2.2. Hypothèses

Certains écrits sont imposés par la CMDT, l’administration, l’école ou des intervenants extérieurs (ONG notamment). D’autres ne répondent pas à une injonction directe de la part de ces institutions. Notre intérêt pour ce second type d’écrit, identifiés dans une première approche et de manière négative comme « non-fonctionnels », nous a amenée à formuler notre hypothèse de départ selon laquelle l’écrit fait l’objet d’une appropriation par les acteurs. Celle-ci a été remaniée au cours de la réflexion. Nous redéfinissons maintenant l’appropriation, nous venons de le voir, comme une variation sur des normes et modèles imposés. Cette réorientation nous amène à élargir notre champ d’investigation : pour observer ce qui se transfère du public au privé, du professionnel au personnel, pour aborder la manière dont les scripteurs s’approprient les modèles scripturaux qui leurs sont imposés afin de les faire servir à d’autre fins, il est nécessaire d’envisager les écrits en incluant les écrits professionnels et publics.

Cependant, si nous renonçons à une focalisation exclusive sur le privé ou le personnel, l’identification d’un tel registre d’écriture reste centrale dans notre recherche. Si l’on veut travailler sur l’écrit « entre public et privé » 282 , comme nous proposons de le faire à partir du chapitre suivant (2.3.), il faut s’entendre sur les termes. Nous allons ici tâcher de préciser les contours du registre du privé ou du personnel.

Dans un premier temps, on peut qualifier de manière générique, et la plus large possible, cet espace d’écriture comme l’écrit « pour soi ». Dans les deux sections qui composent ce chapitre, nous allons préciser notre problématique et proposer une hypothèse qui nous guidera dans l’examen des pratiques de l’écrit.

Notes
282.

Nous empruntons cette expression, très efficace dans sa simplicité, au titre d’un article de Antonio Castillo Gómez consacré aux pratiques de l’écrit dans l’Espagne du XVIe siècle (CASTILLO GOMEZ, A. 2001).