III. Des providences ou des couvents-ateliers ?

La plupart des providences admettaient garçons ou filles, généralement après avoir fait payer un droit d’inscription, à un âge qui se situe entre cinq et dix ans. Les enfants y restaient une dizaine d’années 2011 , jusqu’à ce qu’ils puissent devenir autonomes. Ces providences étaient-elles des modèles de charité, fournissant un abri, de l’instruction et un apprentissage au travail ? Etaient-elles au contraire des couvents-ateliers, empêchant des relations sociales normales et provoquant, par un faible salaire, une concurrence déloyale ? Ont-elles favorisé ou non la présence de l’Eglise dans le monde du travail ? A partir de quelques exemples, nous répondrons à ces questions en évoquant quatre aspects majeurs de la vie des pensionnaires : le travail et la piété, l’obéissance et l’enfermement, puis nous nous demanderons comment a été perçue la présence des providences dans le monde du travail.

Notes
2011.

Il est difficile de déterminer avec précision la réelle durée du séjour des enfants dans les providences car les bureaux qui les administraient font surtout état de cas individuels dont le séjour était abrégé. Toutefois, le registre des admissions du Refuge Saint-Michel donne des indications plus précises avec des chiffres concernant quatre vingt pour cent des admissions entre 1800 et 1850. Sur trois cent trente sept filles, moins d’un tiers sont restées au Refuge pendant dix ans ou plus, un quart y est resté entre six et dix ans, un bon tiers y est resté entre un et cinq ans et trente trois enfants ont quitté la providence ou y sont morts avant un an (J. FARNHAM, Alternative childhood : Girls providences in nineteenth century Lyon (1800-1850)…, p. 152). Plusieurs raisons pouvaient mettre fin à un séjour dans une providence : la maladie (un nombre important d’enfants mourait de tuberculose), la mort, le retrait prématuré de l’enfant par la famille (cas plus fréquent, semble-t-il, pour les garçons), le placement comme ouvrier ou ouvrière et l’entrée dans une congrégation religieuse, essentiellement pour les jeunes filles.