3. La Société de Saint-François-Xavier dans la tourmente politique et sociale de la fin des années 1840.

Le gouvernement de Louis-Philippe eut une position ambiguë vis à vis de la Société de Saint-François-Xavier, car, d’un côté, il souhaitait que l’Eglise mette en place ce type d’œuvre pour moraliser la classe ouvrière et, d’un autre côté, il s’est inquiété quand la Société a pris de l’extension, car il craignait qu’elle devienne un foyer d’opposition politique. D’après un article du journal fouriériste, à Paris, “Démocratie pacifique 2361 ”, les ministres de l’intérieur et des cultes ont invité, en 1842, l’archevêque de Paris, à s’occuper de la moralisation en masse de la classe ouvrière la plus remuante, celle des ouvriers d’atelier. Le projet aboutissant à la mise en place d’une société de secours mutuels et d’éducation populaire et approuvé successivement par l’archevêque et le gouvernement, permit à la Société de connaître un tel succès, à Paris, que, par la suite, les deux ministres auraient souhaité arrêter ses progrès. A Lyon, également, le gouvernement, s’inquiéta de l’extension de la Société. Après que “Le National” eut signalé son existence, le garde des Sceaux écrivit au parquet de Lyon et le directeur des cultes, au préfet du Rhône, pour demander des renseignements. Le procureur général de Lyon et surtout le préfet semblaient favorables à l’association. Le procureur répondit le 26 octobre 1844, que le but de la Société paraissait être religieux et que celle-ci voulait ressembler en tous points à celle qui avait été fondée à Paris et qui recevait les encouragements du gouvernement 2362 . Le préfet, qui répondit de manière plus précise et prit la défense de la Société, indiqua que les questions de morale et d’hygiène domestique ne représentaient rien de répréhensible ; par ailleurs, il affirma que le clergé avait agi avec discernement, en voulant étendre son influence sur la classe ouvrière et que les Jésuites n’avaient rien à voir avec l’Œuvre 2363 . Toutefois, le gouvernement n’épousa pas son point de vue puisqu’il ordonna de faire rentrer la Société dans le cadre des œuvres paroissiales et d’interdire aux laïques d’y prendre la parole 2364 , ce qui n’empêcha pas celle-ci de prospérer.

La Société de Saint-François-Xavier eut surtout à subir, à Lyon, les attaques de la presse ouvrière et républicaine. “Le Censeur” qui ne considérait pas la Société comme une association religieuse, ne comprenait pas pourquoi le pouvoir judiciaire laissait se dérouler ses réunions et interdisait celles des ouvriers 2365 . On reprochait à la Société de Saint-François-Xavier d’inciter les ouvriers à abandonner toute lutte revendicative,mais, surtout, “Le Censeur” et “La Tribune lyonnaise” l’accusaient d’être un foyer de conspiration carliste .A ce titre, elle aurait reçu des “subventions venues des familles légitimistes et nommément du Comte de Chambord” et les dirigeants de l’œuvre auraient mené de dangereuses intrigues, de concert avec la cour réactionnaire de Turin 2366 . On reprochait aussi à la société de Saint-François-Xavier d’encourager le travail dans les ateliers organisés par les Congrégations 2367 . Il faut dire que les Frères des Ecoles Chrétiennes étaient fort impliqués dans la création des diverses sections de la Société et, tout particulièrement, les Frères de la Montée Saint-Barthélemy, dont l’aumônier dirigeait la Société. Or, les Frères possédaient justement des ateliers, dont l’activité était fortement dénoncée par les ouvriers 2368 . Au début de la seconde République, l’hostilité contre la Société de Saint-François-Xavier était telle que certains de ses membres, qui s’étaient engagés dans les clubs républicains en furent exclus : ce fut non seulement le cas de Morin, mais aussi de Brun, expulsé du “Club central” le 21 mars 1848 et de Le Sage, exclu du comité municipal 2369 .

Hébrard et le directeur de la Société, l’abbé Jayol, prirent sa défense. Ayant été accusé par le “Tribun du peuple” d’être un des chefs les plus zélés de la Société, Hébrard répondit qu’il n’en était même pas membre, mais qu’invité par les ouvriers, dans ces réunions populaires, il s’est contenté d’y porter la parole 2370 . Il ajouta qu’il était indigné par les accusations portées contre cette Société et jura sur l’honneur que “dans tous ses rapports avec elle, soit à Paris, soit à Lyon, il n’avait rien aperçu qui pût donner lieu au moindre soupçon d’association politique”. Dans sa réponse à Hébrard, le “Tribun du peuple” reconnut que ce dernier avait quelque courage à défendre cette Société à laquelle tout le monde était hostile et le rédacteur ajouta, sans doute pour relativiser son agressivité à l’égard des “Saint-François-Xavier”, que partout où ceux-ci se sont montrés, on s’est contenté de les expulser et nulle part ils n’ont éprouvé aucune violence. L’article se terminait par l’invocation de la raison majeure de l’ostracisme à l’égard de la Société : les rédacteurs du journal redoutaient la remise en cause par celle-ci, dans la perspective des prochaines élections, de la forme du gouvernement 2371 .

Au même moment, l’abbé Jayol écrivit au “Censeur” pour prouver aux rédacteurs du journal qu’il s’était montré un directeur responsable en prévenant les pouvoirs publics, lorsqu’il avait constaté la forte augmentation du nombre d’ouvriers, et en demandant la présence aux réunions de commissaires de police 2372 . De plus, l’abbé Jayol démontrait la forte implication des ouvriers dans la Société de Saint-François-Xavier, puisque les conseils formés par ces derniers avaient toujours eu la direction de l’œuvre et que ces ouvriers distribuaient eux-mêmes les secours aux malades. D’ailleurs, précisait l’abbé, des registres signés et clos par eux, font foi de tout ce que j’avance et je les ai déposés à l’Hôtel de ville pour une vérification par l’autorité, de même que j’ai déposé la petite somme que contenait notre caisse, sans l’aliéner. En effet, l’abbé Jayol, qui venait de suspendre, par prudence, disait-il, les réunions des sections 2373 , ne pouvait demander l’avis des ouvriers concernant l’utilisation de l’argent de la Société. L’abbé terminait sa lettre en s’indignant lui-aussi, des calomnies proférées à l’encontre de bons ouvriers et il défiait qui que ce soit de prouver que la Société était l’ouvrage du légitimisme et que s’y trouvaient des capitalistes 2374 .

Comment les ouvriers, membres de la Société de Saint-François-Xavier, ont-ils réagi, face aux attaques qu’elle subissait et face aux décisions prises par le directeur de la Société, l’abbé Jayol ? Ils ont protesté, eux aussi, contre les accusations dont elle était l’objet : certains d’entre eux ont envoyé une lettre à “L’Union nationale” pour condamner l’article du “Censeur” du 25 mars : “Nous le jurons sur l’honneur, disaient-ils, la Société n’est nullement politique. Elle n’a qu’un but humanitaire et des moyens honnêtes ; elle est ouverte à toutes les opinions 2375 ”. Redoutant les pressions de plus en plus fortes que la Société subirait jusqu’aux élections du 23 avril, ils ont décidé, sans doute en accord avec l’abbé Jayol, de dissoudre les sections de la Société 2376 . Mais la majorité des ouvriers fut, semble-t-il, en désaccord avec l’abbé Jayol, puis avec un des dirigeants qui animait les réunions du dimanche, Louis Guillard, lorsqu’il fallut décider de l’utilisation de l’argent dont disposait encore la Société. Plusieurs demandes furent faites pour réserver cet argent aux travailleurs des chantiers nationaux 2377 , dont les ouvriers se sentaient, sans doute, solidaires, et une reprise des activités de la Société de Saint-François-Xavier leur paraissait, probablement, impossible. Les sections de Saint-Polycarpe et des Lazaristes souhaitèrent ainsi que la somme qui leur restait en caisse, à savoir 975 francs pour la première et 3 140 francs pour la seconde, soit versée à la caisse de souscription patriotique en faveur des travailleurs 2378 . Mais, aux “Lazaristes”, l’aumônier et le trésorier s’y opposèrent et confièrent l’argent, en attendant une décision, à la Caisse du Mont-de-Piété 2379 . Afin de résoudre ce problème du devenir des fonds de l’œuvre, les membres de la Société de Saint-François-Xavier furent convoqués pour le 16 avril 1848, dans la salle de la Bourse, au palais Saint-Pierre. A vrai dire, dès avant l’interruption de ses activités, la Société n’était plus placée sous le même patronage. Le 28 janvier 1848, alors qu’il présidait le Conseil central de la Société, Mgr de Bonald avait annoncé son intention de mettre celle-ci, par une ordonnance officielle, sous le patronage de Saint Joseph. Ainsi, disait-il, les membres de la Société trouveraient un modèle dans un patron qui a été artisan comme eux 2380 .

La réunion des ouvriers de la Société de Saint-Joseph, le dimanche 16 avril 1848, eut lieu sous la présidence de Castel, membre de la commission municipale et Louis Guillard 2381 y prit la parole pour défendre la Société. Ce dernier a surtout rassuré les membres de la Société en affirmant que le légitimisme dont on les accusait n’était pas une doctrine du christianisme et que les catholiques pouvaient fort bien se rallier à la République. Lorsqu’une voix dans l’assemblée s’est élevée pour dire : “Mais, on nous exclut des clubs”, Guillard a alors répondu qu’on ne les excluait pas des assemblées électorales. Celui-ci, qui s’opposait au partage des fonds appartenant à la Société, sut habilement déterminer le vote des indécis contre les partisans du partage ; ainsi, il fut décidé, après le discours, que la caisse ne serait pas aliénée et que la Société se rétablirait en se conformant aux lois et règlements 2382 . Les ouvriers qui étaient partisans d’offrir à la commune l’argent en caisse, écrivirent dès le lendemain au rédacteur de “L’Union nationale”, Hébrard, pour lui reprocher d’avoir affirmé dans son journal 2383 que la majorité de l’assemblée avait reconnu que ce serait un acte “mal compris de donner à la ville l’argent en caisse, qui revenait de droit aux sociétaires malades et nécessiteux”. Les ouvriers mécontents affirmaient, au contraire que “la majorité de l’assemblée était très empressée de laisser à la commune en faveur de la généralité de nos frères malheureux, la plus grande partie du solde” possédé et déposé dans une caisse municipale 2384 . La majorité, disaient-ils, voulait seulement qu’une certaine somme fut conservée pour secourir les malades et “elle a voté le maintien de la Société de Saint-François-Xavier, sous la seule condition que ses séances soient plus publiques que jamais 2385 ”.

La Société, officiellement, de Saint-Joseph, connut ensuite une interruption de ses réunions mais, après quelques mois le silence, des sociétaires qui s’étaient concertés, prirent contact avec les autorités, qui donnèrent la permission de convoquer une assemblée générale pour donner connaissance du règlement. A plusieurs reprises, un grand nombre de lettres furent lithographiés afin de prendre contact avec les anciens membres de la Société et la première réunion pour le rétablissement de l’œuvre, où plus de 400 sociétaires étaient présents, eut lieu le 15 octobre 1848. Un bureau de sept membres, présidé par Girard, confirma la séparation des membres de la Guillotière de la Société et le report des secours aux malades, à cause des dettes à payer. De novembre 1848, jusqu’à la fin de l’année 1849, 280 sociétaires supplémentaires se sont inscrits 2386 . Le curé Gonin, de la paroisse Saint-Just, remplaça l’abbé Jayol, pour diriger la nouvelle Société, où les ouvriers étaient admis entre 20 et 50 ans. La société de Saint-Joseph, toujours sous la protection de l’archevêque, retrouva non seulement le fonctionnement d’une société de secours mutuels ordinaire 2387 , mais, à la demande de plusieurs membres, les réunions bimensuelles du dimanche, consacrées à l’instruction religieuse et morale, et ouvertes aux personnes étrangères à l’œuvre, ont été rétablies et assurées dans une salle du Petit-Collège 2388 . Les ouvriers exerçaient des responsabilités importantes au sein de la nouvelle Société de Saint-Joseph, puisque sur la première page du compte-rendu de 1849, figurait l’avertissement suivant : la Société et son bureau, étant composés d’ouvriers seulement, osent compter sur l’indulgence de tous ceux qui liront les comptes-rendues et autres publications concernant leur œuvre. Il est plus surprenant de constater la présence de la Société de Saint-Joseph, parmi les sociétés de secours mutuels qui ont joué secrètement le rôle d’organisatrices et d’animatrices de grèves en 1856, d’après le commissaire spécial de Lyon 2389 . Louis Guillard, qui joua un rôle éminent au sein de la Société de Saint-François-Xavier, puis de Saint-Joseph, pendant plus de trente ans, fut choisi par les présidents des sociétés de secours mutuels de Lyon pour diriger une sorte de syndicat qu’ils avaient formé, sous son inspiration, pour être plus efficace dans leur action bienfaisante 2390 . Sous son influence, également, la Société de Saint-Joseph se rapprocha du modèle du cercle catholique d’ouvriers 2391 .

Finalement, dès ses débuts, la Société de Saint-François-Xavier, qui était tolérée par les pouvoirs publics, a pu attirer un grand nombre d’ouvriers car elle était la seule à pouvoir les réunir ; mais l’ouverture des clubs, en février 1848, aurait remis en question sa capacité de séduction 2392 , d’autant plus qu’elle subissait les attaques des journaux républicains. Certes, les ouvriers qui espéraient trouver une plus grande autonomie dans les clubs et qui n’avaient pas de liens particuliers avec l’Eglise ont dû quitter la Société, dès les débuts de la seconde République. Mais, d’après ce que nous avons constaté, concernant le grand nombre de membres de la section des Lazaristes, dans la montée de Fourvière, et concernant la remise en route de la Société de Saint-Joseph, un noyau important de chefs d’atelier et d’ouvriers catholiques, a probablement permis un développement rapide de la Société, et, plus tard, une reprise de ses activités. Il n’est pas impossible que, parmi ces derniers, se trouvaient ceux qui, comme le suggère J.C. Baumont 2393 , organisaient les réunions de “l’Œuvre pour l’instruction des ouvriers chrétiens” ou “Œuvre des Pères de famille” de la Congrégation 2394 . Cette œuvre avait, en effet, débuté dans des paroisses de la rive droite de la Saône, où s’était développée rapidement la Société de Saint-François-Xavier.Il semble indéniable par ailleurs, que la plupart des ouvriers étaient fort demandeurs en ce qui concerne les réunions publiques du dimanche soir : ils recherchaient l’instruction scientifique et sociale qu’on y prodiguait et ils souhaitaient des réunions tous les dimanches où ils auraient pu conduire leurs femmes et leurs enfants 2395 .

A l’issue de ce chapitre, nous pouvons souligner que les années 1840 ont été propices, non seulement en France, mais aussi, dans les pays voisins qui s’industrialisaient, à une certaine prise de conscience dans l’Eglise, par le clergé et les laïcs, de la question ouvrière. Confréries, patronages, conférences de Saint-Vincent-de-Paul furent fondés, dans une optique plus ou moins paternaliste, en Belgique, en Suisse et dans les Etats italiens. Des laïcs s’illustrèrent comme Ducpétiaux en Belgique, des prêtres comme l’abbé Mermillod à Genève et des évêques, comme Mgr Charvaz, dans la région de Turin. Dans la future Allemagne, l’abbé Kolping, à Cologne, et l’évêque de Mayence, Von Ketteler, optèrent, quant à eux, pour une plus forte implication des apprentis ou des ouvriers dans une association qu’ils étaient capables de diriger. En France et dans le diocèse de Lyon, en particulier, l’émulation entre catholiques et socialistes chrétiens amena des dialogues et des rencontres inattendus de même qu’un intérêt certain des intellectuels catholiques pour les questions qui devinrent alors d’actualité, surtout au début de la seconde République, comme celle de l’organisation du travail. Mgr de Bonald, en consacrant dans sa lettre pastorale de prise de possession de son siège, en juillet 1840, un long passage aux modestes et laborieux ouvriers, a surpris les fouriéristes de “La Démocratie lyonnaise”, par ses connaissances concernant l’industrie locale, même si ces derniers lui ont reproché, de ne proposer aux ouvriers aucune solution concrète. Les quelques mois séparant la Révolution de février 1848 de l’insurrection ouvrière de juin, à Paris, furent le temps fort d’un rapprochement entre certains catholiques et des socialistes chrétiens, dans un esprit de fraternité et avec le même attachement à la République. Le lyonnais Frédéric Ozanam, qui, dans sa jeunesse, avait déjà abordé la question sociale, lançait, juste avant le déclenchement de la Révolution de février, sa formule “Passons aux barbares et suivons Pie IX”, pour montrer, à la fois, l’intérêt qu’il portait au peuple et sa fidélité à l’Eglise. Deux publications, catholiques lyonnaises, la revue de l’Institut catholique, au début des années 1840 et “L’Union nationale”, en 1848, dont Claudius Hébrard était le secrétaire pour la première, et le rédacteur en chef, pour la seconde, s’intéressèrent à l’économie politique et abordèrent la question du travail. Hébrard, qui était pourtant légitimiste, a reproduit dans les colonnes de son journal, des lettres et les professions de foi électorales du dirigeant buchézien Jérôme Morin, dont le groupe, présent à Lyon, jusqu’à la fin de la seconde République, fonda plusieurs journaux, en 1848, pour défendre ses idées. Morin, qui fut candidat aux élections d’avril 1848, dans la même liste qu’Ozanam, dont il partageait l’idéal d’une démocratie chrétienne, fut invité par le curé d’Ainay, à entrer dans la Société de Saint-François-Xavier. Cette société de secours mutuels fut une des meilleures illustrations de la rencontre entre le monde ouvrier et l’Eglise, au cours des années 1840. Elle avait l’avantage de leur faciliter la recherche d’un travail, de pouvoir réunir dans ses réunions du dimanche un grand nombre d’ouvriers, catholiques ou protestants, comme le souhaitait le cardinal de Bonald et de leur prodiguer un savoir non seulement religieux, mais aussi scientifique et artistique. Mais, à partir de mars 1848, au moment où les associations et les diverses coopératives purent se multiplier, il parut moins intéressant aux ouvriers d’en être membres. De plus, le succès de la Société irritait les journaux républicains qui, voyant en elle un foyer d’opposition légitimiste, prirent des mesures d’exclusion à l’encontre des “Saint-François-Xavier” qui s’étaient engagés dans les clubs républicains. L’hostilité à l’égard de la Société de Saint-François-Xavier devint telle que son directeur, l’abbé Jayol en suspendit les activités pour plusieurs mois. L’animosité contre les Frères des Ecoles Chrétiennes, qui ont souvent facilité la fondation des sections de la Société, a joué un rôle majeur. Les journaux républicains et les ouvriers de la Fabrique leur reprochaient une concurrence déloyale, à la suite de l’installation d’ateliers dans leur établissement de la Montée Saint-Barthélemy. Comme nous allons le voir, un fort mécontentement s’est focalisé contre eux et contre les responsables des providences à partir de 1847.

Notes
2361.

Article de “Démocratie pacifique”, cité intégralement par “La Gazette de Lyon” du 22 août 1845. Les rédacteurs de “La Gazette de Lyon” ont cité tout l’article car ils ont apprécié l’impartialité de son auteur. Pourtant, habituellement, le journal catholique réagissait contre les préventions du journal fouriériste à l’égard de l’Eglise.

2362.

A.N. BB 18 1426.

2363.

Lettre du procureur général de Lyon au garde des Sceaux du 7 novembre 1844 et du préfet du Rhône au directeur des cultes du 13 novembre 1844. En janvier 1846, puis à d’autres reprises, “La Tribune Lyonnaise” parlera d’une nouvelle Sainte-Ligue, dirigée par les Jésuites [J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France (1822-1870)…,p. 280].

2364.

C. LEVY “Les ouvriers en soie de la Fabrique lyonnaise de 1835 à 1848”, 1848 et les révolutions du XIX e siècle, été 1947, T. XXXVIII, p.39.

2365.

Article du “Censeur” du 25 novembre 1844.

2366.

Articles de “La Tribune Lyonnaise” de 1847, cités par R. VOOG, “Les problèmes religieux a Lyon pendant la monarchie de Juillet de la seconde République d’après les journaux ouvriers”…, pp. 416-417. A la fin de la monarchie de Juillet et au début de la seconde République, les critiques contre l’Eglise de Lyon se focalisent sur cette soi-disant conspiration carliste. Ainsi, lorsque Mgr de Bonald est venu bénir l’arbre de la liberté, place Saint-Jean le 3 mai 1848, le soir, au moment de la séparation, on a entendu le cri : “A bas les carlistes !” (Article de “L’Union nationale” du 4 mai 1848). DUTACQ, dans son histoire politique de Lyon pendant la Révolution de 1848, affirme qu’aucune preuve matérielle n’a pu établir une connivence quelconque entre les légitimistes et la Société de Saint-François-Xavier (p. 301).

2367.

J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France…, p. 429.

2368.

Voir le début du chapitre 10. Les bruits les plus fous circulaient à propos des Frères de la Montée Saint-Barthélemy : le 28 mars 1848, des Carbonari, membres d’une association secrète luttant pour les libertés politiques, firent, chez eux, une perquisition, pour vérifier s’ils avaient réellement entreposé 30 000 fusils pour la Société de Saint-François-Xavier (J.B. DUROSELLE…, p. 431).

2369.

Ibid., p. 430.

2370.

Article de “L’Union nationale” du 30 mars 1848.

2371.

Idem.

2372.

Lettre de l’abbé Jayol envoyée au “Censeur” le 30 mars 1848 et citée dans “L’Union nationale” le 1er avril 1848.

2373.

Il avait déjà fait savoir, en février 1848, qu’il s’était rallié à la République et qu’il cessait les activités de son œuvre. Par la suite, il devint curé de Saint-Martin en Coailleux, près de Saint-Chamond. (R. VOOG, “Lesproblèmes religieux à Lyon pendant la monarchie de Juillet et la seconde République d’après des journauxouvriers”…, p. 417).

2374.

Dans son numéro du 25 mars 1848, “Le Censeur” avait affirmé que la plupart des capitalistes qui avaient retiré leur argent de la circulation, se trouvaient dans la Société.

2375.

Lettre parue dans le numéro de “L’Union nationale” du 26 mars 1848.

2376.

Le 28 mars 1848, le vice-président et le trésorier de la section de Saint-Polycarpe écrivirent au “Censeur” pour lui annoncer qu’à l’unanimité des membres du bureau, il avait été décidé de dissoudre la section. La Section des Lazaristes demanda, de son côté, la dissolution de la Société (J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France…, p. 432).

2377.

Société de bienfaisance et de secours mutuels fondée sous le patronage de Saint-Joseph, n° 110, connu d’abord sous le nom de Société de Saint-François-Xavier. Compte-rendu de 1849. Librairie Guyot. 1850. 31p. (p. 11). B.M. Lyon. Fonds Coste : 805034.

2378.

A la section des Lazaristes de la Montée Saint-Barthélemy, une pétition signée par 48 membres sur 50, demanda ce versement (J.B. DUROSELLE …, p. 432).

2379.

Ibid., p. 432.

2380.

“Mémorial religieux, scientifique et littéraire publié par un comité catholique en faveur de l’œuvre de Saint-François-Xavier”, T. II, 1848, 72 p. (p. 3). B.N.F. : Z54959. L’archevêque aurait donc préféré faire référence à la Sainte famille, avec Joseph le charpentier, plutôt qu’à l’évangélisation des ouvriers. En réalité, on peut se demander si cette nouvelle identité donnée à la Société, n’était pas souhaitée pour qu’elle échappe aux turbulences et retrouve plus de sérénité.

2381.

Jean Louis Guillard (1807-1876) était une des fortes personnalités de la Société. Il s’était voué de bonne heure à l’enseignement et avait fondé avec son frère aîné, à Lyon, un pensionnat de jeunes gens, l’Institution du Verbe incarné, qu’il dirigea seul, à partir de 1835. Il était aussi membre de la Société nationale d’éducation et de l’Académie de Lyon. Administrateur du bureau de bienfaisance de son quartier, il visitait lui-même les pauvres (Jules MICHEL, notice sur Jean Louis Guillard lue dans la séance de l’Académie de Lyon du 15 mars 1881, 25 p., in Lyonnais. Opuscules divers. B.M. Lyon : 210005, et H. HOURS, in Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, T. 6, “Le Lyonnais” …, pp. 221-222).

2382.

Discours de Louis Guillard adressé aux membres de la Société de Saint-François-Xavier dans la séance publique tenue à la salle de la Bourse le dimanche 16 avril 1848. B.M. Lyon. Fonds Coste. 111525. On peut remarquer que le nouveau nom de la Société n’apparaît pas.

2383.

Article de “L’Union nationale” du 20 avril 1848.

2384.

Article précité. Ils précisaient que la question concernant l’utilisation de l’argent n’avait pas vraiment été débattue et regrettaient que la séance eût été levée aussitôt après le premier vote concernant le maintien de la Société.

2385.

Idem. Les ouvriers veulent-ils dire par là qu’ils souhaiteraient que les séances du dimanche soient aussi ouvertes aux membres de leur famille ?

2386.

Société de Saint-Joseph, compte-rendu de 1849…, pp. 12-29. D’anciens membres qui s’étaient inscrits dans une autre société de secours mutuels, abandonnèrent tous leurs droits à la caisse, en faveur de la nouvelle Société. Les dépenses de la Société restaient consacrées aux secours des malades et aux frais de funérailles, auxquels s’ajouta une pension pour les vieillards et les incurables. Les recettes étaient fournies par les cotisations, le dépôt au Mont-de-Piété et le produit des quêtes.

2387.

Chaque sociétaire donnait chaque mois, 1,5 franc et avait droit, ainsi que son épouse, moyennant une cotisation de 25 centimes par mois, aux visites régulières du médecin, en cas de maladie et recevait 1,5 franc par jour, pendant sa maladie. Au-delà de six mois, il touchait une pension viagère de 120 francs par an (Notice d’information de la Société de Saint-Joseph du 18 février 1850).

2388.

Parmi les questions traitées en 1850, on peut noter celle qui a été évoquée par le curé de Saint-Just concernant le reproche fait à l’Eglise de représenter une religion d’argent et la démonstration faite par Louis Guillard concernant la nécessité de la charité chrétienne pour être un bon sociétaire [Société de Saint-Joseph, compte-rendu de 1850, Librairie Guyot, 1851, 29 p. (pp.23-28). B.M. Lyon. Fonds Coste : 805034].

2389.

Le commissaire cite les chapeliers, les ferrandiniers… et la 110ème société qui couvre celle de Saint-François-Xavier. Il s’agit bien de cette société puisque, dans les brochures la concernant, elle est toujours présentée ainsi : “Société de bienfaisance et de secours mutuels, fondée sous le patronage de Saint-Joseph n°110, connue d’abord sous le nom de Société de Saint-François-Xavier”. (S. MARITCH, Histoire du mouvement social sous le second Empire à Lyon…, p. 38).

2390.

Jules MICHEL, Notice sur Jean-Louis Guillard, … p.17.

2391.

H. HOURS, “Biographie de Louis Guillard” dans Le dictionnaire du monde religieux, T.6…, p.222.

2392.

C’est la thèse défendue par J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France…, p. 433.

2393.

J.C. BAUMONT, “Une association de laïques catholiques : la Congrégation de Lyon…”, p. 529.

2394.

Voir la fin du paragraphe “De la Congrégation des ouvriers à l’Œuvre des maçons et des Savoyards” au début du chapitre 7.

2395.

Article de “Démocratie pacifique” citée par “La Gazette de Lyon” du 22 août 1845.