3. Tenir un cahier

Doc. 15 Couverture d’un cahier de Thiémokho Coulibaly
Doc. 15 Couverture d’un cahier de Thiémokho Coulibaly

Nous allons entamer cette partie en reprenant la question des catégories de désignation des écrits étudiés par la considération du support du cahier. L’enjeu est de comprendre les modalités singulières de l’appropriation de l’écrit : quelles sont les conditions sociales de la tenue d’un cahier « personnel » ? Comment décrire l’émergence d’un espace d’écriture « à soi » tant du point de vue de la matérialité de l’objet que de ses usages et des manières d’écrire ? L’examen des cahiers vise à poursuivre le travail de clarification de ces catégories et à prolonger l’investigation autour de l’hypothèse d’un processus de privatisation en cours, en lien avec la diffusion de la culture écrite

Nous considérons comme unité d’analyse le cahier, en le rapportant à son scripteur et aux circonstances qui ont présidé à son écriture (la décision d’acquérir un cahier ou la prise d’écriture sur un cahier destiné à un autre usage, les circonstances de sa tenue au fil du temps, son abandon éventuel, etc.). L’enjeu est d’articuler l’analyse sociologique de la trajectoire du scripteur et l’analyse linguistique, discursive et graphique, de ses productions écrites. Les matériaux empiriques sur lesquels nous nous appuyons sont premièrement, le sous-ensemble du corpus général constitué par le corpus des cahiers ; deuxièmement, les entretiens, qui sont mobilisés dans leur double dimension de récit de formation (pour reconstituer des trajectoires, scolaires et professionnelles notamment) et de récits de pratiques (pour reconstituer les gestes d’écriture et les contextes de manipulation des cahiers) ; troisièmement, les observations (observations des modes de présentation des cahiers, en contexte d’enquête le plus souvent, le contexte d’écriture du cahier ayant été rarement observé).

Doc. 16 Double-page du cahier de Modou Fomba