines de la dépression houillère et le chiffre de la population est passé de 7 000 à 12 000 habitants. Mais on n’y a pas relevé d’agitation, ni de gestation d’un mouvement ouvrier comme à Saint-Etienne et Rive de Gier 1825 . Le bon encadrement religieux complété par le paternalisme des notables catholiques peut fournir une première explication. Dans presque tous les moulinages de Saint-Chamond, les ouvrières récitaient des chapelets au cours de leur travail 1826 et les propriétaires des grandes entreprises avaient une meilleure réputation de philanthropes que la bourgeoisie stéphanoise plus préoccupée, disait-on, par l’argent 1827 . Certains patrons du textile, attachés aux vieilles traditions, comme le fabricant de lacets, Ennemond Richard, administraient, en qualité de syndic, la confrérie des passementiers (ou confrérie de la Nativité), dont la fête du 8 septembre était chômée 1828 . L’exemple du rentier Ernest Neyron qui fut maire de la ville de 1843 à 1861 est une bonne illustration du notable catholique de Saint-Chamond. Il céda le collège aux Maristes auxquels il fit de nombreuses concessions, mais ceux-ci devaient admettre deux ou trois élèves gratuits pris parmi les enfants doués des milieux populaires ; par ailleurs, les travaux prévus pour relier la nouvelle gare à la ville furent confiés en partie aux ateliers de charité pour soulager les ouvriers à la fois capables et nécessiteux 1829 .

Si la classe ouvrière n’a pas fait parler d’elle à Saint-Chamond, on peut aussi l’expliquer par son intégration au reste de la population. Il s’est produit un métissage professionnel dans les quartiers de la ville ; ainsi, les ouvriers du quartier Notre-Dame, devenu le centre ville au XIXe siècle, qui travaillaient pour la plupart aux forges Petin, se trouvaient au côté des commerçants et des employés vivant nombreux dans ce quartier 1830 . Le point de vue du curé de la paroisse de Saint-Ennemond au nord de la ville, dans un quartier qui s’est pourtant paupérisé au XIXe siècle 1831 , montre bien que le clergé n’a pas ici, comme c’est souvent le cas ailleurs, d’a priori défavorable à l’encontre des ouvriers : “La Moralité s’améliore tous les jours” 1832 , “Esprit de foi et de progrès religieux, on assiste de plus en plus aux offices” 1833 . La forte présence des femmes dans le monde du travail explique également la docilité et l’esprit religieux des ouvriers à Saint-Chamond 1834 . Après avoir analysé le cas particulier de Saint-Chamond, il nous faut évoquer l’attitude des ouvriers face à l’Eglise dans l’ensemble du diocèse.

Notes
1783.

J. JACQUEMOND, La révolution industrielle dans la vallée de l’Ondaine (1815-1914) …, pp. 175-176.

1784.

Visites pastorales du 10 avril 1845, des 17 et 18 mai 1841 (A.A. de Lyon, I 128).

1785.

Visite pastorale du 29 avril 1843, I 128.

1786.

Visites pastorales du 11 mai 1838 et du 9 mai 1855 (I 125, I 129).

1787.

N. VERNEY-CARRON, Le ruban et l’acier – Les élites économiques de la région stéphanoise au XIX e siècle (1815-1914) …, p. 271 et Pierre POUCHAIN, Les maîtres du Nord du XIX e siècle à nos jours …, p. 117.

1788.

F. CORON, La vie de Denis Epitalon racontée à ses petits-fils, Saint-Etienne, imprimerie Forestier, 1876, 268 p. (p. 110). L’abbé F. Coron était précepteur des petits-fils de Denis Epitalon et s’occupa tout particulièrement de Mathieu Epitalon, né en 1857 (p. 73).

1789.

La bourgeoisie stéphanoise n’envisageait pas de remettre en cause l’ordre social établi voulu par Dieu, par une politique sociale institutionnelle, mais elle s’imposait en revanche le devoir de charité (N. VERNEY-CARRON, Le ruban et l’acier …, pp. 245 et 272).

1790.

F. CORON, La vie de Denis Epitalon racontée à ses petits-fils …, pp. 19, 68 et 122.

1791.

Peu après leur arrivée à Saint-Etienne en 1856, Mgr de Bonald leur rendit visite afin de bénir leur petit oratoire, mais lorsqu’il vit qu’elles n’avaient pas de lits, il donna l’ordre d’acheter à ses frais un lit pour chacune des trois religieuses (Ibid., p. 165).

1792.

Idem, pp. 160-169 et p. 187.

1793.

Ce riche marchand de rubans qui siégeait aux Prud’hommes et au conseil municipal, eut dix enfants dont six garçons qui vont tous faire carrière dans le négoce. (Michel THERMEAU, “L’ascension d’une dynastie bourgeoise : les Balaÿ”, Bulletin de la Diana, 3e trimestre 2003, T.LXII n°3, pp. 240-241).

1794.

Marie-Agnès BABOIN, La famille Balaÿ : trois générations de la fin de l’Ancien Régime à la fin du second Empire, Mémoire de Maîtrise, Université Jean Monnet, Saint-Etienne, 1991, 145 p. (pp. 76-77).

1795.

Ibid., pp. 24-77. Les réunions hebdomadaires chez la présidente commençaient par une lecture de piété, puis on travaillait à la fabrication de draps et de vêtements, donnés plus tard aux pauvres ou vendus au cours de loteries.

1796.

Les choses auraient peut-être été plus simples si la Société de Saint-Vincent-de-Paul stéphanoise avait admis, comme à Lille, les dames de charité.

1797.

Ce fut le cas d’André Neyron à Roche-la-Molière et de François Colcombet à la Séauve en Haute-Loire (voir le chapitre 10, concernant les usines-internats). Les patrons des Houillères de Firminy-Roche-la-Molière financèrent également la construction d’une église à Firminy et ceux des mines de Montrambert donnèrent 6 000 francs pour l’agrandissement de l’église de La Ricamarie (N. VERNEY-CARRON, Le ruban et l’acier …p. 272 et J. JACQUEMOND, La révolution industrielle dans la vallée de l’Ondaine (1815-1914) …, p. 177).

1798.

Denis BARAU et Elisabeth DELAVEAU, Catalogue de l’exposition aux Archives départementales de la Loire d’octobre à décembre 1991, concernant Thomas Hutter (1809-1879) (lui aussi administrateur de la Compagnie des mines de la Loire), 167 p. (p. 110).

1799.

Joseph BUCHE, L’abbé Camille Rambaud de Lyon – Sa vie, ses œuvres sociales, Cermin et Masson, 1907, 332 p. (pp. 102 et 104). Frossard aida aussi l’abbé Rambaud de ses deniers lorsque celui-ci voulut monter des pièces de théâtre afin d’occuper les enfants de la première communion (Ibid., p. 105). Edouard Frossard était frère du pasteur Charles-Louis Frossard, archiviste du synode des Eglises réformées de France, qui avait fait paraître, en 1854, un catéchisme protestant. (Jean-François SIX, Un prêtre – Antoine Chevrier, fondateur du Prado, Le Seuil 1965, 537 p. (p. 217). Le protestant Arthur Bröleman, négociant en soies, apporta aussi de l’aide à la Cité de l’abbé Rambaud. (B. ANGLERAUD et C. PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises …, p. 408).

1800.

C. CHAMBOST, Vie nouvelle du vénérable Antoine Chevrier, fondateur de la Providence du Prado, d’après ses écrits et son Procès de Béatification, Vitte, 1932, 622 p. (pp. 157, 158, 162).

1801.

Ce fabricant de soies et manufacturier était un ancien confrère de Camille Rambaud, puisque ce dernier avait été l’associé du fabricant Potton. Il souscrivit, en 1857, une obligation de 2 000 francs en faveur de la cité de l’Enfant-Jésus. (Henri PANSU, Claude-Joseph Bonnet …, p. 508.

1802.

Ce négociant en soierie fut, en 1865, un des premiers souscripteurs, lorsque la cité de l’Enfant-Jésus fut en passe de devenir un asile pour les vieillards. (Joseph BUCHE, L’abbé Camille Rambaud de Lyon …, p. 104).

1803.

B. ANGLERAUD et C. PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises …, pp. 391-392.

1804.

Ce pasteur, président du consistoire de Lyon, connaissait intimement l’abbé Rambaud dont il a rédigé une biographie et dont il a obtenu la collaboration à son œuvre lyonnaise de l’hospitalité de nuit, pour les sans asile (B. ANGLERAUD et C. PELLISSIER, Les dynasties lyonnaises …, pp. 391-394 et “Biographie de Jules Aeschimann” par C. PELLISSIER, in Dictionnaire du monde religieux …, T. 6, Le Lyonnais …, p. 23).

1805.

Il a soutenu les diverses actions menées à Lyon en faveur du rétablissement du pape dans ses Etats et, en 1860, il a avoué au cardinal de Bonald que le Conseil central de la S.S.V.P. de Lyon lui avait recommandé de recueillir les signatures des adresses en faveur du pape, en dehors des conférences. D’ailleurs, le cardinal a abondé dans le même sens en lui recommandant d’empêcher que la S.S.V.P ne se mêle de cela (E. HARDOUIN-FUGIER, “Laurent-Paul-Marie Brac de la Perrière (1814-1894). Notes pour une biographie” in Mélanges offerts à Jacques Gadille …, p. 425-426 et C. PELLISSIER, Loisirs et sociabilités des notables Lyonnais au XIX e siècle …, Editions lyonnaises d’art et d’histoire, 1996, 272 p. [p. 83]).

1806.

E. HARDOUIN-FUGIER, “Laurent-Paul-Marie Brac de la Perrière” …, p. 425-428 et p. 80, in Dictionnaire du monde religieux …, T. 6, Le Lyonnais. Voir aussi C. PELLISSIER, La vie privée des notables Lyonnais au XIX e siècle …, p. 39.

1807.

G. CHOLVY, Frédéric Ozanam …, pp. 497-505.

1808.

E. HARDOUIN-FUGIER … p. 428.

1809.

Lettre du 23 août 1869 (Archives de la S.S.V.P. à Paris – Rhône : Lyon –1853-1883).Comme avocat, La Perrière a défendu la cause des congrégations religieuses : ainsi, il a assisté de ses conseils juridiques bénévoles les religieuses de la Sainte-Famille à la Croix-Rousse et les sœurs des prisons. Par ailleurs, en 1863, il est devenu officiellement conseiller juridique de Mgr de Bonald (E. HARDOUIN-FUGIER … pp. 424-428).

1810.

L. et P.J. DUGAS, Prosper Dugas – Vie et souvenirs, Oudin Frères, 1878, 203 p. (pp. 22 et 45). Prosper Dugas était parent et ami de Frédéric Ozanam, dont il a facilité la nomination à la chaire de droit commercial à Lyon, fin 1838 (Ibid., pp. 29-30).

1811.

Voir les notes 674 et 675 du chapitre 4, p.104.

1812.

Baron CHAURAND, Cinq siècles de chronique familiale (XV e -XX e siècle), Audin, 1986, 421 p. (pp. 156-159). On peut rapprocher Dugas et Chaurand du banquier Louis Guérin (1810-1871) qui, comme le précédent, militait au sein de l’œuvre de la Propagation de la Foi. IL ne s’occupait jamais d’affaires le dimanche et, lorsqu’il rencontrait un ouvrier travaillant ce jour-là, il allait jusqu’à lui payer sa journée pour qu’il cesse son travail (C. PELLISSIER, La vie privée des notables Lyonnais au XIX e siècle …, p. 40).

1813.

C. PELLISSIER …, pp. 46 et 49. Voir le fonctionnement de la Maison des Blandines dans le paragraphe du chapitre 8, consacré à la spécificité des providences. Alphonse Ozanam, frère de Frédéric, a été nommé vicaire de la paroisse Saint-Pierre en 1833 et rejoignit son frère à Paris en 1844, où il dirigea une maison de Maristes. Dans son manuel des pieuses domestiques, édité en 1847, il souligne que ces dernières sont moins vouées à la solitude que les ouvrières (G. CHOLVY, Frédéric Ozanam …, pp. 114 et 405 et P. GUIRAL et G. THUILLIER, La vie quotidienne des domestiques en France, au XIX e siècle …, p. 108).

1814.

C. PELLISSIER, La vie privée des notables Lyonnais au XIX e siècle …, p. 93-97. Vers 1880, les grands bourgeois catholiques de Lyon ont toujours un directeur de conscience (G. CHOLVY et Y. M. HILAIRE (dir.), Histoire religieuse de la France – Géographie XIX e -XX e siècle …, p. 80).

1815.

Nous évoquerons dans les chapitres 8 et 10 la campagne menée par le “Censeur” et les journaux ouvriers contre les providences placées sous la houlette de l’Eglise de Lyon.

1816.

Lettre du Père Eymard au supérieur du collège de Belley, après la célébration de la Fête-Dieu dans la paroisse Saint-Paul, à Lyon. Quatre ans plus tard, il écrivait à une de ses “dirigées”, alors qu’il prêchait le carême à la chapelle de la Charité, place Bellecour, que “ceux de la classe riche sont souvent les plus mauvais” [André GUITTON, Pierre-Julien Eymard, apôtre de l’Eucharistie, Médiaspaul, 1992, 383 p. (pp. 83-84)]. Le curé de Valsonne, au nord de Tarare, fait sans doute allusion au même type de bourgeoisie lorsqu’il évoque les “quelques industriels mauvais” de sa paroisse (visite pastorale de Mgr de Bonald du 23 avril 1863, A.A de Lyon, I 131).

1817.

A. LATREILLE (dir.), Histoire de Lyon et du Lyonnais …, T. 2, p. 74.

1818.

Voir la fin du paragraphe sur les providences de garçons dans le chapitre 8 et la contestation des providences à la fin de ce chapitre 8 et au début du chapitre 10.

1819.

F. MONTIBERT, Vie et rayonnement des Frères des Ecoles Chrétiennes au pensionnat lyonnais, “aux Lazaristes” (1839-1914) …, pp. 65-78.

1820.

D’après le discours du notaire et adjoint Thomas, prononcé à la distribution des prix aux enfants des écoles communales en 1867. [Stéphane BERTHOLON, Histoires de Saint-Chamond, Théolier, 1927, 304 p. (pp. 151-153-157 et 163)].

1821.

Voir le chapitre 4 où Etienne Bedoin est évoqué comme curé exemplaire. Les paroisses Notre-Dame de Saint-Chamond, Valfreury, Doizieux et La Valla ont été visitées respectivement le 12 juin 1847, le 23 mai 1844, le 26 juin 1863 et le 2 août 1849 (A. A. de Lyon, I 128 et I 131). On peut noter qu’à La Valla, la visite pastorale du 16 juin 1891 a confirmé le très bon esprit religieux (A.A. de Lyon, I 134).

1822.

A.N. C956 : département de la Loire.

1823.

Gérard CHAPERON, Cellieu – Un village du Jarez au cours des âges, Actes géographiques, 1999, 400 p. (pp. 273-281).

1824.

Il s’agissait des Frères Maristes et des Frères des Ecoles Chrétiennes pour les religieux, des sœurs Augustines, Saint-Charles, Saint-Joseph et Saint-Vincent-de-Paul pour les religieuses. (Visites pastorales du 23 mai 1844 à Saint-Pierre de Saint-Chamond, A.A. de Lyon, I 128).

1825.

Elinor ACCAMPO, “Entre la classe sociale et la cité : identité et intégration chez les ouvriers de Saint-Chamond, 1815-1880”, Le Mouvement social, p. 40.

1826.

Stéphane BERTHOLON, Histoires de Saint-Chamond …, p.76.

1827.

Elinor ACCAMPO …, p. 41.

1828.

Ennemond Richard a été un des deux syndics administrant la confrérie en 1845 et 1846. A son entrée en fonction, il offrit, comme le voulait la tradition, un goûter au clergé de Notre-Dame, et en 1846, en sa qualité de syndic sortant, il a fait un cadeau à la chapelle de la confrérie (Stéphane BERTHOLON, Histoires de Saint-Chamond …, pp. 94-97).

1829.

Michel THERMEAU, “Un notable du second Empire – Ernest Neyron (1813-1861)”, Bulletin de la Diana, 2e trimestre 2002, T.LXI n°2, pp. 110-121-123. Ernest Neyron sympathisa avec le notable catholique lyonnais Louis Guérin.

1830.

Les historiens locaux notent tous la familiarité qui existait à Saint-Chamond entre les diverses classes sociales (Elinor ACCAMPO …, pp. 52-53).

1831.

Saint-Ennemond avec Saint-Pierre et Notre-Dame était une des trois paroisses de la ville, dont la population d’environ 1 000 habitants, était surtout composée de métallurgistes, de mineurs, de tailleurs et de maçons (Ibid., pp. 45 et 48).

1832.

Visite pastorale du 4 mai 1860 (A.A. de Lyon, I 131).

1833.

Visite pastorale du 18 novembre 1890 (A.A. de Lyon I 134).

1834.

Elinor ACCAMPO …, Identité et intégration chez les ouvriers de Saint-Chamond …, p. 57.