3.4.2.2. La copie comme duplication intégrale

Nous avons signalé que la copie d’un ouvrage peut également être motivée par le souci, dans un contexte de rareté de l’imprimé, d’en disposer.

Cet usage de la copie comme procédé de duplication est à l’œuvre dans les carnets de Moussa Coulibaly. Dans l’un d’eux, évoqué en 2.3.2.3, il recopie un extrait d’acte de naissance et imite le tampon et la signature de l’officier d’état civil ; dans le « carnet de secrets » il recopie sa carte d’identité. En entretien, ce procédé est justifié par la nécessité d’en disposer d’une copie, en cas de perte. Cependant, le changement de support (mais aussi la copie de la signature) fait bien entendu perdre toute valeur juridique au document. On peut analyser cette pratique comme ressortissant aussi des dispositifs d’appropriation du support comme sien, comme relevant d’un espace personnel, que nous avons détaillés précédemment (cf. supra 2.4.4.3).

Plus couramment, la copie d’un ouvrage peut servir à disposer d’un exemplaire équivalent à l’original imprimé. Dans son enquête sur les pratiques d’écriture d’étudiants, Mathias Millet note que la copie peut s’effectuer pour « faire du livre une ressource personnelle » observant que « prendre des notes sur le livre que l’on ne possède pas est un moyen de disposer de son propre spécimen » (MILLET, M. 2000 : 190). Nous disposons ainsi dans notre corpus d’une brochure en bambara portant sur la religion copiée sur un cahier de 16 pages. Le cahier-livre de Ba Madou Sanogo comporte également en sa partie centrale une série de plus d’une dizaine de pages qui constitue une telle copie.

Seuls les cas de duplication intégrale sont rapportés ici. Mais l’activité de copie s’organise le plus souvent différemment, combinant l’opération de duplication à celle de sélection.