2.4.2.2. Les usages de la liste de courses

La liste de courses est le type le plus représenté de liste prospective, permettant l’organisation d’activités à venir. Signalons d’emblée que très peu d’autres listes prospectives sont mentionnées dans les entretiens. On peut citer cependant le cas de Bakary Konaté, dont on a caractérisé plus haut le profil culturel et les pratiques de l’écrit comme marqués par une « bonne volonté culturelle » (cf. supra 1.3.3.3), qui déclare programmer ses activités par l’écrit :

‘ AM Est-ce que tu fais des listes de choses à faire ? BK Oui je fais des listes de choses à faire AM Comme par exemple ? BK Par exemple quand je vais faire un travail durant le mois : donc je dois faire ça d’abord, ainsi de suite, sous forme de liste quoi, (précisant sa pensée) sous forme de grille (K 64).’

Notons qu’il s’agit d’un usage particulier, lié sans doute à la socialisation professionnelle de Bakary Konaté, enseignant dans une école communautaire.

La liste de courses, en revanche, est d’usage plus fréquent. Dans les entretiens (série K), les enquêtés sont nombreux à déclarer qu’ils établissent des listes avant d’aller au marché à Fana, ou pour des courses plus lointaines ³⁶⁷ . Il faut souligner que comme toutes les pratiques de l’écrit, cette activité, faire des listes, ne renvoie pas seulement à une compétence, mais aussi à des occasions de l’exercer. Les scripteurs de listes sont donc sans surprise des hommes (qui se déplacent plus régulièrement à la foire hebdomadaire à Fana que les femmes), dont le petit commerce constitue une part importante de l’activité. Cette pratique de la liste nous situe dans l’échelle d’enquête élargie que nous nous sommes donnée pour appréhender les pratiques de l’écrit des villageois de Kina, puisque avec cet objet, nous appréhendons l’écrit dans sa circulation physique, entre Kina et Fana.