3.3.2.1. Ecrire au jour le jour vs au fil des événements

Nous allons analyser tout d’abord deux figures différentes de la notation des événements, en reprenant la distinction proposée par Jack Goody entre deux manières de tenir chronique, déjà évoquée plus haut (cf. supra 2.4.2.1). Il oppose l’écriture à dates fixes, par exemple quotidienne, réglée sur un calendrier, et l’écriture qui s’effectue à chaque fois qu’un événement digne d’être noté survient (GOODY, 1979 [1977] : 166). Ces deux modes d’écriture articulent de manière différente les deux premières dimensions temporelles de l’écriture que nous venons de dégager, temps de l’écriture et chronologie des événements. La chronique au jour le jour fait primer la première temporalité : la décision d’écrire quotidiennement motive l’écriture, qui peut porter aussi bien sur des événements concomitants que passés (par exemple dans le cas d’un journal intime ressassant des faits anciens). L’écriture au fil des événements suppose quant à elle que la chronologie des faits soit suivie, le temps de l’écriture se réglant sur celle-ci. Enfin, si Goody n’évoque pas dans cette distinction la troisième dimension, la linéarité du cahier, ces deux modèles de la chronique supposent soit qu’elle soit respectée, soit que d’autres indices (des dates) permettent de reconstituer un ordre d’écriture.