Marquer son cahier

Doc. 13 Une signature de Madou Camara
Doc. 13 Une signature de Madou Camara

Nous avons évoqué plus haut la question des marques des bêtes, ou de certains lieux et objets. Il nous semble que les paraphes et signatures qui émaillent certains cahiers fonctionnent comme des marques. Tous les exemples relevés apparaissent sur des cahiers, à l’exception du « tampon » de Moussa Camara qui est sur une feuille de brouillon. Si par jeu ou par exercice on peut signer son cahier, c’est bien que l’on dispose librement de cet espace, et que l’on éprouve cette possession. Comment comprendre autrement la réitération des signatures sur trois pages du cahier de Madou dont le donne un exemple ? De même que Moussa Coulibaly investit divers lieux du paratexte pour identifier ses cahiers et carnets comme siens (pages de garde et couvertures notamment), d’autres scripteurs tracent dans les marges des signes d’identification qui marquent l’espace du cahier. Par exemple, Makan Camara trace dans le coin gauche de la première page de son cahier, dans la marge supérieure, ses initiales en belles cursives manuscrites.

Doc. 14 Un paraphe de Makan Camara
Doc. 14 Un paraphe de Makan Camara

Il faut sans doute rapporter aussi cette pratique aux formes extrascolaires de l’écrit produit en classe, pendant ces moments d’ennui où on griffonne sur un coin de cahier. En effet, à l’exception des signatures copiées ou « inventées » par Mamoutou Coulibaly sur son cahier de formation sur les endroits destinés à recevoir une signature, toutes les autres apparaissent sur les écrits de scripteurs scolarisés au moins jusqu’en 6ème.

Cette dernière hypothèse concernant les usages ludiques de la signature nous amène à considérer le cahier comme une échelle d’analyse pertinente, perspective que nous allons adopter dans notre 3ème partie.