Même si la ville de Rome n’était pas concernée, au début des années 1840, par la révolution industrielle, nous pouvons nous demander si le pape, bien informé des mutations économiques et sociales, accordait de l’importance à la question ouvrière. Le pape Grégoire XVI (1831-1846), préoccupé depuis son élection par la défense de son Etat temporel où plusieurs insurrections se produisirent, avait d’autres priorités. Son secrétaire d’Etat, le cardinal Lambruschini, avait une vision politique très proche de celle du chancelier autrichien Metternich 2068 , qui envoya ses troupes dans l’Etat pontifical pour y rétablir l’ordre. Lorsque le cardinal Lambruschini reçut, en juillet 1840, la première lettre pastorale de Mgr de Bonald, dans laquelle ce dernier faisait nettement allusion à la condition ouvrière de son nouveau diocèse, il ne releva pas, dans sa réponse, les problèmes pastoraux qui pouvaient résulter du caractère industriel du diocèse de Lyon 2069 . Il affirma simplement qu’il avait lu avec plaisir la lettre pastorale qui montrait “ ce que devait être un évêque catholique en tous temps vis à vis de son troupeau 2070 ”. Grégoire XVI, comme son successeur Pie IX (1846-1878), n’étaient pas, bien sûr, indifférents au sort du prolétariat et ils s’occupèrent d’institutions d’assistance 2071 , mais ils prêtaient attention, surtout, au risque représenté par les mouvements ouvriers, perçus comme une extension dangereuse pour l’ordre public, du libéralisme. Cela n’empêchait pas Pie IX de s’intéresser à la question sociale, puisque dans sa bibliothèque, il avait rassemblé, à l’époque de son épiscopat à Imola, toute une documentation sur ce problème. ; toutefois, il fallut attendre l’encyclique “Quanta Cura” (1864), pour qu’il évoque “une société qui, soustraite aux lois de la religion et de la vraie justice, ne peut avoir d’autre but que d’amasser des richesses” 2072 .
Le clergé romain avait sans doute plus l’opportunité d’être sensibilisé aux problèmes sociaux apparus dans les régions marquées par l’industrialisation, lorsque ses membres étaient envoyés en mission à l’étranger. Ainsi, le futur Léon XIII, l’abbé Pecci, envoyé comme nonce à Bruxelles, de 1843 à 1846, a pu avoir une connaissance concrète des réalités de la vie industrielle et ouvrière belge. Certes, il n’a pas accordé plus d’importance que son collègue Lambruschini en poste, alors, à Paris, aux inquiétudes prolétariennes, puisque sa correspondance n’en apporte pas le témoignage. Mais peut-être s’en est-il souvenu, de même que de son rapide voyage à Londres, lorsque, devenu archevêque de Pérouse, il écrivait : “ Que de plaintes ne nous est-il pas arrivé d’entendre même dans ces pays réputés marcher à la tête de la civilisation, au sujet du nombre exagéré d’heures de travail, imposé à ceux qui doivent gagner leur pain à la sueur de leur front 2073 . En tout cas, lorsque Pecci écrivait aux siens, il s’émerveillait devant les progrès du chemin de fer 2074 et n’a pu être complètement étranger à l’influence de la revue de l’“Université Catholique” ; celle-ci publia, à la fin des années 1830, les cours d’économie de Charles de Coux, professeur à l’université catholique de Louvain, et de Villeneuve-Bargemont, qui devint député d’Hazebrouck et fut l’initiateur du catholicisme social dans les milieux conservateurs 2075 .
Après l’Angleterre 2076 , la Belgique fut un des premiers pays industrialisés du continent et les conditions de travail des ouvriers, dans les nouvelles industries de Wallonie ou dans l’industrie textile de Flandre 2077 , étaient aussi médiocres qu’en France. L’Eglise déploya, là aussi, de grands efforts en multipliant les œuvres de bienfaisance et les catholiques sociaux, prêtres ou laïcs, créèrent diverses confréries ou cercles dans un esprit paternaliste 2078 : conférences Saint-Vincent-de-Paul, mutualités, caisses d’épargne, patronages, archiconfrérie Saint-François Xavier fondée à Bruxelles en 1854 par le père Van Caloen pour fédérer les associations ouvrières etc. 2079 .Un laïc fut à l’origine de plusieurs de ces associations, le criminaliste Edouard Ducpétiaux (1804-1868) 2080 qui lutta toute sa vie pour l’amélioration des conditions de logement et d’alimentation des travailleurs. Toutefois, il eut une attitude moins positive que celle du catholicisme social allemand devant la question ouvrière 2081 .
Dans la confédération germanique, la Prusse était, au milieu du XIXe siècle, au cœur du développement industriel, en particulier dans la Ruhr et dans la Sarre. Les salaires y furent particulièrement bas, jusqu’aux années 1860 car il s’agissait pour le patronat de faire face à la concurrence de l’industrie anglaise. L’Etat prussien a commencé à prendre des mesures en faveur des ouvriers à partir des années 1840, mais des personnalités ecclésiastiques observaient aussi le développement industriel d’un œil critique, car elles attribuaient son introduction surtout à des protestants alors que la population catholique, majoritaire au sein de la main-d’œuvre, faisait figure de victime. Avant 1848, quelques personnalités catholiques présentèrent des projets de réforme : von Baader, philosophe et théologien laïc, qui, dès 1835, déclarait que le droit de coalition était justifié, dans la mesure où les patrons exerçaient un monopole, fut le premier à introduire dans la langue allemande le mot prolétaire 2082 . Quant au catholique badois, von Buss, il fut le premier parlementaire à évoquer en 1837, au parlement de Bade, la question sociale et à exiger une législation du travail adaptée 2083 . Mais le discours de ces pionniers ne trouvait pas beaucoup d’écho au sein de l’Eglise où on ne savait pas quelle stratégie adopter face à la nouvelle conjoncture, sinon soulager la misère ouvrière. A ce titre, la première société de Saint-Vincent-de-Paul fondée à Munich en 1845, put permettre aux notables catholiques d’exercer leur zèle et essaimer dans beaucoup d’autres villes 2084 . L’année de la révolution de 1848 permit tout de même aux catholiques de mettre en route une dynamique sociopolitique avec la mise en place d’associations catholiques, en particulier celle de “Piusverein” (association de Pie IX) fondée par Lennig, chanoine de la cathédrale de Mayence. Cette association, qui se répandit dans toute l’Allemagne et dont les membres appartenaient à toutes les couches de la société, avait un programme qui prévoyait une aide aux maux sociaux. Et, dans le cadre de cette “Piusverein”, se forma, en 1849, la première ligue ouvrière catholique d’Allemagne, la “société de secours catholique Saint-Joseph”, sorte de société de secours mutuels qui, par la suite, s’adressa exclusivement à la classe ouvrière 2085 . Par ailleurs, les assemblées générales de ces associations, les “Katolikentage” (rassemblements de catholiques), reprenaient les préoccupations sociales. Ainsi, le deuxième “Katolikentag” de Breslau, en 1849, a prévu des programmes d’enseignement destinés aux apprentis et aux compagnons, des bibliothèques populaires … 2086 .
Les prêtres allemands avaient l’avantage, par rapport aux prêtres français, confinés au séminaire, de pouvoir mieux appréhender les nouveaux problèmes de la société civile, en fréquentant l’université 2087 . Ainsi, Kolping (1813-1865) et von Ketteler (1811-1877) qui vont devenir les guides du mouvement catholique social en Allemagne, ont pu profiter de l’enseignement des professeurs de l’université de Munich, en particulier de von Döllinger, qui s’était efforcé de rattraper le retard de la science catholique sur les protestants en matière d’histoire de l’Eglise 2088 .
A l’automne 1846, un maître et son apprenti, à Elberfeld, en Westphalie, qui avaient fondé la première association catholique de compagnons, choisirent en 1847 comme guide spirituel le vicaire Adolphe Kolping. Ce dernier, qui eut une vocation tardive et avait été auparavant cordonnier, fonda en 1848 à Cologne, l’Association des apprentis (Gesellenverein). Cette association colonaise, comme les autres qui suivirent, présentait l’originalité d’être gérée par les ouvriers eux-mêmes 2089 . Les associations de compagnons de Kolping furent d’abord conçues comme des fraternités de jeunes compagnons, puis elles se développèrent dans deux directions : d’une part, Kolping essaya de restaurer autour de l’artisan et de l’ouvrier isolé par l’individualisme libéral une structure communautaire : les compagnons disposaient d’un véritable livret-guide où était signalée chaque association qui offrait le couvert, le lit, le loisir et même la recommandation pour un stage professionnel 2090 . La maison qui les accueillait offrait un environnement familial chrétien et les jeunes artisans célibataires, âgés de 17 à 27 ans, n’étaient acceptés qu’en tant que compagnons chrétiens, accomplissant leurs devoirs religieux 2091 . D’autre part, Kolping voulait faire jouer à ces associations un rôle dans la réconciliation des classes : en renonçant à la grève et à toute agitation subversive, les compagnons étaient susceptibles de créer une communauté professionnelle d’un type nouveau à base d’entraide morale et de formation professionnelle réciproque 2092 . On peut remarquer qu’à la différence de Kolping, on se préoccupait plus, en France, des jeunes apprentis que des ouvriers devenus adultes. Il faut dire que le désir de vouloir les encadrer était un obstacle 2093 ; rappelons, à ce sujet, que les confrères de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, à Lyon, n’ont pas dépassé le stade du projet quand ils voulurent mettre en place une œuvre qui aiderait de ville en ville, les jeunes ouvriers. Remarquons également que les associations d’apprentis de Kolping connurent le succès 2094 , car il les a bien rattachées à la tradition et parce qu’elles ne prirent jamais un caractère purement religieux 2095 , même si les prêtres pouvaient accompagner l’association locale des apprentis.
La deuxième grande figure du catholicisme social allemand au XIXe siècle, Wilhelm Emmanuel von Ketteler, se préoccupa particulièrement de la question ouvrière, une fois devenu évêque de Mayence, en 1850. Alors qu’il était curé de la paroisse de Sainte-Hedwige à Berlin, il fut élu député , en 1848, au parlement de Francfort, où il donna la priorité à la question sociale par rapport à la question constitutionnelle, qui préoccupait ses collègues. Dans les sermons qu’il donna à la cathédrale de Mayence en 1848-1849, il développa la pensée thomiste concernant l’usage des produits de la propriété de chacun, en flétrissant les abus du droit de propriété et en s’opposant au libéralisme individualiste 2096 . Evêque puis archevêque de Mayence, il se consacra à un inlassable effort d’analyse sociale. Dans “La question ouvrière et l’engagement chrétien ” (1864), il affirmait que la classe ouvrière était traitée en marchandise 2097 . Comme il voulait mettre en place des structures sortant du cadre de l’économie capitaliste, il demanda conseil au socialiste Lassalle pour l’installation d’une coopérative de production en Hesse, qui aurait été financée par les contributions volontaires des communautés catholiques. Mais il ne fut soutenu ni par les fidèles, ni par l’épiscopat, aussi fut-il contraint, à partir de 1865, de réclamer une intervention de l’Etat en faveur de la classe ouvrière 2098 . En septembre 1869, à la conférence épiscopale de Fulda, il opta pour la reconnaissance de l’association ouvrière, pour la participation ouvrière aux bénéfices, pour le crédit permettant l’accession des ouvriers à la propriété et il demanda qu’une formation aux questions sociales fût prévue dans les séminaires 2099 .
La Suisse, comme l’Allemagne, fut un des premiers foyers du catholicisme social, mais celui-ci s’y manifesta de manière surtout paternaliste. Dès la fin du XVIIIe siècle, l’industrie textile suisse s’est mécanisée, mais le niveau très bas des salaires n’a pas provoqué de révolte comme celle des canuts lyonnais, car les industries avaient une forte implantation rurale. Le mouvement catholique social s’est manifesté surtout par l’idéal caritatif et de conciliation des associations de compagnons de Kolping ; la Suisse alémanique fut aussi le berceau de “L’association de Pie IX” dont les activités concernaient plus le domaine de l’instruction que celui de l’aide aux déshérités. La Suisse romande, pour sa part, vit l’implantation des premières conférences de Saint-Vincent-de-Paul à Genève, en 1846. L’épiscopat, comme en France, abordait la question sociale dans ses lettres pastorales, en soulignant le problème des institutions remises en question par le libéralisme et le non respect du repos dominical 2100 . Deux fortes personnalités ecclésiastiques ont essayé de tenir compte de la nouveauté de la question sociale : le capucin Théodore Florentini (1808-1865) et le cardinal Gaspard Mermillod (1824-1892). Le premier avait l’esprit d’entreprise qu’il voulait communiquer aux autres prêtres. Il a fondé des écoles et des hôpitaux et, sur un modèle similaire de celui des providences et des usines-internats de la région lyonnaise, il a expérimenté l’encadrement chrétien dans les “Fabrikheime” (maisons-usines), en particulier dans le diocèse de Chur où il devint vicaire général 2101 .
Mgr Mermillod, pour sa part, eut une grande influence sur les catholiques sociaux français. D’abord vicaire, en 1847, de l’unique paroisse de Genève, il se préoccupa de la situation de ses paroissiens, pauvres immigrés pour la plupart. Dès 1851, il se fit un nom de prédicateur à Paris et devint évêque auxiliaire de Genève en 1864. Il avait des positions et des préoccupations proches de celles de Mgr de Bonald. S’il défendait Veuillot et l’“Univers”, il se lia d’amitié avec le docteur Dufresne, un proche de Lacordaire et d’Ozanam. Comme l’archevêque de Lyon, il était très attaché au pape et à ses enseignements 2102 et il se préoccupait de la question ouvrière ; sans doute eut-il l’occasion d’en débattre lorsqu’il venait voir fréquemment, le cardinal de Bonald, à l’archevêché de Lyon 2103 . Le 23 février 1868, prononçant un discours pour le cercle des jeunes ouvriers, dans la chaire de Sainte-Clotilde à Paris, Mgr Mermillod évoqua ce mouvement des classes ouvrières ressemblant à un torrent qui peut tout détruire sur son passage, mais dont l’Eglise peut faire un fleuve puissant et fécond : mais pour cela, disait-il, il fallait que prêtres et évêques aillent au peuple et lui montrent qu’“entre les puissants et lui le désaccord n’était qu’apparent et que la propriété et le travail, de même que la richesse et le prolétariat pouvaient et devaient se tendre une main fraternelle 2104 .
Dans les Etats de la péninsule italienne, contrairement à ceux que nous venons d’évoquer, l’industrie ne faisait que débuter, que ce soit dans le Piémont, en Toscane ou à Naples. Mais, là comme ailleurs, le nombre de travailleurs indépendants diminuait et les salariés qui avaient peu de droits ne pouvaient pas s’associer. Les notables n’étaient pas au fait des problèmes socio-économiques modernes et les libéraux subordonnaient le problème du prolétariat au problème national, car leur priorité était de mettre fin à la domination autrichienne. Même dans le royaume de Piémont-Sardaigne, le plus novateur, les mesures de l’Etat envers les ouvriers reprenaient l’activité charitable des confrères 2105 . Les communautés professionnelles prônées par les théologiens romains du début des années 1850, les pères Curci, Liberatore et Taparelli d’Azeglio, rappelaient aussi les confréries du passé 2106 . A la même époque, les premières associations ouvrières de la péninsule furent créées à Turin et quelques journaux parus à Gênes s’intéressèrent aux problèmes de l’ouvrier. La pensée catholique s’orientait, quant à elle, vers l’obligation qu’avait la société d’aider les pauvres mais cette pratique charitable devait incomber à l’initiative privée. Toutefois, des évêques du Piémont se préoccupèrent des solutions à apporter au problème ouvrier. Ainsi, Mgr Charvaz, évêque de Pinerolo, près de Turin, recommandait dans sa lettre pastorale de carême de1847, les initiatives mutualistes et coopérativistes en faveur des ouvriers artisans et proclamait la responsabilité des chrétiens vis à vis de la question du travail 2107 . L’évêque d’Annecy, Mgr Rendu, intervint pour sa part, de manière plus directe, en envoyant, en novembre 1845, un Mémoire à propos de la question ouvrière, au roi de Piémont, Charles-Albert 2108 . Il y proposait, en 46 articles, une réglementation légale du travail, sous les auspices des pouvoirs publics et du clergé, pour les ateliers de plus de 10 personnes. Dans les localités concernées, un comité de surveillance, appelé Patronage et composé d’un juge, du curé et de trois autres membres nommés par le ministre de l’intérieur, aurait pour mission de régler et moraliser les rapports entre maîtres et ouvriers. Le Patronage, qui serait un tribunal de conciliation, nommerait à son tour, deux inspecteurs, chargés de faire un rapport sur l’état moral et sanitaire de la classe ouvrière. Le Patronage pourrait prendre des sanctions, modifier les salaires, mais les chefs d’industrie, en cas de désaccord, pourraient faire appel 2109 . Le mémoire permet aussi de repérer quelle est pour l’évêque, la législation sociale idéale : il est favorable à l’association des ouvriers sous certaines conditions, mais il leur impose le livret. Il interdit le travail de nuit pour les femmes et les enfants et le travail de ces derniers, à partir de 14 ans, n’est autorisé que si les parents le demandent. L’évêque réclame aussi la séparation des sexes dans les manufactures. On constate finalement, qu’il ne fait confiance ni aux patrons, ni aux ouvriers, qui, tous, seraient placés sous la haute surveillance de l’Etat et des autorités locales.
Découvrons maintenant les préoccupations sociales qu’avait le nouvel archevêque de Lyon, à la même époque, lors de son arrivée sur le siège archiépiscopal.
Philippe BOUTRY, “L’encyclique « Rerum Novarum » et le climat intellectuel des années 1840 du XIXe siècle”, in Colloque de l’école française de Rome, 1997, 682 p. (p. 89).
Lettre du cardinal Lambruschini du 23 juillet 1840 en réponse à celle de Mgr de Bonald du 10 juillet 1840 , in Paul DROULERS, “Le cardinal de Bonald et la grève des mineurs de Rive-de-Gier en 1844”, Cahiers d’histoire, 1961, T. VI, pp. 265-285).
Ibid., p. 279.
Pie IX patronna une œuvre sociale romaine importante, la “Société artistique ouvrière de la charité réciproque” appelée également l’“ Œuvre de Testa Spaccata“ (Aloïs SIMON, “Le Vatican”, in S.H. SCHOLL (dir.), 150 ans de mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939, Nauwelaerts, 1966, 512 p. (p. 18). Notons également que, lorsque le pape Pie IX reçut, en 1861, 300 000 francs du Denier de Saint-Pierre de la ville de Lyon, il s’informa de la situation des ouvriers lyonnais et leur destina une somme de plus de 32 000 francs (L. DUGAS et P.J. DUGAS, Prosper Dugas – Vie et souvenirs …, pp. 105 et 109).
Aloïs SIMON, “Le Vatican ” …, p. 18.
Idem, p. 22-23 et Philippe BOUTRY, “L’encyclique « Rerum Novarum »et le climat intellectuel des années1840 du XIXe siècle … ,” p. 74.
Lettre du 13 août 1843 au retour de l’inauguration de la nouvelle voie ferrée, de Namur à Bruxelles (PH. BOUTRY …, p.75).
Idem, p. 75.
Le christianisme social britannique se contenta, le plus souvent, comme sur le continent, de pratiques charitables. Du côté catholique, les conférences de Saint-Vincent-de-Paul se sont installées en Angleterre dès 1844 (Jacques GADILLE, “Les îles britanniques”, in Histoire du christianisme, T. 11 …, pp. 241-242)., mais il faudra attendre les années 1880 pour voir le cardinal Manning, archevêque de Westminster, intervenir en faveur des ouvriers (G. ZANANIRI, article “Manning”, in Encyclopédie Catholicisme, 1977, T. 34, col. 343).
Les premières véritables associations d’ouvriers industriels qui existèrent en Belgique, celles de tisserands et de fileurs de Gand, fondées en 1857, avaient des objectifs mutualistes mais prirent, comme à Lyon, l’allure d’associations de résistance. Toutefois, il s’agissait d’associations catholiques mais sans lien organique avec l’Eglise (S.H. SCHOLL, “La Belgique”, in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, p. 139).
Ainsi, l’avocat bruxellois Charles Périn, dans son ouvrage “De la richesse dans les sociétés chrétiennes” (1861, propose comme idéal “la corporation libre et chrétienne, unissant patrons et ouvriers en réalisant la paix et le progrès par l’effort généreux de la charité et du renoncement …” : cité par André TIHON, “La Belgique” in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 551.
Ibid., pp. 132-135 et J. GADILLE, “Libertés publiques – Questions sociales”, in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 39.
Nous avons déjà évoqué (fin du paragraphe 2 du chapitre 6) la place qu’il a occupée parmi les philanthropes qui se sont préoccupés du monde ouvrier au XIXe siècle. Parmi les autres pionniers du catholicisme social en Belgique, on peut signaler le journaliste A. Bartels (1802-1862), qui publia, en 1842, l’“Essai sur l’organisation du travail”, qui envisageait un salaire minimum et qui dans son journal “Le débat social” défiait l’opposition des évêques et se réjouissait de la sympathie de quelques curés et vicaires (S.H. SCHOLL, “La Belgique” …, p. 136.
Ibid., p. 134.
P. JOSTOCK, “L’Allemagne” in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, p. 57 et V. CONZENIUS – R. LADOUS, “L’Allemagne”, in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 310.
V. CONZENIUS – R. LADOUS, “L’Allemagne”, in Histoire du christianisme, T. 11 …p. 310.
En dehors des groupements religieux, diverses associations civiles, comme les sociétés d’habitation à bon marché, s’occupaient de la misère de la classe ouvrière. (P. JOSTOCK, “L’Allemagne”, in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, pp. 54-55).
Parmi les associations catholiques, plusieurs associations de mineurs virent aussi le jour à partir de 1857 (Ibid., pp. 58-59).
V. CONZENIUS – R. LADOUS, “L’Allemagne”, in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 309.
Nicole LEMAITRE (dir.), Histoire des curés, Fayard, 2002, 523 p. (p. 318).
J. GADILLE, “Libertés publiques – Question sociale et grands courants doctrinaux et de spiritualité dans le monde catholique” ,in Histoire du christianisme, T. 11 …, pp. 37 et 116.
J. GADILLE, V. CONZENIUS – R. LADOUS, in Histoire du christianisme, T. 11 …, pp. 39 et 311 et P. JOSTOCK, “L’Allemagne” …, p. 58.
R. RUFFIEUX, “La Suisse”, in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, pp. 458-459.
Nicole LEMAITRE (dir.), Histoire des curés …, pp. 458-459.
R. RUFFIEUX …, pp. 458-459.
Il ne faut pas oublier non plus que le compagnonnage était perçu, dans les milieux catholiques, comme anticlérical et plus ou moins lié à la franc-maçonnerie.
A la mort de Kolping (1865) , il y avait 418 associations d’apprentis en Europe centrale et aux Etats-Unis, qui rassemblaient plus de 24 000 adhérents (P. JOSTOCK, “L’Allemagne” …, p. 58).
Martin GRESCHAT, Das Zeitalter der Industriellen Revolution – Das Christentum von der Moderne in Christentum und Gesellschaft, T. 11, Kohlhammer, 1980, 242 p. (p. 76).
J. GADILLE, “Libertés publiques – Question sociale” in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 39 et Henri ROLLET, “Article sur Ketteler”, in Encyclopédie Catholicisme, T. 26, 1966, col. 1421-1422.
Henri ROLLET …, col. 1421.
Martin GRESCHAT, Das Zeitalter der Industriellen Revolution …, p. 134. Si Ketteler était convaincu que, seule, la foi chrétienne pouvait venir à bout de la menace du bouleversement de la société, il comprenait aussi l’ouvrier qui devait assurer chaque jour sa subsistance ; aussi était-il d’accord avec Lassalle pour critiquer le libéralisme. (Gerhard BESIER, Religion – Nation – Kultur – Die Geschichte der christlichen Kirchen in den gesellschaftlichen Umbrüchen des 19. Jahrhunderts, Neukirchener, 1992, 279 p. (pp. 98 et 104).
J. GADILLE, “Libertés publiques – Question sociale” in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 39 et Henri ROLLET, “Article sur Ketteler”, in Encyclopédie Catholicisme …, col. 1421.
R. RUFFIEUX, “La Suisse”, in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, pp. 444-459.
Ibid., p. 452. Voir la fin de la deuxième partie du chapitre 8. Cette forme d’encadrement chrétien a été aussi appliquée à des adultes dans l’usine du Val-des-Bois, en Champagne, chez les Harmel, où, en 1865, la majorité du personnel a accepté d’entrer dans des associations de mutualité et de piété (J. GADILLE, “Libertés publiques – Question sociale” in Histoire du christianisme , T. 11 …, p. 39).
R. RUFFIEUX, “La Suisse”…, p. 453 et CHARLES COMTE, Le cardinal Mermillod d’après sa correspondance, Bloud et Gay, 1924, 270 p. (pp. 21-22-52).
Témoignage du vicomte Joseph de Bonald, arrière petit-neveu du cardinal de Bonald (Archives de la famille de Bonald à Millau).
Charles COMTE, Le cardinal Mermillod d’après sa correspondance …, pp.196-197 et J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social – 1822-1870 …, p. 693. Comme Mgr de Bonald, Mgr Mermillod eut parfois des paroles très dures à l’égard de la bourgeoisie. Lors de son deuxième discours en l’Eglise Sainte-Clotilde, à Paris, le 16 mars 1868, en faveur de la société pour l’amélioration et l’encouragement des publications populaires, il choqua l’auditoire de cette paroisse du riche faubourg Saint-Germain : “Avec quelle autorité conseilleriez-vous au peuple, disait-il, le travail et la prévoyance, si votre vie se passe dans l’imprévoyance et l’inaction ? Vous lui reprochez de ne pas travailler le lundi, et vous ne faîtes rien toute la semaine !” (Cité par Pierre PIERRARD, L’Eglise et les ouvriers en France – 1840-1940 …, p. 246).
A. GAMBASSIN, “L’Italie”, in 150 ans du mouvement ouvrier chrétien en Europe de l’ouest – 1789-1939 …, pp. 290-292.
J. GADILLE, “Libertés publiques – Question sociale”, in Histoire du christianisme, T. 11 …, p. 39. Le père Liberatore sera l’auteur, en 1890, du premier schéma de l’encyclique “Rerum Novarum” (J.M. MAYEUR, “La question sociale”, in Histoire du christianisme …, T. 11, p. 491).
A. GAMBASSIN, “L’Italie” …, pp. 293-296.
L’évêque avait visité la manufacture de coton d’Annecy, qui faisait travailler 1 400 fileurs et tisseurs et il avait été reçu à la table du patron. Cette manufacture, la plus importante des Etats sardes, embauchait les enfants à l’âge de sept ans et leurs conditions de travail de même que celles des adultes y étaient très dures (J. FOMBONNE, Personnel et DRH – L’affirmation de la fonction Personnel dans les entreprises (France, 1830-1990) …, pp. 647-649). Au début de son mémoire, l’évêque évoque, d’ailleurs, les conditions de travail inhumaines imposées par les industriels, mais il précise plus loin, qu’il ne fait pas allusion aux principaux chefs d’industrie à Annecy, hommes religieux et remplis de charité.
“Opinion d’un évêque sur la question ouvrière en 1845 - Mémoires et documents”, Académie salésienne, T. 78, 1966, pp. 4-28.