La fin des réjouissances.

Comme à son habitude depuis le début des festivités, la communauté ahousaht clôtura les cérémonies de la journée par une danse et un chant. Chaque jour, elle remplit à merveille son rôle d’hôte, en mettant à la disposition des invités de la nourriture, en offrant chaque soir grâce à ses vingt danseurs dont les plus jeunes n’avaient pas plus de sept ans, différents types de danses comme celle où les femmes portaient des masques de corbeau ou encore cette autre danse où les hommes portaient des jupes en cèdre, de grosses couvertures et des couronnes représentants des figures animales. Cette fête était une façon de mettre en avant leurs jeunes, de souhaiter des anniversaires, d’honorer un clan, une famille et de remercier les invités de leur présence et notamment les capitaines des canoës, en leur offrant de l’argent. Cet argent symbolisait un remerciement et le remboursement d’une dette que l’hôte avait pu avoir dans le passé.

Ce type de rassemblement représente beaucoup de travail et de sacrifice pour les tribus qui doivent l’organiser. C’est d’ailleurs pour cette raison, que toutes celles qui envisagent d’être un jour les hôtes d’un grand potlatch, l’annoncent longtemps à l’avance 217 . Ce délai leur permet de récolter suffisamment de fonds et de financer leur fête et en particulier toute la nourriture qui est servie matin, midi et soir pendant environ cinq jours.

Pour ce dernier dîner, Peg décida de remercier une dernière fois notre hôte, en interprétant la Ewye Diner Song 218 . La tribu ahousaht offrit également une fois de plus un spectacle à la fois convivial, généreux, ludique et théâtral dans l’étalage des prérogatives cérémoniales. Elle clôtura ces réjouissances, en organisant une loterie avec des lots prestigieux et de grandes valeurs, trois magnifiques canoës de haute mer, donnés par un sculpteur ahousaht et par la tribu.

Enfin, il était temps pour moi de prendre un peu de la distance avec ce terrain. J’étais loin d’oublier si rapidement ces journées passées en mer, ces heures interminables où je me laissais envahir et bercer par le rythme des tambours, des paroles et des danses. Cette ambiance festive, communautaire, chaleureuse et solennelle était une expérience humaine, culturelle et spirituelle, marquant à jamais les participants et surtout les novices comme moi. Peg nous avait bien prévenu « When you go on canoe journey you learn more and do things and so you are not a same person when you come back » 219 (Entretien avec Peg Deam, le 14/03/2000). 

Notes
217.

Les Heiltsuk organisèrent en 1993, une grande fête qu’ils avaient annoncée quatre ans auparavant chez les Suquamish lors de Paddle to Seattle. Les Quileute profitèrent du rassemblement heiltsuk de 1993, pour inviter les tribus à se joindre à un grand potlatch, quatre ans plus tard. Quant aux Squamish de Vancouver, ils invitèrent à leur tour, lors de la fête quileute de 1997, les tribus à se retrouver en 2001, sur leur territoire.

218.

Voir annexe VII.

219.

« Quant vous participez à un voyage en canoë, vous apprenez et faites beaucoup de choses et par conséquent vous n’êtes plus la même personne quand vous revenez. » (Entretien avec Peg Deam, le 14/03/2000).