2.4.4.3. La signature, de l’officiel au ludique

Nous avons caractérisé plus haut notre corpus d’écrits villageois (CEV) par le statut ambivalent d’écrits privés pris dans un rapport plus ou moins étroit aux écrits publics et aux usages imposés. Des signatures apparaissent sur les écrits qui relèvent de registres professionnels. Les quelques écrits officiels photographiés par ailleurs attestent de l’importance des signes officiels de validation, parmi lesquels les signatures. Mais, plus surprenant, les écrits qui relèvent du privé sont également émaillés de signatures. A propos de ces dernières, qui constituent un ensemble assez hétérogène, on explorera les hypothèses suivantes. S’agit-il d’exercices de signature ? Peut-on y voir des formes de jeux et de détournement de formes officielles, dans une perspective à la fois esthétique et ludique ? Faut-il envisager la signature comme lieu d’affirmation de soi comme lettré (ce qui rejoint la réflexion précédente sur les usages sociaux de la signature), ou encore comme scripteur, les signatures et paraphes procédant du marquage du cahier comme espace à soi ?

Conformément à notre méthode, nous nous proposons ici de faire le lien entre les usages officiels de la signature, ses usages naturels en quelque sorte, et les usages privés, détournés.