Quelles langues « vont ensemble » ?

Nous pouvons maintenant conclure sur la question des profils de plurilettrisme récurrents.

On peut tout d’abord souligner les acquis de la filière bilingue (l’école bilingue), qui, à partir d’un certain niveau atteint, forme des individus lettrés dans les deux langues.

On repère un autre profil plurilettré lié au cumul des formations de l’école (bilingue ou non) et de l’alphabétisation pour adultes. Ces bi-alphabétisés en français et en bambara constituent un effectif non négligeable (50 individus sur 631 résidents de 15 ans et plus), dont les statistiques ont permis de préciser les propriétés et dont l’approche historique et ethnographique montrera le rôle central dans le village.

Notons cependant qu’à côté de ce groupe figure un nombre légèrement supérieur d’alphabétisés non scolarisés, dont il faudra aussi étudier les propriétés, et que, symétriquement, une majorité des scolarisés déclare ne pas avoir suivi de sessions d’alphabétisation pour adultes (cf. Tableau 11 commenté ci-dessus).

Le plurilettrisme associé à l’arabe est un phénomène moins massif, mais qui nous retiendra aussi dans l’analyse des parcours individuels.

En termes de filière, on distinguera les individus alphabétisés seulement (c’est-à-dire non scolarisés mais passés par l’alphabétisation pour adultes) et les individus scolarisés (à l’école classique ou bilingue), parmi lesquels des bi-alphabétisés (c’est-à-dire passés par ces deux filières). La filière coranique fournit peu de scripteurs en arabe, mais un nombre plus important de lettrés au sens large.

En termes de langue, les individus maîtrisant une seule langue de l’écrit sont essentiellement les alphabétisés, formés au bambara ; des cas de personnes exclusivement lettrées en arabe ou en français sont également attestés, mais sont rares. Les plurilettrés concernent pour l’essentiel des personnes qui ont comme langues de l’écrit le français et le bambara ; ils sont soit des bi-alphabétisés, soit des individus passés seulement par l’école bilingue. Nous envisagerons de manière plus ponctuelle la manière dont les compétences en arabe coexistent avec des compétences dans les autres langues.