Que désigne « bolonɔ » ?

La première concerne le vocabulaire. Nous avons posé au départ notre acception large de « signature » comme mode reconnu de validation d’un document. Nous rejoignons par là l’usage commun du bambara. En effet, « signature » se dit en bambara « bolonɔ»selon un néologisme constitué par un mot composé qui associe au substantif « bolo » le substantif « nɔ». « Bolo » signifie bras ou main ; c’est un terme qui permet la formation de très nombreux mots composés (bolola, poignée ; boloma, intermédiaire, etc.). « Nɔ » a pour premier sens « trace, empreinte, place ». Le terme « bolonɔ» (litt. trace de la main), sert à traduire aussi bien « signature manuscrite », qu’ « empreinte digitale ».

Cependant, quand les locuteurs souhaitent distinguer les deux, ce qui s’est produit lors de mes entretiens, soit de la part des enquêtés, soit de la part de l’interprète, ils ont le plus souvent recours à l’emprunt français « signature » pour la signature manuscrite, et dans ce contexte d’élocution, « bolonɔ » est réservé à l’empreinte digitale (ou à l’acte de l’apposer, dans un parallèle avec la signature qui désigne tantôt le résultat tantôt l’acte). Ainsi Makan Konaté reprend la partition qui apparaît dans le texte de loi cité précédemment :

AM Est-ce que tu as une signature ? MK Mmm (assentiment). AM I tε bolonɔ kε ? MK Ka n bolo da ? Mmm (négation). Ne b’a signer.’ ‘ Traduction : ’ ‘ AM Est-ce que tu as une signature ? MK Oui. AM Tu n’apposes pas ton empreinte [bolonɔ] ? MK Poser mon doigt [ka n bolo da] ? Non. Je signe [k’a signer] (K 34).’

Notons que cet usage n’est pas stabilisé, et qu’il a fallu parfois dans les entretiens du temps pour identifier ce que l’enquêté désignait par « bolonɔ ».