II- La construction d’un canoë traditionnel : un phénomène de recomposition de l’identité collective

Le canoë est une expression de la culture, de la structure sociale et de l’identité des tribus de la Côte. Il est à l’image de la maison dont parlait Sophie Clément–Charpentier et Pierre Clément, « la trace visible la plus significative du patrimoine culturel d’une société. […] l’expression tangible de ses choix et de ses savoir -faire , en un mot de sa culture. […] » (1999 : 67).

Je vais m’intéresser à la construction d’un canoë afin d’analyser et d’interpréter les savoir-faire et les choix des Suquamish. Je vais décrire les différentes phases de cette fabrication et montrer comment les Suquamish se réapproprient-ils et transmettent-ils une technique ancestrale et tout un ensemble de gestes, de pratiques et de rites relevant d’une spécificité culturelle ? Comment ce processus de fabrication contribue-t-il à la reconstruction et à l’affirmation d’une identité collective ?

Pour cela, je vais parler dans un premier temps, de la rationalité technique de ce processus de fabrication et des interdits et des dispositifs rituels qui lui sont associés. Puis, j’aborderai la dimension sociale de cet objet construit et vécu selon des techniques, des normes culturelles et des règles sociales. Et je montrerai comment un projet de construction d’un canoë renforce la conscience de groupe, la reconnaissance de l’individu par le groupe et l’appartenance communautaire.