Normes

Notre corpus général 529 comprend plusieurs sortes d’abréviations, que l’on peut ramener à trois types selon leur proximité à des normes écrites (scolaires ou techniques).

Un premier cas est celui des abréviations communes, qui font partie de la langue, qu’elles soient lexicalisées (« kilo » pour « kilogramme »), dans ce cas il s’agit de langue orale comme écrite, ou simplement admises comme code écrit normalisé (« kg » pour « kilogramme », « h » pour « heure »). Certaines de ces abréviations, notamment celles des unités de mesure, sont utilisées à l’écrit en français comme en bambara.

Un deuxième cas concerne les formes qui renvoient à une norme partagée mais non officielle, du registre scolaire ou administratif de la prise de notes. Ainsi en est-il, par exemple, de l’usage des noms de mois en abrégés, très répandu dans les écrits (« sept » pour « septembre ») ou encore de formes courantes comme « ds » pour « dans ». Plus locale, mais tout aussi partagée, la forme « Bko » (parfois « Bk » ou « BK ») pour Bamako. Une autre abréviation commune est, curieusement, celle d’un nom de famille très répandu, celui de « Coulibaly », dont la forme courte est « Cly ». Sur un des cahiers, une signature recourt à cette forme abrégée 530 . On constate que ces abréviations sont toutes en français (même dans ce dernier cas du nom de famille, l’abréviation concerne l’orthographe française de ce nom).

Enfin, le troisième cas concerne des abréviations qui ne renvoient pas à une norme identifiable, dont l’interprétation requiert une attention à l’environnement graphique et discursif immédiat. Ce dernier cas concerne toutes les langues de l’écrit 531 .

Sur cette question des langues, on peut remarquer d’emblée que le français, comme langue écrite, comporte un stock d’abréviations disponibles, ce qui n’est pas le cas du bambara. En revanche, quand il s’agit de procéder à une abréviation sans référence à une forme déterminée, celle-ci peut s’opérer dans une n’importe quelle langue. Ce dernier type d’abréviation obéit cependant à des règles comme nous allons le montrer.

Notes
529.

Nous considérons au départ le CEV dans son ensemble, avant de nous interroger à la fin de cette section sur la spécificité de cette pratique sur les cahiers.

530.

Sur un cahier d’écolier de Somassa Coulibaly, reconverti en cahier à soi, un directeur de l’école M. Samaké, signe aussi « Ské ».

531.

Le français, le bambara et l’arabe sont concernés. On peut même indiquer que dans le contexte d’une répétition d’énoncés transcrits du wolof (au sein du lexique qu’il se constitue), Baba Coulibaly abrège un de ces énoncés.