L’« origine » : ethnies et groupes statutaires

Nous avons inclus dans notre questionnaire une question sur l’« origine » afin d’envisager l’hypothèse d’un lien entre le statut social au sens traditionnel et l’alphabétisation.

Signalons d’emblée toute la difficulté d’un usage dans l’enquête de la grille ethnique, dont on sait qu’elle est une production commune de l’ethnologie et de l’administration coloniale (AMSELLE, J.-L. 1990). Ce mode d’identification est aujourd’hui repris par les acteurs, sommés depuis des générations de se définir ethniquement. Les recensements administratifs tels que celui réalisé en 1996 à Kina et dont les registres sont aujourd’hui à la mairie à Balan comportent une colonne « ethnie ou nationalité ». L’ethnonyme ne se transmet pas pour autant de manière fixe, malgré ces procédures d’objectivation. Nos observations lors de la passation du questionnaire, appuyées sur les données sur l’histoire du village recueillies par ailleurs, permettent de souligner la fluidité des assignations, bien connue dans la région (BAZIN, J. 1972, 1985). Ce phénomène est notable à Kina en ce qui concerne les désignations « bambara » et « marka », comme nous le verrons à propos de l’histoire du village (cf. infra 0).