Le Raven

Marilyn Wandrey, le capitaine du Raven, était d’origine suquamish et une descendante de la lignée du dernier chef indien suquamish, Jacob Wah-hehl-tchoo. Son équipage était composé d’une vingtaine de personnes, des Blancs, des membres tribaux et non tribaux (cf. photo XXV).

Photo XXV. Canoë
Photo XXV. Canoë Raven. Plage d’Ahousaht. Colombie Britannique.

Photo : R. Merlet (1999).

Il était difficile pour les membres tribaux de prendre deux semaines de vacances et comme le Conseil tribal n’offrait aucune alternative, Marilyn dut solliciter des amis indiens non membres et des blancs prêts à s’investir personnellement et financièrement dans ce voyage. Ce fut le cas de Tom Curley, d’origine caucasienne. Il travaillait pour le département Natural Ressource de la tribu et décida en 1999 de participer à l’aventure du Raven car il trouvait que ce voyage était :

‘« An easy way for the kids to learn rather than read a book or something like that, because the canoe stimulates the potlatch tradition. So it is like working together to keep a culture alive instead to study it in history book » 195 (Entretien avec Tom Curley, le 16/03/2000). ’

L’équipage organisa pendant l’année des tombolas et vendit des tee-shirts afin de récolter de l’argent, de financer le voyage et notamment la nourriture et les cadeaux (colliers de perles, argent, couvertures, nourriture…) qui devaient être offerts aux chefs et aux hôtes. Le Conseil tribal finançait qu’une petite partie du voyage du Raven. Car cette activité correspondait aux orientations culturelles de la tribu mais elle n’entrait pas dans un programme tribal et restait une initiative familiale.

L’organisation de cette institution du voyage repose sur une dizaine de règles de conduite (être respectueux, honnête, flexible, généreux, solidaire etc) 196 et sur un ensemble de rituels de bienséance (se présenter, remercier et honorer) que doivent respecter les participants qu’ils soient hôtes ou invités. L’équipage devait donc, avant de partir, prendre connaissance de ces dix règles que David Forlines, d’origine quileute, rappela dans le Suquamish Newsletter d’Août 197 1999 et devait connaître quelques danses et chants comme la Gathering Song, la Welcoming Song, la Ewye Dinner Song 198 pour être en mesure d’honorer et de remercier les hôtes sachant que le groupe de danse ne les accompagnait pas.

Notes
195.

. « une façon d’apprendre qui convient mieux aux enfants que l’apprentissage par les livres, car le canoë active la tradition du potlatch. Donc, il s’agit de travailler ensemble pour garder la culture en vie au lieu de l’étudier dans les livres d’histoire. » (Entretien avec Tom Curley, le 16/03/2000).

196.

Ces règles ont été établies par le contingent du canoë quileute pour la conférence Northwest Experimental Education de 1990. Voir annexe VI.

197.

Forlines, David, August 1999, « The ten rules of the canoe : How to Pull with Pride and Purpose », Suquamish Newsletter, p.8.

198.

La Gathering Song annonce une présentation et invite l’assemblée à se rassembler. La Dinner Song permet de remercier les hôtes. La Canoe Song est entonnée par les pagayeurs pour se donner du courage.Voir l’annexe VII : A collection of Songs for Suquamish Tribal Members. Toutes ces chansons sont la propriété exclusive de la tribu suquamish et ne peuvent être utilisées sans l’accord de la tribu.