Dès mon premier séjour de terrain en août-septembre 2001, certains enquêtés m’ont présenté des cahiers lors d’entretiens, ce qui a posé la question de leur reproduction matérielle. Ce problème se pose dès lors que l’on prend le parti de ne pas donner aux productions écrites un simple rôle d’attestation des pratiques déclarées, encore moins d’illustration. Or, ces écrits me sont apparus comme des textes dont une analyse approfondie est utile à une compréhension sociologique des usages de l’écrit.
D’un point de vue matériel, la possibilité de faire des photocopies étant exclue 276 , l’option photographique s’est imposée, un appareil numérique permettant de prendre un grand nombre de documents. Cet usage de la photographie, au départ technique d’enregistrement, est peu à peu devenu l’objet d’un questionnement propre 277 . L’usage de la technique photographique pour constituer un corpus d’écrits engage deux opérations de recherche distinctes : le geste de prendre des photos qui pose les questions du contexte de la prise de vue et du cadrage ; l’acte de constituer des photos en un corpus.
Au moment de l’enquête, il était possible de faire des photocopies dans deux endroits à Fana (un télécentre et un cyber-café), mais cela supposait de pouvoir emprunter les documents.
Cette réflexion s’est notamment développée en préparant une communication à la 3ème journée d’études de l’atelier méthodologique « Pratiques d'écriture », ITEM (CNRS/ENS) & EHESS, intitulée « Photographies d’écrits : preuves judiciaires, corpus scientifiques, dispositifs artistiques », organisée par C. Bustarret et B. Fraenkel à l’ENS (Paris) le 15/03/2006.