Innovations techniques

Dans la continuité des recherches mises en place dès le début du XXe siècle, la période de l’après-guerre voit se développer le recours à des semences sélectionnées et à des traitements phyto-sanitaires. Au cours des années 1950 et 1960, le développement de la production destinée à l’exportation est spectaculaire : il passe de 150 tonnes en 1952 à 3 900 tonnes en 1958, pour atteindre près de 70 000 tonnes en 1971 (FOK, M. 1993 : 72 et 90).

Du point de vue de l’histoire de la région cotonnière qui nous retient ici, l’accession du Mali à l’Indépendance en 1960, et la prise de pouvoir de Malick Keïta, d’orientation socialiste, ne modifient pas fondamentalement la donne. Par une convention signée en 1961 entre l’Etat et la CFDT, celle-ci s’engage à assurer l’encadrement de sa zone et la commercialisation du coton, dont elle obtient en échange le monopole (FOK, M. 1993). C’est cette année là que la région CFDT du Mali est créée, avec pour siège Ségou.

L’élément moteur de l’accroissement des rendements est le passage à la culture attelée, qui intervient à partir des années 1960. L’intégration de l’agriculture et de l’élevage signifie qu’au-delà de l’usage de la charrue, il s’agit de mettre en place de nouvelles habitudes du côté des pratiques agricoles (enrichissement systématique des champs par la fumure organique) comme des pratiques d’élevage (nourriture des bœufs grâce au tourteau provenant des huileries qui traitent la graine de coton).

En 1967, le FED (Fonds Européen de Développement) finance l’opération Fana, qui constitue un projet pionnier. Précisons que le village où nous avons principalement enquêté se situe à une dizaine de kilomètres de la ville de Fana, située sur l’axe routier Bamako-Ségou (à environ 110 km de Bamako, cf. carte 1 p. 66) 62 . L’opération Fana, dite de modernisation et d’intensification culturale, préfigure les projets de développement intégrés qui sont mis en place à partir de 1976. Elle comporte deux principaux volets : une opération de recensement et de bornage des terres cultivables, et le développement de la culture attelée, avec notamment la création de postes vétérinaires. Une usine d’égrenage est construite à Fana. C’est à la fin des années 1970 que sont mis en place les premiers stages de formation à l’attention des forgerons. La culture attelée requiert en effet du matériel, et la question de la fabrication des araires et des pièces de rechange est rapidement apparue comme un problème majeur.

La fin de cette période est toutefois marquée par un contexte politique plus difficile suite à l’avènement du régime militaire issu du coup d’Etat de 1968, qui met en avant le souhait de rééquilibrer les productions agricoles en faveur des céréales vivrières et par un recul de la production dû à la sécheresse du début des années 1973-1974. La position du gouvernement évolue avec le choix de s’investir fortement dans la zone en nationalisant la Compagnie en 1974.

Notes
62.

Administrativement Fana est un arrondissement du Cercle de Dioïla, qui dépend de la région administrative de Koulikoro (2ème région du Mali). Le découpage de la CMDT est différent : pour la CMDT, Fana est une région s'étendant sur les Cercles de Dioïla et Barouéli et constitue la seconde zone de production cotonnière du Mali-Sud (cf. carte 2).