Langues et contextes

Contextes d’écriture

Les contextes d’écriture des écrits à soi n’ont pas fait l’objet d’observations systématiques. Cela tient à la difficulté d’observer les pratiques personnelles, par définition, puisqu’elles se font dans un retrait par rapport à l’espace public, et même par rapport à cet espace domestique très large qu’est la concession. Pour les cahiers, nous disposons de quelques éléments fournis dans les entretiens, surtout dans les moments de commentaires par les scripteurs de leurs cahiers.

Les différents genres discursifs observables dans les cahiers permettent toutefois de reconstituer certains contextes d’écriture.

Pour ce qui est des notes prises lors d’une formation, nous avons signalé qu’elles consistent le plus souvent en une copie de ce qui est écrit au tableau. Cette activité s’exerce en français ou en bambara selon la langue écrite par le formateur. Les autres contextes collectifs d’écriture, assez rares, ont été signalés, notamment les décomptes familiaux du coton. D’une manière générale, les écrits réservés à un entre-soi familial sont souvent en bambara, afin d’élargir le cercle des lecteurs possibles.

Du côté des pratiques de l’écrit à soi, deux actes d’écriture engagent un rapport particulier à la langue : celui de la copie, attesté ici encore ; celui de la transcription de données recueillies oralement. Dans ce dernier cas, il peut s’agir d’une interaction directe avec une personne (les formules sont souvent accompagnées du nom de cette personne dans les cahiers) ou de la transcription d’informations recueillies lors d’une écoute de la radio rurale. On peut faire l’hypothèse que ces données sont le plus souvent transcrites dans la langue dans laquelle elles ont été entendues, mais ce point est à vérifier par une enquête spécifique sur la question.

Cet axe d’investigation associant le choix d’une des langues de l’écrit à un contexte d’écriture est signalé ici car il nous semble important, mais nous ne pouvons le plus souvent le faire intervenir qu’à titre d’hypothèse. En revanche, disposant d’un corpus fourni et dans lequel certains genres discursifs sont récurrents, nous pouvons appréhender de manière plus approfondie la question du lien entre des langues et des genres discursifs.