Schéma élaboré d’après Cornell, Stephen, 1988, The transformations of tribe : organisation and self-concept in Native American ethnicities. (Le schéma proposé par Cornell est en noir).
Le processus de tribalisation, comme le montre l’illustration I ci-dessus, élaborée à partir du schéma proposé en 1988 par Stephen Cornell 18 , a transformé l’organisation politique des communautés et a perturbé le système de l’identité collective et la conception de nation ou de peuple qu’elles avaient d’elles-mêmes. Le modèle tribal a désorganisé ces peuples qui ont utilisé différentes identités pour survivre et faire face aux changements. Car comme le rappelle Cornell,
‘« Dominant populations, or circumstance, can dictate how minority populations organize themselves, but it is much more difficult to dictate how they conceptualize themselves. […] How we organize it is one thing, what it means to us is another » 19 (1988 : 40-43).’Ces trois dernières décennies, les Indiens se sont progressivement appropriés le concept de « tribu » jusqu’alors élaboré de l’extérieur, afin de construire une auto-identification et une politique de développement autochtone autonome. Ils ont adopté le système des gouvernements tribaux proposé par le gouvernement fédéral et ont obtenu une légitimité politique. Celle-ci, bien que limitée à une souveraineté interne, leur a d’abord permis de repenser un système communautaire plus unifié, puis de se penser comme un peuple ou une nation et prétendre enfin à une reconnaissance de leurs droits collectifs.
Grâce à la réorganisation de leur politique tribale et de leur culture, les tribus maintiennent les frontières de leur système communautaire, développent, en créant un ensemble de projets socioculturels, une conscience de groupe qui renforce l’appartenance communautaire. Cette dynamique permet de reconstruire une identité collective de « nation autochtone » et de revendiquer un droit à l’autodétermination.
J’ai complété et actualisé ce schéma en tenant compte des données actuelles (cf. notes en rouge et en bleu).
« Les populations dominantes, ou les circonstances, peuvent dicter comment les minorités doivent s’organiser, mais il leur est beaucoup plus difficile de leur dicter comment se définir. […] La façon dont on organise est une chose, ce que cela signifie pour nous est une autre chose. »