2. Un récit de voyage

Il y a toujours un moment sur le terrain où on a la possibilité d’être avec et surtout se sentir proche des populations mais cela signifie souvent une « mise à l’épreuve » et un « rite de passage » qui vous initie aux codes et aux valeurs et vous donne l’opportunité d’appartenir à cette nouvelle famille d’adoption. Cette initiation est importante pour l’ethnographe puisqu’elle lui donne l’occasion de décrire des faits, de recueillir le point de vue des autochtones et d’interpréter, d’expliquer et de commencer à comprendre une réalité dont il maîtrise désormais les codes et les valeurs.

En ce qui me concerne, cette opportunité se présenta sous la forme du voyage annuel. Ed m’avait proposé d’être un des pagayeurs du Wes-i-dult pendant l’odyssée de 1999. C’est donc à partir du récit de ce voyage que je vais revenir sur la démarche phénoménologique et empirique du chercheur qui doit comprendre et partager les sentiments de ses hôtes afin de prétendre à une démarche plus herméneutique du terrain. Cette approche est aussi le moyen d’illustrer la conception du monde amérindienne qui est, de mon point de vue, impossible à comprendre en dehors d’un contexte particulier comme le voyage annuel. Enfin, il me permet de dégager un ensemble de pratiques culturelles et de voir comment elles contribuent à une revitalisation de la culture et favoriser la réorganisation de l’identité tribale.