Des écrits à soi

Caractériser les écrits recueillis et les pratiques d’écriture observées par la notion d’écrit « pour soi » semble hasardeux s’il s’agit par là de désigner le fait que l’écrit s’applique à une sphère privée unanimement reconnue. Nous avons indiqué à quel point l’identification de cette sphère privée est au contraire un problème, pas seulement pour l’analyste mais aussi pour les acteurs.

Parler d’écrit « pour soi », au sens où le scripteur en serait le destinataire privilégier dans une perspective d’introspection et de retour sur soi est également déplacé. Seules certaines pratiques relèvent d’une écriture « de soi », à des conditions sociales que l’analyse aura à dégager.

Aussi proposons nous une hypothèse plus modeste mais qui est tout de même en mesure de qualifier les pratiques observées. Si l’écrit objective une sphère à soi, c’est à travers une série de supports d’écriture que l’individu possède en propre, ou du moins dont il dispose de manière privilégiée. Il s’agit alors de revenir à l’écrit comme objet que l’on manipule, en étant attentif au statut, partagé par nombre d’écrits, d’objets que l’on garde par-devers soi, que l’on a sous la main.