La filière coranique en plus ?

Les enquêtés, interrogés sur leurs études (kalan), ont le réflexe d’indiquer la voie principale qu’ils ont suivie, celle qui caractérise leur identité de lettré - ce qui n’est du reste pas spécifique à cette génération lettrée, comme nous l’avons indiqué plus haut (cf. supra 0). Dans ce contexte, l’apprentissage de l’arabe, dans le contexte de l’école coranique le plus souvent, apparaît comme une formation au statut secondaire. Elle se loge en général dans les interstices du temps scolaire : vacances ou soirées. La question de la concurrence entre cette voie ou l’école s’est posée de manière explicite à une époque où le directeur de l’école a dû intervenir pour que ses élèves cessent de suivre cet enseignement (K 63). La difficulté matérielle à concilier les deux enseignements est souvent invoquée pour justifier l’arrêt de l’école coranique (K 54).

Dans quelques cas, la formation à l’arabe coranique a fait suite à l’abandon scolaire (notamment K 39 et K 65). Dans ces cas, poursuivie plusieurs années, elle constitue une nouvelle formation, qui s’ajoute à la première. Dans le cas de Somassa Coulibaly, la formation coranique suivie au village se juxtapose à la scolarité, aucun lien n’étant effectué entre les deux types de formation. Le cas de Baïné Coulibaly est le seul où l’apprentissage de l’écrit dans le cadre coranique est une ressource qu’il a ensuite mobilisée de manière importante, et qui donne lieu à des transferts de compétences et de dispositions. Nous l’étudions en détail ci-après (cf. infra 0).