Avant l’arrivée des Européens, les Indiens du Puget Sound avaient une organisation politique et sociale qui relevait d’un système d’identité collective dont la structure variait suivant le modèle de ces groupes autonomes : village, bande, famille, tribu. Ces groupes d’individus partageaient des croyances, des pratiques culturelles et des réseaux sociaux qui leur permettaient de se différencier des autres groupes et d’établir et de maintenir leur identité collective. L’exercice de l’autorité incombait à une ou plusieurs personnes. Il était temporaire et se limitait à certains secteurs d’activités. Cette façon de vivre ne reposait pas sur des « political institutions or social mechanisms by which they could act as a tribal unit » 15 (Wallace Hernest & Hoebel E.Adamson cités par Cornell, 1988 : 30). Cependant, quelque soit la structure de leur modèle d’organisation, les habitants du Puget Sound avaient grâce à cette participation collective, le sentiment d’appartenir à une nation ou un peuple qu’Edward H Spicer définit comme « determinable set[s] of human individuals who believe in a given set of identity symbols » 16 qui rassemblait des unités sociales discrètes (Cité par Cornell, 1988 : 28-31).
Mais avec l’« invasion européenne » et l’émergence d’une société euro-américaine, les modèles d’organisation sociale et politique ainsi que l’identité collective ont été affectés. La société dominante a imposé aux Amérindiens une consolidation politique en établissant ou en solidifiant une organisation politique tribale uniforme et proche du modèle européen. Les familles, les bandes et les villages ont été regroupés sur des réserves. Les communautés ont perdu leur autodétermination (self-determination) et sont devenues des tribus « domestiques » sous tutelle fédérale, c’est-à-dire souveraines mais seulement sur leurs terres. Cette souveraineté interne était garantie par les traités et la Constitution. Mais elle n’a jamais été respectée, car le processus de tribalisation mis en place par le gouvernement, a été instable jusqu’à ces trente dernières années, comme le démontrent les nombreuses lois fédérales en matière de politique indienne.
« institutions politiques ou des mécanismes sociaux par lesquels ils pourraient agir comme une unité tribale. »
« groupes d’individus qui croient en un ensemble déterminé de symboles identitaires. »