2. Un buchézien dans la Société de Saint-François-Xavier : Jérôme Morin.

La présence de certains militants, au sein de la Société de Saint-François-Xavier, peut paraître surprenante. Celle de Pierre Charnier, chef d’atelier mutuelliste, qui devint secrétaire d’une section, l’est, sans doute, moins que celle de Jérôme Morin, aux convictions républicaines et démocratiques bien affirmées. Jérôme Morin (1797-1861), originaire de Beaujeu, vint s’établir à Lyon en 1825, comme avoué et fut un des fondateurs de “L’Indépendant”, journal philosophique et littéraire, qui peut être considéré comme le vulgarisateur du “Globe” parisien. En 1827, il participa également à la fondation du “Précurseur” puis en devint le directeur. Ce journal républicain qui était associé à la section lyonnaise de la Société des droits de l’homme, protesta contre les ordonnances liberticides de juillet 1830 et s’impliqua dans la Révolution qui suivit 2318 . Après les évènements de 1830, Morin conserva “Le Précurseur” dans l’opposition, puis affecté par la division de ses amis, il quitta la rédaction du journal et, lorsque le “Censeur” succéda au “Précurseur” en 1834, il en fut le rédacteur pendant une période très brève. En 1831, Morin avait été nommé juge de paix du premier arrondissement où il fut également secrétaire du Comité des bureaux de bienfaisance 2319 . Il abandonna le journalisme jusqu’aux évènements de 1848, qui le virent militer dans un groupe buchézien qu’il dirigeait 2320 . Entre temps, il avait écrit quelques ouvrages d’histoire locale dont “L’histoire de Lyon depuis 1789” où apparaissaient souvent deux mots qui lui étaient chers, démocratie et christianisme. Les biographes, que ce soit l’abbé Vachet ou son collègue à l’académie de Lyon, Antoine Mollière 2321 , s’accordent à reconnaître son esprit élevé, son intégrité, son attention pour les pauvres et la persévérance qu’il a montrée dans son combat au sujet des droits et des devoirs sociaux 2322 .

C’est dans le quartier d’Ainay où il résidait, rue des Remparts, que le curé de la paroisse, l’abbé Boué, le sollicita, en août 1847, pour œuvrer au sein de la section d’Ainay de la Société de Saint-François-Xavier. Comme Morin partageait quelques-uns des préjugés populaires contre l’association 2323 , le curé réussit à le rassurer, et à lever les obstacles qui étaient censés éloigner le “camp clérical” du “camp républicain”. D’abord, ses opinions libérales et démocratiques ne posaient pas problème dans la Société, qui était toute en faveur de la démocratie. Ensuite, la peur à l’égard des Jésuites était de l’histoire ancienne et l’abbé Boué ne voyait pas d’inconvénient au fait que Morin, un des fondateurs de l’école mutuelle 2324 , se retrouve avec les Frères des Ecoles Chrétiennes dans les instances dirigeantes de la Société 2325 . Devenu secrétaire de la Section d’Ainay, Morin a pu constater que la Société de Saint-François-Xavier ne pouvait être un instrument politique, car les sections paroissiales étaient isolées les unes des autres et il n’a pas vu qui que ce soit, dont l’admission ait été refusée. Il trouvait absurde de supposer qu’une association de charité milite pour Henri V, comte de Chambord 2326 et il ne comprenait pas la haine contre les ouvriers, membres de la Société, qui furent exclus des réunions de citoyens, comme lui-même le fut, du “club des montagnards”, affilié à la “Société démocratique”, le 22 mars 1848. Morin regretta que son ancien journal, “le Censeur”, dont il appréciait les idées républicaines, se soit fait l’écho de la calomnie et il écrivit au journal, qui ne publia pas sa lettre 2327 . S’il appréciait l’excellent principe de la mutualité sur lequel était fondé la Société de Saint-François-Xavier, il pensait, tout de même, qu’elle aurait pu connaître un plus grand développement, si elle avait été plus indépendante par rapport au clergé, tout en restant chrétienne 2328 .

Candidat aux élections d’avril 1848, Morin fit sa profession de foi devant le Club national, où militaient les buchéziens : il demanda de conserver le drapeau de la démocratie pour réaliser enfin ce que signifient les mots d’ordre que la doctrine du Christ a fait tomber dans la conscience universelle : liberté, égalité, fraternité. Il faut, disait-il, organiser le travail à travers les théories qui se disputent, en respectant les droits de la propriété et la constitution de la famille. Mais il faut trouver des moyens immédiats pour soulager sérieusement la détresse profonde des ouvriers. Il ajouta qu’il serait fier de siéger à Paris, à côté de l’abbé Noirot et des ouvriers du journal “L'Atelier”. Il termina en disant que la devise du Club national serait toujours la sienne : “Dieu et le peuple ! Dieu et la liberté 2329  !”. Morin manifestait donc un idéal républicain catholique, comme les jeunes membres du Club national, même si ceux-ci étaient considérés comme des adversaires politiques dans les milieux républicains 2330 . Parmi les 14 candidats du Club national, Ozanam et, à un degré moindre, de Laprade, professeur à la faculté de Lettres de Lyon, avaient les idées les plus proches de celles de Morin. Tous les trois défendaient la devise de 1789, conforme à l’évangile, la propriété, la famille et proposaient des solutions dans le domaine social. Victor de Laprade préconisait, pour sa part, une forte intervention de l’Etat dans le domaine économique et le développement de l’agriculture plutôt que celui de l’industrie 2331 .

Lorsqu’il fut question de la constitution de la liste du Comité général des clubs, la candidature de Morin fut acceptée par l’arrondissement de Villefranche, mais comme le Comité général des clubs de Lyon l’avait refusée, le Comité de Villefranche revint sur sa décision 2332 . Les résultats des élections du 23 avril 1848 furent surtout favorables au Comité général des clubs, puisque deux membres seulement de sa liste ne furent pas élus. Toutefois, il faut remarquer que les listes des trois grandes organisations politiques ne s’opposaient pas vraiment, puisque Benoît, Doutre, Laforest et Lortet, étaient patronnés à la fois par le Club central de tendance socialiste, le Comité du quai de Retz, de tendance républicaine gouvernementale et le Comité général des clubs. Quant au Club national, il n’eut pour élus que les cinq membres de sa liste, acceptés par le Comité général des clubs 2333 . Morin, pour sa part, obtint un résultat honorable, puisqu’avec 36 593 voix, il obtint deux fois plus de voix que Laprade et un chiffre comparable à celui de Proudhon, qui eut 37 974 voix 2334 . Il fut surtout ulcéré par l’ostracisme qu’il subissait, parce qu’il se proclamait sincèrement républicain et aussi sincèrement chrétien. Pour lui, la Révolution de février était destinée à opérer le rapprochement entre liberté politique et liberté chrétienne. Il demandait “la liberté d’être chrétien comme l’était l’abbé Grégoire, sans être appelé pour cela, légitimiste et Jésuite”. Son drapeau, comme celui des buchéziens, était le “drapeau du démocratisme catholique 2335 ”. Mais il n’ignorait pas que son désir de conciliation entre christianisme et démocratie provoquait de fortes préventions.

On a vu que “L’Union nationale” de Claudius Hébrard avait refusé de le soutenir lors des élections partielles de septembre 1848, ne voyant plus en lui que l’ancien rédacteur du “Précurseur”, hostile au clergé. Toutefois, “L’Union nationale” fit paraître sa profession de foi, dans laquelle il se contenta de rappeler son parcours politique, mais, dans “La Liberté”, journal républicain, pris en main par des catholiques buchéziens 2336 , il affirma plus nettement ses convictions : il réaffirmait son attachement à la République et à la démocratie, malgré les épreuves survenues depuis février 1848 ; il continuait à considérer l’amélioration du sort des hommes de travail, comme le problème majeur, mais il fallait l’examiner dans la paix des esprits ; il déclarait enfin que la plus haute philosophie de la liberté était celle du christianisme 2337 . Mais, comme son désir de conciliation entre christianisme et démocratie était de plus en plus mal perçu 2338 et comme il voulait éviter l’éparpillement des voix, il retira sa candidature et pria ses électeurs de reporter leurs suffrages sur celui qui représentait le mieux l’ordre moral légal et la démocratie 2339 . L’année suivante, Jérôme Morin s’impliqua tout de même à nouveau dans la vie politique locale, car un comité voulant présenter des candidats de conciliation aux élections législatives de 1849, s’était mis en place. Les membres de ce comité n’acceptaient pas l’option révolutionnaire ou réactionnaire des deux autres comités et Morin devint, naturellement, un candidat de conciliation aux côtés du maire de Lyon, Réveil, et de l’économiste, Petetin 2340 .

Jérôme Morin connut une nouvelle fois la déception à l’issue de ces élections et la tournure que prenaient les évènements sous la seconde République l’a amené à de nombreuses interrogations ; ainsi, a-t-il écrit un petit ouvrage, issu de la réflexion du chrétien dans le monde du travail 2341 , dans lequel il évoque la question sociale qui a mal été traitée et il maintient ses convictions, en affirmant que l’homme peut façonner, avec l’aide de Dieu, une société plus juste, s’il poursuit ses efforts. On retrouve dans la lecture de cette opuscule sa foi buchézienne, lorsqu’il écrit que la propriété privée ne vaut que par la propriété sociale, car la société impose des devoirs à la propriété, et lorsqu’il affirme que l’association volontaire, qui est un des modes les plus légitimes de l’activité humaine, peut avoir des résultats très féconds 2342 . S’interrogeant sur l’échec des avancées sociales, il affirme que si le droit au travail est un droit incontestable, on a eu le tort de l’affirmer comme un droit absolu opposé à la société. En ce qui concerne l’organisation du travail, on n’a pas abouti parce que les questions n’étaient pas résolues scientifiquement 2343 . Il adresse aussi, dans son livre, un message aux ouvriers en leur disant que la société ne pouvait pas leur donner ce qu’ils demandaient car celle-ci ne peut pas changer la destinée de l’homme, qui, dans son travail, lequel est vertu et sacrifice, doit d’abord cultiver la patience 2344  ; et Morin, de citer la loi de Dieu 2345  : “tu mangeras ton pain à la sueur de ton front”. Il termine son livre en faisant référence à la pensée de Blanc de Saint-Bonnet 2346 , car il pense sans doute, comme ce philosophe, que le sacrifice du Christ ancre le divin dans l’homme et dans l’histoire grâce à la douleur et que c’est là, une promesse de restauration et d’avenir 2347 .

D’autres écrits de Morin eurent trait au monde du travail, en particulier ceux qui furent issus de ses rapports présentés à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon. En 1846, il rédigea un opuscule curieux, en traduisant les idées d’un tailleur allemand résidant à Lyon 2348 , qui proposait une grande association de personnes des deux sexes et de toutes conditions, qui rassemblerait toutes les sociétés de secours mutuels, tout en leur donnant une direction morale. Dans l’association projetée, qui paraissait praticable à Morin 2349 , les membres de “l’Union”, rassemblés en centuries, étaient dirigés par un président qui avait des attributions importantes : non seulement, il percevait les contributions mensuelles et devait faire parvenir les secours, mais ses obligations morales l’amenaient à intervenir pour améliorer les mauvaises conduites, resserrer l’union des familles, veiller à l’instruction des enfants et arbitrer les conflits à l’intérieur de la centurie 2350 . En plus du secours, “L’Union chrétienne des bonnes oeuvres” offrait donc le patronage et rappelle le comité de surveillance chargé de moraliser les rapports entre maîtres et ouvriers, qui avait été imaginé par l’évêque d’Annecy, l’année précédente 2351 .

Les compétences de Morin concernant les questions qui se posaient à propos du travail étaient probablement reconnues, puisqu’il eut à présenter devant l’Académie de Lyon, les mérites de travaux de recherche concernant le problème du chômage dans la Fabrique 2352 et les problèmes spécifiques du travail féminin 2353 . Il ressort de son rapport concernant le travail féminin, que Morin souhaite que le salaire de l’homme soit suffisamment élevé pour éviter le travail de la mère et de la fille à l’extérieur de la maison. Pour ce qui est du type d’enseignement proposé aux filles, si la création d’une université féminine lui paraît trop opposée à la mentalité de son époque, il souhaite, par contre, la création d’écoles professionnelles pour les filles et d’établissements secondaires, où les élèves riches patronneraient des élèves pauvres, pour lesquelles l’instruction serait gratuite 2354 . Morin est devenu lui aussi, hostile à l’accumulation des populations dans les villes et souhaite la dissémination des ateliers industriels dans les campagnes, ce qui permettrait pour la famille, comme le souhaite Le Play 2355 , le travail des deux sexes. Par ailleurs, il est bien conscient que, dans les providences, la jeune fille rapporte un bénéfice à la communauté, mais plutôt que de supprimer cet avantage, Morin pense qu’il vaudrait mieux le reproduire au sein d’associations laïques 2356 . Pour ce qui est des salaires, il estime qu’il est impossible de les tarifer 2357 , mais il est favorable à une limitation des heures de travail des femmes, comme de celles des enfants. Il termine ce rapport en soulignant que les mémoires qui ont été rendus, proposent tous une réforme dans l’éducation des filles, qui aboutirait, à la création de nouvelles carrières féminines et donc à une réduction des inégalités entre le salaire des hommes et celui des femmes 2358 . Il se montre également optimiste, à la fin de ce rapport, comme de celui concernant les effets des crises dans la Fabrique, à savoir que la part du mal moral a tendance à se retirer devant celle du bien 2359 . En effet, dans certains ateliers, une discipline chrétienne transforme les personnes en être libres et d’une manière générale, les hommes et les sociétéss’améliorent. Morin reste doncfidèle, aussi, à la pensée de Ballanche qui croyait à une renaissance des êtres et des sociétés dans le sens du perfectionnement 2360

De cette confiance dans l’avenir, les dirigeants et les ouvriers attachés à la Société de Saint-François-Xavier en ont eu besoin pour faire face à l’hostilité qu’ils ont rencontrée dès le début.

Notes
2318.

A. VACHET, Nos Lyonnais d’hier (1831-1910), 1912, 392 p. (p. 260). A Lyon, les libéraux de cette époque ont fait frapper une médaille en l’honneur de Jérôme Morin. (Prospectus du Comité qui, lors des élections législatives de 1849, présenta des candidats de conciliation, dont Jérôme Morin. B.M. Lyon. Fonds Coste : 111649).

2319.

A. VACHET, Nos Lyonnais d’hier (1831-1910) …, p.260 et Marguerite MERLE, Un journal légitimiste et catholique social conservateur : “L’Union nationale” (Lyon. 19 mars 1848-14 janvier 1849), Mémoire de maîtrise, Lyon, 1970, 165 p. (pp. 42-46).

2320.

Voir la fin du chapitre 6.

2321.

Antoine MOLLIERE, Des aptitudes spéculatives et esthétiques de l’esprit lyonnais et leur excellence dans l’ordre intellectuel et moral. Discours de réception à l’académie de Lyon dans la séance du 8 mai 1864, précédé d’une notice nécrologique sur Jérôme Morin, membre de la dite académie. Clairon-Mondet, 1864, 36 p. (pp. 6-11). B.M. Lyon : 106380.

2322.

Son fils, Frédéric Morin (1823-1874), marcha sur les pas de son père en devenant disciple d’Arnaud de l’Ariège et en animant un petit groupe buchézien à Mâcon, où il était professeur de philosophie. Il voulait comme son père, réconcilier le chrétien et la démocratie. Mais, par la suite, il abandonna progressivement l’Eglise, devint libre-penseur et ses idées se rapprochèrent de celles de Proudhon [J. MAITRON (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français. Première partie : 1789-1864, T. III …, p. 124]. L’auteur de la biographie évoque sa candidature aux élections d’avril 1848 dans la même liste qu’Ozanam, alors qu’il s’agit de celle de son père.

2323.

Dans une lettre publiée dans “L’Union nationale” du 30 mars 1848, Morin explique comment il a été amené à devenir secrétaire de la section d’Ainay, après que le curé, président de la section, ait réussi à faire disparaître ses réticences.

2324.

L’Eglise était hostile à l’enseignement mutuel, plus économique, où elle pressentait une possibilité de mauvais esprit et était favorable à l’enseignement simultané, appliqué dans ses écoles congréganistes (F. MAYEUR, Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, T. III …, p. 307).

2325.

“L’Union nationale” du 30 mars 1848. Notons que le curé d’Ainay utilisait, bien sûr, un autre type d’argumentation, lorsqu’il s’adressait aux notables de Lyon, susceptibles d’aider financièrement la section d’Ainay : il insistait plutôt sur le rôle que devait jouer la Société pour préserver les artisans des doctrines perverses et les amener à des habitudes honnêtes et chrétiennes. (Lettre circulaire du président de la section d’Ainay de la Société de Saint-François-Xavier datée probablement de 1847. B.M. Lyon. Fonds Coste : 110795).

2326.

Suite de la lettre de Morin dans “L’Union nationale” du 30 mars 1848. Le comte de Chambord est devenu le prétendant légitimiste au trône de France après la mort de Charles X, en 1830.

2327.

J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France …, pp. 430-431.

2328.

Lettre de Morin dans “L’Union nationale” du 30 mars 1848.

2329.

Profession de foi de Jérôme Morin devant le Club national en avril 1848. B.M.Lyon. Fonds Coste : 111542.

2330.

Voir la fin du paragraphe “Les chrétiens et l’esprit de 1848” dans la deuxième partie de ce chapitre.

2331.

Profession de foi de Victor de Laprade adressée aux électeurs du Rhône, le 8 avril 1848. B.M. Lyon. Fonds Coste : 111535.

2332.

Liste des candidats aux élections d’avril 1848. B.M. Lyon. Fonds Coste : 111502.

2333.

Ibid. et F. DUTACQ, Histoire politique de Lyon pendant la Révolution de 1848 …, pp. 338-343, 344-345.

2334.

Notons que le dernier élu dans le Rhône, l’ouvrier tisseur Greppo, a obtenu 45 194 voix.

2335.

Extrait d’une lettre de Jérôme Morin, envoyée à la rédaction de “L’Union nationale”, qui la fait paraître le 3 mai 1848.

2336.

Christine MOREL, “Un journal démocrate chrétien en 1848-1849 :« L’Ere nouvelle »”…, p. 33. Curieusement, deux journaux d’obédience buchézienne parurent à Lyon en 1848 : “Le 24 février” suivi du “Réformateur” (voir la fin du chapitre 6) et “La Liberté” qui fut prolongée par “La Constitution” en janvier et février 1849. Il semble, d’après Clair Tisseur, que “La liberté” était un journal très ouvert et avait une tonalité buchézienne moins marquée (Nizier du Puitspelu, Souvenirs lyonnais. Lettre de Valère. Colligées, T. I …, pp. 51-54 de l’introduction).

2337.

Article de “La liberté” du 4 septembre 1848.

2338.

En résumé, “le Censeur” reprochait à Morin d’être religieux et par conséquent, il ne pouvait être démocrate et “L’Union nationale” lui reprochait d’être démocrate et par conséquent il ne pouvait être religieux.

2339.

Article de “La liberté” du 16 septembre 1848.

2340.

Prospectus du comité présentant des candidats de conciliation aux élections législatives de 1849. B.M Lyon. Fonds Coste : 111649.

2341.

J. MORIN, Le bon sens chrétien, traité populaire sur la richesse, le travail et l’ordre social, Guyot, Lyon, 1849, 100 p. (B.N.F. : R. 44561). Dans l’en-tête de la première page de l’ouvrage, on peut lire : “On ne vaincra, dans l’ordre moral, le socialisme, qu’en prenant pied dans le christianisme et dans l’ordre politique, la démagogie, qu’en prenant pied dans la démocratie”.

2342.

Ibid., pp. 6-7, 76. Par ailleurs, il rappelle que la démocratie est la fin sociale du christianisme (p. 19).

2343.

Idem, pp. 80-81, 88.

2344.

Idem, Introduction du livre, pp. 5, 57-58.

2345.

Morin, qui affirme fortement sa foi en Dieu dans cet ouvrage, dit que “Nier Dieu, c’est mettre en présence, sans conciliation, deux éléments qui seront sans cesse en conflit : la société et l’individu” (p. 10).

2346.

Le livre de Blanc de Saint-Bonnet “De la douleur”, a été édité en 1849, comme celui de Morin.

2347.

F.P. BOWMAN, Le Christ des Barricades (1789-1848) …, p. 344. Si au moment de la révolution de 1848, Blanc de Saint-Bonnet a salué la loi qui a établi les hommes, frères, les ouvrages qu’il a écrits à partir de 1851, ont fait de lui un auteur de la cause contre-révolutionnaire (M. BUFFENOIR, Le mouvement social catholique à Lyon, avant 1848 …, p. 544).

2348.

4 à 5 000 Allemands résidaient à Lyon. L’abbé Drevet avait ouvert, pour les ouvriers allemands, une école du soir de Français, en décembre 1840, et il leur donnait également des réunions religieuses. Il les a réunis en confrérie érigée canoniquement sous le vocable Saint Michel par Mgr de Bonald (L’Institut catholique …, T. I, p. 280). L’opuscule était intitulé “L’Union chrétienne des bonnes œuvres” par M. Christian Siegwaldt, rédigé, avec notes, par M. J. Morin. Imprimerie Lepagnez, 1846, 48 p. (B.M. de Lyon. Fonds Coste : 355736). La brochure se vendait 30 centimes au profit de l’œuvre projetée et, dans le cas où cette œuvre ne serait pas réalisée, au profit du bureau de bienfaisance.

2349.

En 1849, l’administration municipale de Lyon envisagea d’appliquer ce plan, car le bureau de bienfaisance avait cessé de fonctionner l’année précédente. J. Morin donna cette information dans le rapport qu’il lut à l’Académie de Lyon le 21 juin 1859. (B.M. Lyon. B 22638/2).

2350.

“L’Union chrétienne des bonnes œuvres” …, pp. 12-13.

2351.

Mémoire envoyé par Mgr Rendu, évêque d’Annecy, en 1845, au roi de Piémont. Voir la fin du paragraphe consacré aux précurseurs du catholicisme social en Europe, dans ce chapitre.

2352.

Concours sur les moyens d’adoucir et d’atténuer pour les ouvriers en soie, les effets des crises de la Fabrique de Lyon. Rapport fait par M. J. Morin, en séance publique, le 3 juillet 1855. Imprimerie Dumoulin, 1855, 15 p. B.N.F. RP 12612.

2353.

Rapport lu dans la séance publique de l’Académie du 21 juin 1859, par M. J. Morin, au nom de la question du prix à décerner sur la question : “Etudier, rechercher, surtout au point de vue moral et indiquer aux gouvernants, aux administrateurs, aux chefs d’industrie et aux particuliers quels seraient les meilleurs moyens, les mesures les plus pratiques : 1) pour élever le salaire des femmes à l’égal de celui des hommes, lorsqu’il y a égalité de services ou de travail. 2) pour ouvrir aux femmes de nouvelles carrières et leur procurer des travaux qui remplacent ceux qui leur sont successivement enlevés par la concurrence des hommes et la transformation des usages et des mœurs”, 21 p. Académie de Lyon. Rapport sur les prix : 1857-1891. B.M. Lyon : B 22638/2.

2354.

Rapport de 1859…, pp.6-11-19.

2355.

Ibid., p.13. Voir dans le chapitre 6, la fin du paragraphe : “Philanthropes et économistes explorent le monde ouvrier”.

2356.

Idem, pp. 16-17. On retrouve là, l’attrait qu’avaient les buchéziens pour l’association. Il s’agirait, sans doute, comme le revendiquaient les ouvriers dans les années 1840, de mettre en place des coopératives de production, au sein desquelles les familles ouvrières partageraient leurs frais comme dans une communauté.

2357.

Idem, p. 17. Déjà, dans “Le bon sens chrétien”, il avait affirmé que la rémunération du travail était sujette à des éléments si variables qu’il était à peu près impossible de la renfermer dans les limites d’un tarif (p. 86).

2358.

Rapport de 1859 …, pp. 17-18.

2359.

Rapport de 1859…, p.18 et rapport de 1855 concernant les effets, pour les ouvriers, des crises dans la Fabrique, p.14. Dans ce dernier rapport, J. Morin a surtout retenu un mémoire prévoyant une sorte de coopérative de consommation gérée par les fabricants et les ouvriers, qui permettait à ces derniers d’assurer leurs dépenses de loyer, de nourriture, de chauffage et d’éclairage. (pp.8-10).

2360.

Voir le début du deuxième paragraphe du chapitre 4 : “La place tenue par les laïcs, et en particulier, par la Congrégation”. Notons que Blanc de Saint-Bonnet se réclamait de Ballanche.