III. La Sociéte de Saint-François-Xavier : rencontres et enjeux

Depuis la dissolution, en 1830, de la Société de Saint-Joseph, filiale de la Congrégation, il n’existait plus, à Paris, de société catholique ouvrière destinée aux adultes. Comme les prêtres éprouvaient le besoin d’évangéliser les ouvriers, un vicaire de Saint-Nicolas-des-Champs, aidé par un Frère des Ecoles chrétiennes, avait réuni, en septembre 1837, une dizaine d’ouvriers qui entendaient des lectures pieuses. D’autres ouvriers se joignirent à eux et l’homme d’œuvres catholiques, Armand de Melun, s’occupa en 1840, de créer des réunions analogues qui se déroulèrent par la suite dans les églises, afin d’accueillir plus d’ouvriers. Ainsi est née la Société de Saint-François-Xavier : ce qui n’était, au départ, qu’un institut de bienfaisance, prit de l’ampleur. En effet, la Société, qui eut de plus en plus le caractère, non seulement d’une société de secours mutuels, mais aussi d’éducation populaire 2290 , connut le succès auprès des ouvriers. En 1846, la Société de Saint-François-Xavier comptait 15 000 inscrits à Paris 2291 et s’était répandue en province 2292 , à Lyon et à Lille en 1844, à Marseille en 1846 et dans d’autres villes comme Tours, Toulon ou Grenoble. Nous nous efforcerons de comprendre pourquoi, à Lyon, la Société de Saint-François-Xavier réussit dans son entreprise, en recrutant au-delà de la minorité ouvrière, bien disposée à l’égard de l’Eglise et pourquoi, en même temps, elle inquiéta le gouvernement, et fut contestée surtout par le milieu républicain.

Notes
2290.

Des orateurs comme Hébrard ou l’abbé Ledreuille, qui fonda une Maison des ouvriers pour faciliter leur placement, intervenaient dans des réunions mensuelles ou alternaient discours, chants, lectures, instructions religieuses et morales [J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France (1822-1870) …, pp 242-255.].

2291.

Ibid., p. 260.

2292.

A Paris et à Lyon, où elle connut le plus de succès, la Société garda son autonomie, alors qu’à Marseille et à Lille, elle a été intégrée à d’autres œuvres : “Œuvre des ouvriers” à Marseille, et Société de Saint-Vincent-de-Paul, à Lille. (J.B. DUROSELLE, …, p. 281 et P. PIERRARD, La vie ouvrière à Lille sous le second Empire …, p. 400).