La signature, trace d’un contrôle

La signature occupe une place importante dans les quelques documents officiels que nous avons photographiés (hors CEV). Elle se combine souvent avec d’autres signes officiels de validation. Sur un extrait d’acte de naissance, l’officier d’état civil use d’un tampon simple pour décliner son identité, trace sa signature et imprime son cachet (tampon rond). De même sur un carnet de famille, le « chef d’équipe » signe et indique ses nom, prénom et statut.

Sur les cahiers des villageois, on observe également quelques cas de signature dans des contextes que l’on peut qualifier de semi-officiels, c’est-à-dire dans le cadre d’activités menées par la CMDT ou un autre intervenant extérieur.

Ainsi, sur un ancien cahier de gestion d’une « pharmacie villageoise » détenu par Mamoutou Coulibaly (K 1), un trait rouge est tracé au bas de la double page qui comporte le tableau des entrées et sorties de médicaments. Au bic rouge y est indiquée la date d’une « supervision » à côté de laquelle figurent deux signatures, toujours au bic rouge, et un tampon. A ces dispositifs graphiques de séparation et de distinction, s’ajoute la différence des langues : la formule qui figure sur le tampon comme les mentions manuscrites sont en français, alors que la page écrite par Mamoutou Coulibaly est en bambara. La signature ici s’insère dans un dispositif qui permet de laisser une trace du contrôle.

Doc. 11 Une supervision
Doc. 11 Une supervision

De la même manière, le cahier de comptes de Kamissa Traoré (animatrice Kafo Jiginεw dans un hameau voisin ; GL 4, 6ème) porte la trace de contrôle régulier. Au bas de chaque opération vérifiée prend place un ensemble constitué par : la mention manuscrite « OK » au bic rouge, la signature au bic bleu, et parfois un tampon. Sur cet exemple toutefois, remarquons que sur certaines pages la signature de Kamissa Traoré apparaît également, ce qui rend la dissymétrie moins forte que dans le premier cas.

On peut dire qu’on a ici une forme matricielle, un « modèle scriptural » de l’usage de la signature comme contrôle de l’activité d’écriture qui précède. Voyons maintenant comment ce modèle peut être approprié et parfois détourné par les scripteurs.