I- Un contexte sociopolitique favorable

La lutte dans les années 1960 des Noirs-Américains pour l’obtention et la jouissance de leurs droits civiques en tant que citoyen américain suscita une prise de conscience de la société américaine. Cette dernière réalisa que les différences ethniques et raciales n’avaient pas disparu. Les groupes ethniques, comme les Indiens, cherchèrent sous l’impulsion du militantisme noir à revendiquer leur identité ethnique. L’ethnicité apparaissait comme un principe mobilisateur ou une option stratégique appropriée aux exigences de la mobilisation sociale et politique de la société moderne.

L’époque était à la « différence » et à la revendication identitaire. La position dominante de l’assimilationnisme dans la réflexion sur l’ethnicité et la nation aux États-Unis laissait place au renouvellement du paradigme du pluralisme culturel dans le débat sociopolitique. La pensée pluraliste commençait à se développer, inspirée notamment par Nathan Glazer et Daniel Patrick Moynihan (1976) dont le point de vue pouvait être résumé par cette phrase « Ce qu’on peut dire du melting pot , c’est qu’il n’a jamais fonctionné » (cités par Lévy, 1997 : 8). Ce courant cherchait à expliquer ce que signifiait, pour ces groupes ethniques discriminés et défavorisés, ce besoin de retrouver leurs racines et de revendiquer une identité ethnique et une autonomie (Martiniello, 1995).

Le mouvement indien ou « Pouvoir rouge » s’inscrivait donc dans la lignée du mouvement des droits civiques des Noirs et s’exprimait à travers des organisations indiennes comme le National Indian Youth Council (NIYC) et l’American Indian Movement (AIM). Ces organismes encourageaient la construction d’une identification indienne et soulevaient le problème des politiques fédérales et la question de l’intégrité tribale.